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Abdoulaye Wade : Papy, laisse comme cela et passe la main ! Spécial

Hissène Habré peut à présent pousser un ouf de soulagement, mais tout de même il aura eu chaud ! Le président sénégalais, Abdoulaye Wade, qui promettait de le renvoyer dans son Tchad natal où il est déjà condamné à mort, finalement, aura lui-même cédé à la pression qui l’enserrait de toutes parts, au point qu’il décide à présent de suspendre l’expulsion de son fort encombrant hôte.

Le «Pinochet» africain peut respirer et poursuivre son exil doré dans sa villa cossue du  pays de la Teranga. Pour combien de temps, nul ne le sait vraiment. Une chose est sûre cependant, son sort est loin de reposer entre ses mains.

 

Celui qui, par contre, a du mouron à se faire, c’est bien papy Wade, qui, dans cette affaire Habré qui se sera emballée, ces derniers temps, aura concédé un nouveau revirement synonyme d’une nouvelle reculade et d’une bien piteuse avanie : la ferme décision prise vendredi aura été annulée dimanche. Tout comme, quelques jours plus tôt, l’autre fameux projet concernant le ticket présidentiel à l’américaine, qui provoqua l’ire des Sénégalais et que Wade dut retirer précipitamment. Cela donne au final deux coups K.-O., juste en quelques jours. Et décidément, ça en fait trop. Wade est un entêté qui encaisse les coups ;  tout de même, les reculades, synonymes de rebuffades, il finit par trop en récolter. Pour un chef d’Etat de sa trempe, ça fait penser à des gaffes.

Et alors, on ne peut s’empêcher de se poser certaines questions, fort légitimement d’ailleurs. Comment, pourquoi Gorgui multiplie-t-il les gags politiques à ce point ? Le poids de l’âge y est sans doute pour quelque chose, il faut oser le dire. A 85 ans avoués, l’homme n’a plus la verdeur intellectuelle de ses vingt ans, même si par ailleurs il se plaît à dire que dans sa famille on vit centenaire. En tout état de cause, la logique de ses dernières initiatives politiques laisse supposer que papy ne maîtrise plus très bien ce qu’il fait, et c’est là un euphémisme.

Dans cette seule affaire Hissène Habré, on aura pris toute la mesure de la propension du président sénégalais à accumuler les erreurs de décision. A sa décharge, il faut le reconnaître, Wade à son accession à la magistrature suprême, en mars 2000, a trouvé l’ancien dictateur tchadien déjà réfugié à Dakar. Soit, ce n’est pas lui qui l’y a amené. Mais la suite de cette histoire se révéla bien scabreuse, allant, sous sa conduite, de rebondissements en dénégations, mêlant des questions diplomatico-juridiques à des affaires de milliards de francs CFA, au grand dam des défenseurs des droits de l’homme et des familles des victimes, et ce, jusqu’à la dernière entourloupe du vrai-faux renvoi de Hissène Habré à un Tchad qui, peut-être attendait de l’accueillir, pour, quelques heures plus tard, l’expédier ad patres.

Autant de constats qui conduisent à s’interroger sur l’aptitude réelle d’Abdoulaye Wade à diriger désormais le navire battant pavillon sénégalais. Et au lieu de supplier les mânes des ancêtres qu’ils lui accordent la lucidité nécessaire pour terminer un mandat aussi pénible que celui-ci, papy affiche l’ambition de rebeloter en 2012. C’est à n’y rien comprendre, tellement la chose est surréaliste.

A quand le prochain coup de tête de Gorgui ? Nul ne le sait vraiment. Et avant qu’il ne survienne à l’improviste (l’homme est coutumier du fait), pourquoi ne pas suggérer au président sénégalais la bonne idée de confier le cas Habré à la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples ? Si, si ! Ladite cour existe ; pour preuve, elle se retrouvera, à Ouagadougou, le 14 juillet 2011 pour un séminaire de sensibilisation. Si papy avait la bonne idée de consentir à ladite suggestion, c’est tout le monde qui y gagnerait : lui-même, Wade, aura redressé une situation que ses propres tergiversations auront rendue des plus alambiquées ; Hissène Habré s’en ressentira soulagé : plutôt que de l’envoyer illico presto à l’échafaud, on choisira de lui réserver un procès équitable ; et le continent africain aura administré la preuve, en se réservant ce cas digne de la CPI, qu’il sait  gérer ses propres  cas difficiles. La balle se trouve dans le camp de Gorgui ; pourvu  qu’il ne dégage pas, une nouvelle fois, en touche !

 

Jean Claude Kongo

Dernière modification lemardi, 12 juillet 2011 08:30

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