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Construction d’un hôpital en… 10 jours : Quand les Chinois forcent le respect

En Chine, le coronavirus se propage vite. 425 morts, plus de 20 000 personnes touchées, bien plus que l’épidémie du Sras, en 2002-2003, avec ses « quelque » 7751 cas et ses 349 personnes mortes. Les autres contrées commencent à compter leurs premiers macchabées, notamment à Hong-Kong et aux Philippines. Devant cette affection qui serait provoquée par les chauves-souris - encore elles -, le taux d’adrénaline monte et la psychose s’installe, réseaux sociaux aidant.

 

Les places boursières chinoises de Shanghaï et de Shenzhen ont chuté de 8%. La panique s’installe. La France a rapatrié ses compatriotes des zones touchées, le dimanche 2 février, à l’aide de deux avions. Pendant deux semaines, ils seront placés en quarantaine dans les Bouches-du-Rhône. Beaucoup de compagnies aériennes ont réduit ou carrément suspendu leurs vols à destination de la Chine. En Afrique, on gesticule à coups de communiqués et de mesures cosmétiques.

Pendant ce temps, les habitants de la patrie de Mao ne baissent pas les bras et font face à l’adversité,  eux qui viennent  de construire un grand hôpital à Wuhan, capitale de la province de Hubéi, épicentre de l’épidémie. Et cela, tenez-vous bien, en dix jours. Vous avez bien lu : 10 jours ! Les Chinois se sont passionnés pour la construction de cette structure de 1000 lits, et la télévision diffusait 24h/24 sur Internet les images des 4000 ouvriers et l’armée de pelleteuses qui s’activaient sur ce chantier spectaculaire de… 34 000 mètres carrés. Placé sous mètres carrés contrôle militaire, c’est l’un des deux hôpitaux préfabriqués pour soulager la pression sur les établissements hospitaliers de la métropole  de 11 millions d’habitants.

L’empire du Milieu n’est pas à une prouesse près en la matière. Passe encore  la construction de la Grande Muraille, la seule œuvre architecturale réalisée par l’homme qui soit visible depuis l’espace. L’histoire de la construction du Grand Palais du peuple, qui accueille l’assemblée populaire ainsi que d’importantes réunions politiques, en dit long sur l’opiniâtreté et la célérité de ces bonshommes dans le travail. Cette construction de 150 000 mètres carrés débutée le 28 octobre 1958 fut achevée 10 mois et 14 jours après. Elle a mobilisé 10 000 travailleurs et 300 000 volontaires qui piaffaient d’impatience de mettre la main à la pâte, parce que pour eux c’était « un honneur » de participer à l’édification de l’œuvre commune. Revenons à l’hôpital qui a été construit en si peu de temps pour dire que cela force quand même le respect.

Maintenant, imaginons que pareil projet sortît de la tête de nos dirigeants. Devant l’urgence, un appel d’offres restreint aurait été lancé. Plus tard, on procéderait au dépouillement, le ministère de tutelle procéderait au lancement des travaux dans la cabine d’un bulldozer lors d’une cérémonie grandiose, l’entreprise, heureuse élue, prendrait ensuite le temps qu’il lui faut pour recruter les ouvriers et louer des machines. Quand elle aurait daigné démarrer les travaux, les machines seraient à l’arrêt la nuit, les week-ends, pendant le 8-Mars, le 11-Décembre, le lundi de Pâques, le lendemain du Mouloud, l’Insurrection, et autres jours fériés, quand il pleut ou qu’il vante. Quand l’entreprise apprendrait l’arrivée d’une délégation officielle pour vérifier la situation sur le terrain, elle remobiliserait les ouvriers, redémarrerait les machines qui dormaient et le tour aurait été joué. A court d’arguments, on invoque la responsabilité de la nationale des eaux ou de l’électricité qui traîne à venir dessoucher les câbles. Le ministre jouerait au chef outré, invectiverait, menacerait, donnerait une date butoir et s’en irait.

Les rideaux seraient baissés. Et soyez-en sûrs, ce ne serait pas dix jours plus tard que l’on assisterait à la fin de la pièce qui se jouerait pendant des années.

Issa K. Barry

Dernière modification lemercredi, 05 février 2020 20:46

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