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Décès de Salifou Diallo : Pluie d’hommages pour un premier anniversaire

Hier dimanche 19 août 2018, cela faisait exactement un an que disparaissait à Paris, le Dr Salifou Diallo, alors président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), et patron du Parlement burkinabè. Ses camarades politiques du parti, pour se souvenir de lui, ont organisé le samedi 18 du mois courant une conférence publique à Ouagadougou. Une matinée qui a consacré une pluie d’hommages à la mémoire de l’illustre disparu.

 

 

Pour la circonstance, rendez-vous a été pris par le président par intérim du MPP, Simon Compaoré, et ses camarades dans la salle de conférences du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC). Comme animateurs de la conférence publique modérée par le député Lacina Ouattara, deux observateurs et acteurs bien avisés de la scène politique au Burkina : Dr Domba Jean-Marc Palm, président du Haut conseil pour le dialogue social, et Dr Laetare Basile Guissou, membre du Haut conseil du MPP. Tour à tour, ces éminents politologues se sont évertués chacun à dévoiler au très nombreux public un pan entier de ce que fut celui qu’on appelait affectueusement « Gorba », son engagement politique et citoyen pour le rayonnement de la démocratie au Burkina Faso.

Du premier intervenant, le Dr Palm, on retient essentiellement que l’enfant de Bimbili dans le Yatenga fut un homme de conviction et d’action qui faisait toujours montre d’un pragmatisme à toute épreuve. Le Dr Diallo, a-t-il confié, élève, étudiant puis travailleur, s’est remarquablement illustré dans la défense des plus démunis, des masses populaires. Son nom reste lié à beaucoup de grands projets comme Samandéni, l’Opération Saaga, la culture de contre-saison… Ce fut sans conteste l’homme des paysans au moment où il avait la charge du département de l’Environnement et de l’Agriculture, entre autres strapontins. Salifou Diallo qui était affublé de divers sobriquets comme « Gorba », « Niang », « le Boss », « Pablo »…, selon les milieux qu’il fréquentait, est qualifié par le Dr Palm d’homme disponible, généreux, serviable, déterminé, direct. Exclu de l’université de Ouagadougou en 1979 pour fait de grève, il poursuivit ses études à l’université Cheick-Anta-Diop de Dakar dans des conditions peu enviables. Devenu ministre, il a tenu cependant à terminer son cursus académique en s’inscrivant au doctorat à l’université de Perpignan en France. Il y obtint le diplôme de docteur, nouveau régime en droit international sur le thème de : « La réforme de l’Etat africain ».

A l’avènement du MPP dont il fut un des acteurs déterminants, le Dr Salifou Diallo s’est dépensé sans compter, parcourant tout le Burkina malgré une santé devenue fragile, pour défendre les idées pour lesquelles il s’était entièrement dévoué. « Humain, il n’était certainement pas parfait », a fait remarquer le Dr Jean-Marc Palm. L’enfant du Yatenga n’était ni ange ni démon, mais avait ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses, ses ambitions.

Qu’on le veuille ou non, l’ex-président de l’Assemblée nationale, a insisté le conférencier, fut une des figures emblématiques de l’histoire politique des trente dernières années au Pays des hommes intègres. La jeune génération, a-t-il  conclu, aurait tout à gagner en le prenant comme exemple pour sa contribution à la construction du Faso.     

Le second conférencier, le Dr Laetare Basile Guissou, ne s’écarte pas de ce qu’on sait déjà de l’homme, à savoir un militant totalement au service des causes qu’il défendait. Solidaire jusqu’au bout des ongles, Salifou Diallo, à son avis, n’était pas sectaire en politique. Il dit l’avoir connu au début de la Révolution démocratique et populaire (RDP), précisément lors de sa première mission en tant que ministre du Conseil national de la révolution (CNR), quand celui-ci était étudiant en droit au pays du président Léopold Sédar Senghor. Le disparu, a-t-il affirmé, y avait longuement polémiqué avec lui sur l’opportunité du coup d’Etat révolutionnaire des capitaines, le 4 août 1983, qu’il contestait ouvertement. Mais homme dans de bonnes dispositions d’écoute de son vis-à-vis, sachant user de la critique et de l’autocritique, faire l’analyse concrète d’une situation concrète avant de choisir la conduite à tenir, Dr Salifou Diallo, selon M. Guissou, a finalement pris fait et cause pour la RDP. Pour lui, c’était tout simplement un bon dirigeant et un leader charismatique. Un patriote convaincu et loyal…même dans l’adversité.

Outre les deux conférenciers, des personnalités dans le public ont saisi l’occasion pour témoigner aussi des qualités intrinsèques du regretté. Parmi elles, Alpha Barry, chef du département des Affaires étrangères et de la Coopération, ainsi que bien d’autres qui ont connu et côtoyé l’illustre homme politique.

Le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont point été avares en qualificatifs et tous ceux qui ont fait le déplacement au CBC en ont appris davantage sur leur grand camarade. Le président par intérim du MPP, Simon Compaoré, fier de l’ami, du frère et du compagnon de lutte que fut Salifou Diallo, invite ses camarades à retenir de lui le souvenir de quelqu’un qui n’a pas vécu inutilement, qui a laissé du levain pour toujours faire lever la pâte et permettre d’avancer sereinement sur le chemin de la démocratie véritable.

 

D. Evariste Ouédraogo

Dernière modification ledimanche, 19 août 2018 20:38

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