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Destruction d’une base terroriste à l’Est : L’armée exhibe ses prises de guerre

Depuis que les hélicoptères ont commencé à planer sur le front, ça… monte en puissance pour l’armée burkinabè. Hier, dimanche 24 février 2019, l’état-major a exposé à Fada des prises de guerre à la suite d’opérations menées par les forces aériennes et terrestres les 19 et 20 février 2019 à Kompienbiga, Kabonga et dans la zone du campement de chasse présidentiel. Au total, 29 de ces fameux « individus armés non identifiés » qui s’étaient rendus maîtres de la forêt ont été mis hors d’état de nuire.

 

« C’est vrai que ce n’est pas le Far-West mais votre sécurité m’incombe, c’est mon souci premier. » Ces mots sont du tout nouveau directeur de la Communication et des Relations publiques des armées, le colonel Karim Ouili, qui venait de se glisser dans le bus qui s’apprête à quitter Ouagadougou avec à bord un groupe de journalistes. Depuis que les chancelleries occidentales se sont mises à peindre la carte du Burkina de trois couleurs, Fada, la destination finale, se trouve il est vrai dans la zone rouge. Aucune précaution n’est de trop, et l’officier supérieur se fait le devoir d’édicter aux hommes de médias des consignes de sécurité.

 

Interdiction notamment de révéler leur présence dans la zone tant qu’ils n’étaient pas parvenus à des endroits réputés plus sûrs. Une directive qui s’adressait surtout à nos confrères des médias en ligne qui, pour une fois, ne devront pas s’empresser de balancer leurs articles, sous peine de trahir leur position.

 

 

Le briefing achevé, c’est escortés par des éléments de l’unité d’élite de la police nationale, l’UIP, que la presse ainsi que des éléments du service de communication de l’armée ont mis le cap sur l’Est. 3 heures et 20 minutes plus tard, Fada.

 

A l’entrée de la ville, le dispositif sécuritaire autour du convoi est renforcé par des soldats en pick-up ou à moto. Fort heureusement, nous ne ferons pas grand chemin sur la route Fada-Pama, un tronçon qu’il n’est pas excessif d’appeler l’axe du mal au vu du nombre important de FDS qui y ont perdu la vie. En effet, à la sortie de la cité de Diaba Lompo, l’équipée abandonne la chaussée pour prendre la direction du camp du 34e régiment interarmes, le verrou de l’Est. Cette base accueille le groupement des forces chargées de la sécurisation des régions de l’Est et du Centre-Est. C’est de là que partent toutes les opérations de l’armée pour reprendre du terrain face à l’ennemi. Le capitaine S.T. nous accueille au seuil de la base après la nécessaire présentation des documents d’identité et la fouille des véhicules, y compris celui des communicateurs de l’état-major. Malgré son air débonnaire, c’est lui le chef du bureau des opérations des forces de l’Est.

 

Notre hôte en treillis revient sur les règles de sécurité et insiste pour qu’aucune image ne soit faite des jeunes officiers et sous-officiers qui l’entourent : ce sont eux le fer de lance des opérations sur le terrain, condamnés à être des héros anonymes d’une guerre qui se livre dans les confins des forêts de cette partie orientale du pays. Ces « boys » viennent de remporter une sérieuse victoire sur le front. Sur le terrain de basket du camp, exposés tels des trophées de chasse d’une des nombreuses concessions qui faisaient jadis le charme de la région, des armes, des munitions pour tenir plusieurs mois de siège, des casques, des gilets pare-balles, une paire de jumelles, des châssis de motos calcinés, une marmite et une bouteille de gaz. Il s’agit là d’une partie du matériel qui a été arraché des mains des terroristes ou détruit à la force de la canonnière. Selon le colonel Karim Ouili, qui a voulu conter lui-même ce haut fait de guerre, histoire sans doute de mieux contrôler l’information, c’est le pillage d’une officine pharmaceutique le 19 février dernier à Kombienbiga qui a enclenché la foudre des FDS.

 

Après avoir fait le plein de leur boîte à pharmacie, les assaillants se sont rendus au marché du village, où ils ont été repérés par les éléments déployés sur place, lesquels montent une embuscade qui se solde par un premier succès : six terroristes abattus. Dans la même veine, la forêt de Kabonga, qui passe pour le repaire de ces criminels qui s’y réfugient après leurs exactions, fait l’objet d’une surveillance aérienne. Leur nid douillet découvert, des frappes chirurgicales menées par l’aviation ouvrent la voie à une intervention des forces terrestres et spéciales. 23 occupants de cette base sont contraints à prendre un aller simple pour l’au-delà, et du matériel ainsi qu’un important stock de vivres qui laisse à penser que ces djihadistes-là étaient loin d’être des crève-la-faim sont récupérés.

 

Pour parfaire le tableau, les troupes burkinabè ont aussi repris possession du campement de chasse présidentiel, contrôlé depuis quelques mois par les forces obscurantistes. Le nettoyage de la forêt se poursuit et bientôt « le campement sera sécurisé », a assuré le porte-parole de la grande muette, qui précise que ces opérations sont sans soutien extérieur.

 

 

Depuis combien de temps l’armée connaissait-elle l’existence de cette base ? A-t-on établi un lien avec les nombreuses attaques que subit la zone ? Existe-t-il d’autres refuges de terroristes dans cette zone de haute végétation ? Quelle est la provenance du matériel pris, provient-il notamment du stock des FDS ? Quel a été le sort réservé aux corps des individus abattus ? …Mitraillé par les nombreuses questions des journalistes, le directeur de la Communication et des Relations publiques des armées a opté pour la langue de bois, confiant lui-même son ignorance ou indiquant que les investigations sont en cours.

Hugues Richard Sama

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