Disparition du journaliste malien Birama Touré : Début d’éclaircie dans une affaire énigmatique ?
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C’est un grand pas que vient de faire la justice malienne dans le dossier de la disparition du journaliste Birama Touré. En effet, selon le correspondant de RFI à Bamako, Serge Daniel, « le général de division Moussa Diawara, ancien directeur de la sécurité d’Etat (service de renseignements), a été inculpé et placé sous mandat par le tribunal de la Commune 4 de Bamako pour complicité d’enlèvements et de séquestration » dans cette affaire.
Avant l’arrestation du général Diawara, Interpol avait lancé, le 5 juillet dernier, un mandat d’arrêt international contre Karim Kéita, ancien député et fils du président déchu Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), toujours dans le cadre de cette disparition énigmatique.
En rappel, Birama Touré, journaliste d’investigation pour le journal malien Sphinx, est porté disparu depuis le 29 janvier 2016. Cette disparition est intervenue alors qu’il enquêtait sur les liens présumés qu’entretenait Karim Kéita avec l’épouse d’un de ses amis. Un mois après que notre confrère n’a plus donné ses nouvelles à sa famille ni à son journal, son directeur de publication a porté plainte. Mais l’affaire était restée sans suite même si tout Bamako bruissait de rumeurs sur son enlèvement probable sur ordre du fils de l’ancien président IBK. De fait, personne n’a jamais cru à la supposée fuite de Birama Touré vers Dakar sur pression de ses nombreux débiteurs. Du reste, à la suite de la justice malienne, Reporters sans frontières (RSFo) ouvert une enquête sur cette disparition et recueilli des informations auprès de témoins dont plusieurs ont cité le nom de Karim Kéita comme étant probablement impliqué dans la disparition du journaliste d’investigation.
Après 2 ans d’enquête, RSF a tiré la conclusion que Birama Touré pourrait être mort et que Karim Keita devrait être entendu par la justice au sujet des soupçons que font peser sur lui certains témoignages. De son côté, le juge d’instruction chargé du dossier avait demandé l’aide d’Interpole pour entendre Karim Kéita, contraint à l’exil depuis la chute du régime d’IBK.
Avec le mandat d’arrêt international contre le fils de l’ancien président et l’arrestation de cet ancien directeur des services de renseignement, on peut raisonnablement penser que le dossier de la disparition de Birama Touré ne dort plus au fond d’un tiroir. La chute d’IBK y est certainement pour beaucoup. Non seulement les langues se délient mais les magistrats sont plus déterminés à faire la lumière sur cette disparition plus de 5 ans après les faits. Mieux vaut tard que jamais et l’on croise les doigts pour que la nasse judiciaire serre dans ses mailles, pas que les alevins mais également les gros poissons, entendez par là tous ceux qui, de près ou de loin, sont impliqués dans la disparition et peut-être la mort de Birama Touré.
Sans préjuger de la culpabilité du général Moussa Diawara, il est fort à parier qu’en raison de ses responsabilités antérieures de directeur de la sécurité d’Etat, il sait tout ou partie de ce qui est advenu à notre confrère, surtout si, comme le disent 2 témoins, il a pu être séquestré, torturé et tué dans une prison secrète de la sûreté malienne. Vivement donc le témoignage de Karim Kéita et un procès en bonne et due forme pour que la lumière soit faite sur cette disparition énigmatique.
Zéphirin Kpoda
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