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Plan de développement pour le Burkina : Les sept leçons de Free Afrik

 

Pour sa troisième conférence publique à Ouagadougou le 19 mars 2021, Free Afrik s’est penché sur le développement du Burkina Faso. Pour une émergence du pays,  l’institut a effectué avec le Présimètre un suivi-évaluation du Plan national de développement économique et social (PNDES) 2016-2020  et de la Stratégie de croissance accélérée et de Développement durable (SCADD) 2011-2015. A l’issue du travail, un plan de développement axé sur sept leçons a été proposé. Celui-ci a pour but de guider les décideurs politiques dans l’élaboration du nouveau référentiel de 2021-2025 actuellement en cours.

 

 

 

 

D’ici à la fin de l’année 2021, le Pays des hommes intègres adoptera son nouveau référentiel de développement, à savoir le Plan national de développement économique et social (PNDES) 2021-2025 en cours d’élaboration. Afin de guider les décideurs politiques qui sont actuellement dans  les laboratoires pour la rédaction et la mise en œuvre du PNDES 2021-2025, Free Afrik, en collaboration avec le Présimètre, a fait un suivi-évaluation indépendant et scientifique du PNDES. Un travail contenu dans un document de soixante-onze pages intitulé : Quel plan de développement pour le Burkina Faso ? Leçons du suivi-évaluation du PNDES et de la SCADD. Pour une émergence du Burkina, ce sont sept leçons de développement qui ont été proposées à l’issue du suivi-évaluation.

 

Cette étude a été rendue publique le 19 mars dernier au cours d’un panel à l’espace Thomas Sankara de l’institut Free Afrik. C’est l’économiste  le Dr Seydou Ra-Sablga Ouédraogo par ailleurs directeur exécutif de l’institut qui a animé la conférence publique. Avant d’entrer dans le vif du sujet, le conférencier a indiqué que, depuis 8 ans, un travail de suivi des politiques publiques est fait par l’institut. « Il consiste pour nous à regarder par moments dans les documents des politiques publiques pour faire ce qu’on appelle l’évaluation exemptée, en d’autres termes, avant que la politique ne soit mise en œuvre on regarde la consistance, la cohérence et l’efficacité possible de cette politique. Par moments, on a regardé les politiques en cours d’exécution pour voir les problèmes qui sont rencontrés et essayer de les comprendre et comprendre aussi l’efficacité des politiques publiques dans les exécutions», a-t-il expliqué.

 

Le contexte étant celui d’un plan de développement en élaboration, pour l’économiste Ra-Sablga Ouédraogo, il était de leur devoir de faire une halte et de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur afin de rassembler les leçons qui peuvent être tirées de la mise en œuvre de ces politiques publiques, à savoir la SCADD et le PNDES.

 

C’est ainsi, dit-il, que dans le cadre du fondement diagnostic des stratégies de nos plans de développement, le gouvernement doit penser à fonder le nouveau plan sur une connaissance systématique du contexte et des défis du développement. En effet, pour le directeur exécutif de Free Afrik, les diagnostics sont sommaires, pas systématiques et sont partiels. Aussi, il note le fait que les paramètres stratégiques et les défis majeurs sont ignorés ou pas suffisamment pris en compte.

 

Toujours dans cette veine, il souligne l’impérieuse nécessité d’avoir une cohérence entre les ambitions et les moyens. Le Burkina, selon lui, a des objectifs ambitieux sans liens avec les moyens de politiques mobilisés. Il relève également, s’agissant de la mise en œuvre du PNDES et de la SCADD, qu’il existe une faiblesse de l’analyse des risques et des stratégies de mitigation. Pour cela, il recommande d’ancrer le plan dans la réalité et d’en assurer la flexibilité. Dans ses analyses, il démontre que, de 2011 à 2020, le Pays des hommes intègres a été confronté à plusieurs « chocs » sur les plans sociopolitique, social liés aux faits de grève, climatique/agricole (poches de sécheresse et famine), sanitaire (grèves dans le secteur) et sécuritaire.

 

En outre,  l’économiste préconise de renforcer la mobilisation des ressources nationales. A son avis, le Burkina n’a pas besoin de se rendre à l’extérieur pour demander des financements. Il soutient sa proposition par le contexte sanitaire et économique international qui, de son point de vue, doit nous rendre plus réaliste. Le covid 19, dit-il, avec son corollaire de conséquences, a démontré que nous avons besoin d’un financement endogène. Pour y parvenir, il suggère la mise à contribution du secteur privé. « Pas de développement du secteur privé possible sans stratégie de financement », a-t-il souligné. Quant à la fiscalité, l’économiste relève qu’elle est plus importante que celle de l’UEMOA, mais demeure insuffisante.

 

Au cours de leur travail, le directeur exécutif de Free Afrik a déclaré qu’ils ont aussi recensé une faiblesse du suivi-évaluation par le gouvernement : « L’évaluation se limite à des rapports administratifs et d’activités destinés aux bailleurs et à la communication politique ». Le docteur en économie suggère de consolider l’expérience, d’éclairer le plan par un véritable apprentissage continu des leçons pertinentes.

 

Dans la plupart des plans de développement, le chercheur révèle des impensés, notamment en matière de protectionnisme de nos produits, et l’état de la régulation des secteurs, indique-t-il, est largement négligé. Pour lui il y a aussi un conflit d’intérêts entre le gouvernement et le secteur privé. D’où la nécessité selon lui de tirer des leçons des stratégies de développement.

 

Cependant pour Ra-Sablga Ouédraogo, rien n’est perdu. Si la gouvernabilité du pays a pris un coup ces dernières années, tout peut encore rentrer dans l’ordre. Pour cela, souligne-t-il, le gouvernement doit travailler à reconquérir la confiance du peuple. Pour y arriver, de son point de vue, il faut amener l’éthique au pouvoir, lutter contre la corruption et être soi-même exemplaire, travailler à réduire le train de vie de l’Etat.

 

 

 

Rabiatou Congo

 

Dernière modification lemardi, 23 mars 2021 23:24

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