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Présidentielle malienne : Un second tour sans campagne

 

Dans deux jours, les Maliens seront de nouveau invités aux urnes pour le second tour de l’élection présidentielle. Les mêmes appréhensions sur la sécurité, qui avaient prévalu lors du premier tour, sont de nouveau de mise. On se rappelle que divers incidents avaient empêché environ 700 bureaux de vote d’ouvrir le 29 juillet dernier.

 

 

En outre, plusieurs candidats de l’opposition avaient déposé des recours devant la Cour constitutionnelle pour des irrégularités portant sur des bourrages d’urnes, des votes multiples, des achats de consciences et même sur la partialité présumée de certains des juges constitutionnels. Ce fut peine perdue, car la Cour constitutionnelle a rejeté presque tous ces recours, les jugeant insuffisamment fondés. Conséquence, elle valide les résultats du premier tour de cette présidentielle avec presque les mêmes scores pour les différents candidats que ceux proclamés cinq jours plus tôt par la commission nationale d’organisation des élections.

 

Ainsi donc, le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), arrivé largement en tête au premier tour avec 41,70% des voix, va disputer le second tour avec son adversaire de 2013, Soumaïla Cissé, deuxième avec 17,78% des suffrages exprimés. 20 des 24 candidats à cette présidentielle ont obtenu moins de 5% des suffrages exprimés et ne pourront donc pas récupérer leur caution de 25 millions de FCFA que chacun avait déposée auprès de la Cour constitutionnelle. Sur ces 20 candidats, 11 ont recueilli chacun moins de 1% des voix, chose qui indique leur manque de leadership national et le peu d’impact que pourraient avoir les consignes de vote qu’ils viendraient à donner pour le second tour.

 

IBK et Soumaïla Cissé sont donc de nouveau face à face sans aucune garantie que les alliances qu’ils viendraient à nouer vont mousser leur score. Au demeurant, si Djénébou N’Diaye, la seule femme candidate à cette présidentielle, a appelé ses partisans (0,38%) à reporter leurs voix sur IBK, les autres candidats, à l’image de Cheick Modibo Diarra, arrivé 4e avec 7,39% des voix, ne donnent aucune consigne de vote. Certains se sont même cloîtrés dans un silence incompréhensible, comme Aliou Diallo malgré sa troisième place et son score de 8,03%. Ce silence des recalés cache-t-il des difficultés à parvenir à une convergence de vues avec l’un ou l’autre des candidats admis au second tour, ou est-ce l’attitude de présidentiables groggy par leur échec du premier tour ?

 

Quoi qu’il en soit, report de voix ou pas, on se demande par quel calcul arithmétique Soumaïla Cissé pourrait combler l’écart de près de 24% de voix qui le sépare d’IBK et l’empêcher de gagner cette élection. C’est vrai qu’il peut fonder des espoirs légitimes sur un meilleur taux de participation, seulement 42,70% au premier tour, mais c’est  là un bien mince espoir, car entre attente des résultats et recours contre les irrégularités, aucun candidat n’aura battu campagne pour le second tour du scrutin. Plus grave, la Commission nationale d’organisation des élections et les forces de défense et de sécurité n’ont pas non plus eu le temps de corriger les défaillances qui ont entaché le premier tour. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il faut alors craindre encore des incidents, que des bureaux de vote n’ouvrent pas, un faible taux de participation, qu’IBK s’impose et que l’opposition conteste les résultats du scrutin.

 

En vérité, les deux semaines de temps entre les deux tours du scrutin sont trop brèves pour les organisateurs pour parer aux défaillances du premier tour et pour les candidats pour formuler d’éventuelles plaintes, gérer des tractations en vue d’alliance ou remobiliser leur électorat pour la bataille du second tour. Un bon mois n’aurait pas été de trop pour relancer la machine et mieux emballer les électeurs.

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 12 août 2018 18:56

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