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Suspension de la grève des financiers : « C’est pour répondre à l’appel du Président du Faso » (Mathias Kadiogo, Président CS-MEF)

« Levez votre mot d’ordre et venez on va discuter », c’est en ces mots que le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a invité la Coordination des syndicats du ministère de l’Economie et des Finances (CS-MEF) au dialogue, lors de son interview du 24 juin 2018. Jusqu’à hier dans la matinée, on se demandait si cet appel était tombé dans l’oreille d’un sourd, puisque la grève avait repris et battait toujours son plein à la Bourse du travail. Ce n’est que dans l’après-midi du 25 juin que la CS-MEF s’est réunie en Assemblée générale pour décider de la conduite à tenir. Au sortir de cette rencontre extraordinaire, le président de ladite coordination, Mathias Kadiogo, a annoncé qu’il a été décidé de saisir la main tendue du Président et que le travail reprenait pour eux aujourd’hui.

 

Suite à votre assemblée générale, quelle est la décision qui a été prise ?

 

Nous avons décidé de suspendre le mot d’ordre de grève pour répondre favorablement à l’appel du chef de l’Etat et renouer le dialogue avec le gouvernement. Cela est aussi un signe de respect des autorités coutumières et religieuses qui nous ont saisis au cours du week-end pour nous demander d’entendre le cri du cœur des utilisateurs des services financiers et du gouvernement, vu les souffrances que la population vit en raison de notre grève.

 

Vous avez déjà eu une première suspension pour aller sur la table de négociation qui n’a rien donné. Est-ce que vous ne craignez pas que cette fois-ci ce soit la même chose ?

 

Non, pourquoi ne pas croire à la bonne foi du chef de l’Etat dans la mesure où c’est lui qui sera au-devant des choses ? Je pense qu’il va prendre les décisions appropriées pour instruire les membres du gouvernement de s’atteler à trouver des solutions à notre plateforme.

 

Et si votre plate-forme n’est pas satisfaite, quelles seront les mesures ?

 

Nous pensons qu’actuellement le chef de l’Etat a appréhendé véritablement nos préoccupations qui lui ont été soumises et qu’un travail est en train d’être fait pour que des réponses idoines puissent y être apportées. Au cas où nous ne serions pas satisfaits, nous aviserons.

 

La suspension prend effet à partir de quand ?

 

La suspension prend effet à partir de minuit dans toutes les structures du ministère.

 

Qu’est-ce qui vous fera signer éventuellement un accord avec le gouvernement ?

 

Nous signerons un accord au cas où des réponses satisfaisantes seraient trouvées à notre plateforme revendicative. Notre souhait, c’est que des réponses soient apportées à toutes nos préoccupations mais qu’à cela ne tienne, c’est une discussion directe à l’issue de laquelle nous allons trouver un terrain d’entente.

 

Concernant les sept points de votre plateforme revendicative, vous soutenez qu’aucun point n’a trouvé satisfaction alors que le gouvernement a indiqué qu’il y a eu 5 points d’accord. Qu’en est-il exactement ? 

 

Nous n’avons jamais dit que rien n’a été satisfait. Il y a eu des avancées au cours des discussions que nous avons eues en fin mars avec le gouvernement. Est-ce que si vous avez cinq pintades et deux chevaux et que vous les perdez tous, si on vous aide à retrouver les cinq pintades vous pouvez dire que vous êtes satisfait ? La préoccupation réside à ce niveau. Il est impératif et opportun pour le gouvernement d’examiner tous les points qui sont inscrits dans la plateforme revendicative et les deux points qui viennent de s’ajouter.

 

Quels sont ces deux points ?

 

Les deux points, c’est le respect des libertés syndicales et l’abandon des sanctions qui ont été prises à l’encontre de nos camarades qui ont observé le mot d’ordre de grève.

Les deux chevaux, c’est le statut sécurisant et les réformes. Nous ne pouvons pas penser que le gouvernement a amené la question du check-off comme une question qui le préoccupe tant. Lorsque nous allons nous asseoir, le gouvernement va dire où est sa gêne quant au règlement de cette préoccupation que le syndicat a soumise.

 

Combien de syndicalistes ont été relevés de leurs fonctions ?

 

Ils sont nombreux : il y a ceux qui ont été relevés en Conseil des ministres et ceux qui l’ont été par arrêté du ministre de l’Economie. Nous pensons que le gouvernement va faire l’état des lieux et qu’il va nous donner des réponses à ce sujet. Au Burkina, à l’heure actuelle, il n’y a aucun texte qui empêche un responsable nommé d’aller en grève pour défendre ses intérêts professionnels. Il appartient au gouvernement d’apporter son argumentaire pour nous sortir de notre exigence.

 

Etes-vous prêts à aller à un procès s’ils ne sont pas rétablis dans leurs fonctions ?

 

Oui. Cela n’est pas exclu. Mais nous pensons qu’avec le gouvernement nous trouverons un terrain d’entente.

 

Etes-vous prêts à discuter du recadrage du Fonds commun, qui ne doit plus excéder 25% du salaire annuel, conformément à la recommandation de la Conférence des Forces vives ?

 

Pour le moment, cette préoccupation ne fait pas partie de notre plateforme. Nous devons rester dans ce cadre. Lorsque le moment de discuter de cette affaire de conclusions et de recommandations de la Conférence qui a été organisée par le gouvernement sera venu, nous vous tiendrons informés de notre position.

 

Propos recueillis par

J. Benjamine Kaboré

Dernière modification lemercredi, 27 juin 2018 08:07

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