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Décès Idriss Déby : Obsèques grandioses sur fond d’interrogations lancinantes

 

Des personnalités les plus prestigieuses les unes que les autres, en commençant par le président français jusqu’à ceux des pays voisins de l’Afrique centrale, en passant par le chef de la diplomatie européenne et les chefs d’Etat du G5 Sahel, N’Djamena va réunir ce vendredi du beau monde pour les obsèques du maréchal du Tchad.

 

 

En effet, 3 jours après l’annonce officielle de son décès, Idriss Déby Itno sera conduit à sa dernière demeure, dans l’après-midi de ce 23 avril, dans sa région natale, au cimetière d’Amdjarass. Auparavant, toute la matinée sera consacrée au  florilège  des élégies habituelles, où se mêlent hommages, regrets,  soupirs, larmes et engagements des parents, des amis, des partenaires, à mériter la confiance d’hier et l’héritage d’aujourd’hui laissé par le défunt pour des lendemains meilleurs.

 

A ce propos, « l’ami courageux », selon les termes de l’Elysée, n’est pas encore enterré que des questions surgissent de toutes parts sur comment combler le vide laissé par ce soldat, officiellement tombé sur le front de la lutte pour l’intégrité territoriale du Tchad. Le Conseil militaire de transition (CMT), à commencer par son président, qui concentre désormais entre ses mains tous les pouvoirs, aura-t-il la main suffisamment ferme pour éviter que le navire Tchad chavire dans le désordre et l’instabilité ? Le CMT tiendra-t-il parole et conduira-t-il une transition inclusive vers un régime civil, démocratiquement élu dans 18 mois ?

 

Au-delà du Tchad, c’est tout le Sahel, toute l’Afrique centrale, voire les pays du golfe de Guinée, qui retiennent leur souffle, craignant qu’Idriss Déby mort, ce ne soit une digue contre le terrorisme qui ait cédé.

 

C’est pourquoi il n’est pas exagéré de dire que les chefs d’Etat du G5 Sahel et d’autres des pays voisins du Tchad n’ont pas accouru à N’Djamena pour pleurer seulement Idriss Déby, mais aussi et  surtout pour faire allégeance à son fils, promu calife à la place du calife, avec le secret espoir qu’il évitera une chienlit sécuritaire à l’intérieur de ses frontières et gardera le même regard de gendarme sur la région du Sahel notamment.

 

Lourdes charges, s’il en est, pour les frêles épaules de son fils d’à peine 37 hivernages, au visage angélique et à la silhouette de mannequin. Rien à voir avec le regard sévère et le flegme austère du père, qui, à défaut du charisme, était un meneur d’hommes. Les apparences sont trompeuses, dit-on, et qui sait si derrière ce physique de freluquet ne se cache pas un homme de caractère, un militaire stratège, un commandant qui ne manquera pas de poigne pour conduire le Tchad vers plus de démocratie et d’unité ?

 

On attend de voir si le fils comblera le vide laissé par le père, non sans désapprouver ce scénario de dévolution du pouvoir à la gabonaise ou à la togolaise. De fait, il n’est pas exclu qu’à la fin de la transition, Mahamat Itno Déby troque son treillis et ses étoiles d’officier général contre la tenue costume-cravate d’un candidat à la présidentielle tchadienne. Ce ne serait pas la première fois sous nos tropiques qu’un chef de junte devient chef de parti, favorisant la mainmise de la soldatesque sur les commandes de l’Etat.  Cela s’est vu maintes et maintes fois au grand dam de ceux qui militent pour des armées républicaines dans nos pays, cantonnées dans leur rôle de défense de l’intégrité des frontières nationales. Et quand elle fait irruption dans l’arène politique, qui plus est avec l’oukase d’une succession dynastique au sommet de l’Etat, les démocrates n’ont que leurs yeux pour pleurer.

 

Qui a dit : « A quand l’Afrique ? »

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 25 avril 2021 20:15

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