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Inhumation policier et douanier tués : Deux tombes pour un hommage commun

Les dernières victimes en date du terrorisme au Burkina, le douanier Jean de Dieu Bado et l’assistant de police Aristide Bonzi, ont été inhumées vendredi après-midi au cimetière de Gounghin.

 

 

Sous un soleil brûlant comme la mort, les véhicules transportant les corps ont traversé la foule. Les cercueils, enveloppés des couleurs nationales et auréolés de couronnes de fleurs, ont été portés par leurs frères d’armes puis placés sur des supports au centre de l’assistance qui formait un cercle dans le cimetière. Parents, amis et membres du gouvernement leur rendent hommage au nom de la Nation. Le cérémonial est connu, les notes perçantes de la sonnerie aux morts font moins d’effet, certains visages sont rendus moins graves par l’habitude. La douleur des familles n’en est pas moins grande pour autant.

Le préposé des douanes Jean de Dieu Bado, 34 ans, avait tout juste onze mois de service lorsqu’il a été surpris dans la nuit du 21 au 22 août 2018 dans son poste de garde de Batié par des hommes en armes. Natif de Dydir, il laisse une veuve et deux enfants inconsolables.

L’assistant de police Sandofini Aristide Bonzi est né à Kosso il y a 35 ans ; lui faisait partie d’une patrouille qui est tombée dans une embuscade dans la nuit du 22 au 23 août sur l’axe Sollé-Titao dans la province du Loroum. Père de deux enfants, il avait neuf ans de service dont un au poste de Sollé.

Ces nouvelles victimes de la pieuvre terroriste ont reçu à titre posthume  la médaille d’honneur de la Douane et de la Police, une décoration qui a été soigneusement apposée sur les bières, respectivement par le ministre de l’Economie, Rosine Coulibaly, et son collègue de la Sécurité, Clément Sawadogo.

Pelletées après pelletées, gendarmes, policiers, douaniers, agents des Eaux et Forêts, unis par l’épreuve se sont ensuite relayés pour remblayer les tombes.

Bien que ce genre d’enterrement devienne récurrent, le premier flic du Faso a indiqué que les FDS redoublent de combativité et affirmé même que « dans certaines localités, la peur est en train de changer de camp ».

Hugues Richard Sama

 

Polémique autour d’un cercueil

 

Le corps du douanier Jean de Dieu Bado n’avait pas encore été porté en terre qu’une polémique est née, comme d’habitude, sur les réseaux sociaux. En cause notamment le prétendu temps, 5 heures, mis par les renforts qui seraient partis de Gaoua pour porter secours au gabelou, seul face aux assaillants. « Qu’est-ce qui n’a pas marché à Batié pour que ce jeune agent des douanes fût obligé de défendre tout seul ce poste frontalier pendant plus de 5 heures ? » demande un internaute avant d’asséner : « Si vraiment il y a un poste de gendarmerie, de police et  un service des Eaux et Forêts à quelques encablures de là-bas et malgré les tirs nourris, pourquoi personne n’a entendu le cri de détresse de ce guerrier solitaire ? Est-ce de la négligence ou de la non-assistance à personne en danger ? »

Siaka Zou, directeur régional des Douanes du Sud-Ouest, qui a lu l’oraison funèbre, assure pourtant que l’opération a duré « tout au plus 30 minutes ». Selon ce que l’inspecteur divisionnaire nous a confié, il était 20h 30 lorsqu’il a reçu un appel du chef de poste de Batié l’informant qu’il était en ville et qu’il entendait des tirs qui semblaient provenir du poste de douane. Il ajoutait par ailleurs qu’il essayait de joindre l’élément de garde mais que ce dernier ne répondait pas au téléphone. Alertés à leur tour, les gendarmes de Batié ont, selon le chef douanier, entrepris une opération sans attendre au préalable le renfort qui devait de Gaoua. Les pandores auraient été ralentis dans leur progression dans le noir par la présence d’un bosquet entre la ville et le poste de Douane. « Mais cela n’a pas pris cinq heures, c’est invraisemblable », explique Siaka Zou, pour qui « tout était déjà fini vers 21h».

 

H.R.S.

Dernière modification lemardi, 28 août 2018 01:01

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