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Crise Libyenne : Macron veut assécher le bourbier de Sarko

Cette fois, ça semble plus sérieux. Le 25 juillet 2017, quand le tout nouveau président français, Emmanuel Macron, mettait pour la première fois le pied dans le bourbier libyen, c’était plus un acte de communication qu’autre chose.

 

Ce jour-là à Paris, le temps que le premier ministre du gouvernement d’union nationale, Fayez al-Sarraj, et le commandant en chef de l’armée nationale à l’est du pays, le général Khalifa Haftar, échangent une poignée de main, sous le regard bienveillant de celui qui s’improvisait ainsi médiateur, c’était fini.

 

Cette fois-ci, c’est une véritable conférence internationale qui s’est tenue hier mardi sous l’égide des Nations unies. Deux autres acteurs-clés de la crise libyenne sont venus s’ajouter aux précédents : ce sont Khaled al-Mishri, président du Haut Conseil d'Etat,  et Aguila Saleh, chef du Parlement. Mais il n’y a pas que les Libyens à être conviés autour de la table, puisque 20 pays et institutions y étaient représentés (Chine, Russie, Etats-Unis, Grande-Bretagne…) ainsi que de nombreux pays africains (Tchad, Niger, Congo-Brazza, Tunisie, Algérie, Maroc, Egypte …).

 

Il est vrai que le problème libyen a franchi depuis longtemps ses propres frontières, la chute et la mort de Kadhafi ayant non seulement totalement délité l’Etat libyen, mais aussi contribué à déstabiliser la bande sahélo-saharienne infestée par de nombreux groupuscules terroristes qui vont faire leur marché dans ce grand bazar à ciel ouvert qu’est devenue l’ex-Jamahiriya.

 

La communauté internationale semble donc enfin décidée à trouver une issue pacifique au problème libyen, et c’est une véritable feuille de route devant conduire à des élections d’ici fin 2018 qui a été tracée dans la capitale française. L’arrangement politique inter-libyen concocté à Paris comprend en effet huit points portant notamment sur le calendrier et les conditions de la tenue des scrutins ; un accord présenté comme « court et simple », peut-être même un peu simpliste en vérité, tant le cas libyen est d’une terrible complexité.

 

Peut-on raisonnablement organiser un vote crédible dans ce foutoir qu’est devenue la Libye, même si 2,7 millions de Libyens se sont déjà inscrits sur la liste électorale et qu’une période supplémentaire de 60 jours pourrait de nouveau permettre aux retardataires de le faire ? A dire vrai, on est fondé à douter de la faisabilité de ce vaste chantier. Quand bien même Haftar, Sarej, al-Mishri et Saleh joueraient franc-jeu et ne parleraient plus que le langage de la paix, qu’en est-il des multiples milices et de ces filiales des multinationales terroristes qui n’ont naturellement pas été conviées aux pourparlers parisiens et qui ne vont donc pas se sentir concernées, elles qui n’ont peut-être pas intérêt, en pêcheurs en eau trouble, à ce que la paix revienne, dans la mesure où  ce serait pour eux la fin des haricots ?

 

Pour tout dire, le mérite de cette rencontre  est de s’être tenue, même si ses ambitions semblent démesurées pour être réalisables. Mais si les différents acteurs parvenaient à comprendre qu’un jour il faudra forcément s’asseoir et discuter et qu’il n’y a pas d’autres solutions à la situation du pays que le dialogue politique et la négociation, ce serait déjà quelque chose de gagnée.

 

Du reste, quelque part, ce n’est que justice si la rencontre est de l’initiative de la France et de son actuel président. N’est-ce pas un de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy, pour ne pas le nommer, qui a été le principal architecte de ce bourbier ? Si son pays contribuait à l’assécher, ce ne serait donc que justice !

 

 

Issa K. Barry

 

Dernière modification lemercredi, 30 mai 2018 21:17

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