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Reprise opérations conjointes Barkhane/ FAMA : Ouf de soulagement ou soupir de répit ?

3 juin- 3 juillet 2021, la brouille entre Paris et Bamako, tout au moins dans la coopération militaire, n’aura duré qu’un petit mois.

 

En effet, la ministre des Armées française, Florence Parly, a annoncé vendredi dernier la reprise des opérations conjointes entre les troupes de la Force Barkhane et les Forces armées du Mali (FAMA).

On n’a pas besoin d’un dessin pour savoir que c’est un ouf de soulagement dans les capitales des pays du G5 Sahel et même d’au-delà, quand on connaît la place du Mali dans la lutte contre le terrorisme en Afrique subsaharienne. Cette place est comme une digue névralgique qui,  si elle cédait complétement, permettrait un plus grand déferlement des groupes armés terroristes du Sahel vers le golfe de Guinée. C’est pourquoi, mieux que d’en colmater les brèches, cette digue, il faut la recharger, la bétonner et y dresser une puissance de feu pour refouler l’ennemi.

 

 

En cela, la France, malgré le péché originel de sa relation avec l’Afrique, est un partenaire incontournable. Voilà qui explique que de N’Djamena à Nouakchott en passant par Ouagadougou et Niamey, toutes les autres capitales des pays du G5 Sahel s’y soient mises pour que le froid entre Paris et Bamako ne devienne un hiver glacial. Et Paris aussi a grand intérêt à la reprise des opérateurs militaires conjointes de la Force Barkhane avec les FAMA ! En effet, historiquement, la France a un statut à préserver dans cette partie de l’Afrique subsaharienne et, géographiquement, le Sahel n’est pas si loin que cela des frontières européennes. Laissez donc cette région, pour ne pas dire ce pré carré de l’Hexagone, en jachère, c’est courir le risque que la mauvaise herbe qui y pousse en groupes armés et autres trafiquants de tout acabit ne menace l’Europe. On comprend alors que Paris ait été, non seulement attentive aux sollicitations des capitales africaines, mais s’y soit aussi employée à rassurer Bamako. On a ainsi noté le déplacement à Bamako d’une délégation française de haut niveau qui comprenait, entres autres, le conseiller Afrique de l’Elysée, Franck Paris, et le chef d’état-major particulier du président Macron, l’amiral Jean-Philippe Roland.

 

Va donc pour la reprise des opérations militaires conjointes entre la Force Barkhane et les FAMA ! Plus vite la Force Barkhane et les FAMA traqueront à nouveau les djihadistes, mieux cela vaudra, car, selon certains experts, l’arrêt de ces opérations après le deuxième coup de force d’Assimi Goïta laissait le champ libre à la radicalisation islamiste au Mali, et partant au Sahel.

 

Paris s’est fait donc désirer pour mieux rester dans la région. Mais les pays du G5 Sahel doivent se convaincre que cette présence ne sera pas éternelle. Ces derniers doivent alors mutualiser leurs forces et ces dernières, mieux mouiller le kaki pour la défense de leurs territoires.

 

Au demeurant, jusqu’à preuve du contraire, cette annonce de la reprise des opérations militaires conjointes ne remet pas en cause le calendrier du redimensionnement de la Force Barkhane décidée par Paris. C’est connu, la France, qui ne veut pas porter seule le fardeau de l’assistance militaire des pays du Nord aux pays du G5 Sahel, voudrait que l’initiative européenne d’une force conjointe dite Takuba prenne plus de relief au Sahel. En effet, avec seulement un effectif de 600 hommes, cette force remplacera difficilement les 5100 soldats de l’opération Barkhane.

 

Les pays du G5 Sahel sont donc prévenus, leur ouf de soulagement après l’annonce de la reprise des opérations conjointes de la Force Barkhane avec les FAMA pourrait n’être qu’un soupir de répit. A bon entendeur…

Zéphirin Kpoda     

 

Dernière modification lemardi, 06 juillet 2021 00:44

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