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Transition tchadienne : Macron pourra-t-il ramener le général Deby dans le rang

 

Ça commence vraiment mal avec le Comité militaire de transition (CMT).

 

Au moins cinq morts, officiellement, et plusieurs blessés.

 

Tel est, en effet, le bilan de la répression qui s’est abattue hier mardi 27 avril 2021 sur les manifestants suite à l’appel du collectif de l’opposition «Wakit Tama» pour une transition civile au Tchad.

 

Donc cinq tués, les premiers du général de corps d’armée Mahamat Idriss Déby, qui a succédé, voilà il y a une semaine, à son père, mort, là aussi officiellement, sur le champ de bataille en voulant combattre les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT).

 

Il faut croire que les chiens ne font vraiment pas des chats et ce sang versé complique un peu plus la délicate période qui commence.

 

 

La manifestation d’hier avait beau être interdite par les nouvelles autorités tchadiennes, avait-on besoin d’une telle violence, sauf à vouloir nous convaincre que la terreur est décidément ancrée dans les mœurs politiques de ce régime qui a certes perdu la tête mais pas ses réflexes autoritaires ? 

 

Etrange paradoxe d’ailleurs que cette situation tchadienne où Kaka, actuel homme fort de N’Djamena suite à  la disparition de son paternel, a opté, après cette journée sanglante, pour la main tendue et l’apaisement lors de son tout premier discours à la nation !

 

 

 

On retiendra principalement trois annonces.

 

Premièrement, la formation prochaine d’un « gouvernement de réconciliation nationale, composé d’une équipe soudée, compétente et représentative du Tchad pluriel ».

 

Deuxièmement, la tenue d’un dialogue national inclusif qui  «n’éludera aucun sujet d’intérêt national».

 

Troisièmement, la mise en place d’un Conseil national de transition (CNT) « consensuel et concerté» pour travailler sur une nouvelle Constitution ».

 

Dans la ligne de mire du général quatre étoiles, l’organisation « d’élections démocratiques, libres et transparentes dans les meilleurs délais ». Et d’assurer, la main sur le cœur, que « les membres du CMT sont des soldats qui n’ont d’autre ambition que celle de servir loyalement et avec honneur leur patrie. Toute autre attitude des membres du CMT sera une atteinte impardonnable à la mémoire du Maréchal et à l’engagement face au peuple ».

 

 

 

On ne demande qu’à le croire ! Mais rien ne pousse à l’optimisme.

 

D’abord, il parle de « meilleurs délais » alors que la Charte du CMT prévoit une période transitoire de « dix-huit mois renouvelable une fois ».

 

Ensuite, de quel pouvoir véritable disposera le CNT quand on sait que les militaires, en règle générale, surtout au Tchad, ne sont pas très partageurs ? Qui plus est, ce qui a guidé la prise du pouvoir, c’est la conservation du pouvoir avec toutes les pratiques prédatrices qui vont avec.

 

L’impératif de stabilité et de sécurité du Tchad dans une région tourmentée semble d’ailleurs être le fonds de commerce politique de la bande à Kaka, tout comme ce fut le cas avec le défunt maréchal du Tchad.

 

Le président français, Emmanuel Macron, qui a adoubé le CMT au nom de ce même impératif sécuritaire, parviendra-t-il à faire entendre raison à la junte ?

 

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est pris au piège, obligé qu’il est d’apporter son soutien pour éviter le chaos sans pour autant donner l’impression de soutenir les soudards.

 

Pour sûr, depuis son temple élyséen, Jupiter a eu écho du claquement des culasses des armes contre les manifestants, lui qui est sorti de ses gongs hier.

 

En effet, il a martelé à Paris, aux côtés de son homologue congolais, Etienne Tshisekedi : « Je veux être très clair. J'ai apporté mon soutien à l'intégrité et la stabilité du Tchad très clairement à N'Djamena. Je suis pour une transition pacifique, démocratique, inclusive, je ne suis pas pour un plan de succession… La France ne sera jamais aux côtés de celles et ceux qui forment ce projet ».

 

Voilà qui est clair, et petit Déby sait maintenant à quoi s’en tenir.

 

Encore faut-il que l’Hexagone, maître du double langage, comme bien des grands de ce monde, soit sincère dans sa déclaration et se donne les moyens de ramener dans le rang le jeune général de 37 ans avant qu’il ne fasse davantage de sorties de piste.

 

 

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemercredi, 28 avril 2021 21:52

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