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Regard sur l'actualité

Regard sur l'actualité (660)

Liberté de la presse en Guinée: Bienvenue en satrapie !

Il ne fait pas bon d’être journaliste actuellement en Guinée. Le secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse privée (SPPG), Sékou Jamal Pendessa, en fait l’amère expérience depuis une dizaine de jours.

Pour avoir appelé à une manifestation contre les restrictions d’accès des réseaux sociaux et les attaques contre les médias, il a été entendu par un juge et placé sous mandat de dépôt à la Maison centrale de Conakry depuis le 22 janvier 2024.

Ses confrères et les syndicats de la presse ont beau appelé à sa libération, les autorités guinéennes campent sur leur décision.

On a beau chercher, on demande toujours à voir ce qu’a commis d’aussi grave le journaliste pour mériter d’être ainsi embastillé.

En réalité, on ne devrait pas s’étonner outre mesure. Nous sommes au Pays de Sékou Touré où le colonel, pardon, le général de corps d’armée Mamadi Doumbouya règne sans partage depuis plus de deux ans. Il était arrivé en sauveur pour restaurer la démocratie malmenée par le professeur Alpha Condé qui voulait se taper un troisième mandat contre tout bon sens, voilà que très rapidement il est devenu le fossoyeur de cette même démocratie et des libertés individuelles et collectives.

Celui qui était encore caporal dans la Légion étrangère française, il y a à peine une quinzaine d’années, patron des forces spéciales grâce à Alpha Condé, s’est retrouvé colonel et maintenant dans une bouffonnerie sans nom est désormais général quatre étoiles.

Quoi de plus normal que le généralissime veuille donc diriger la Guinée comme un camp militaire où la moindre contestation ne saurait être tolérée. Au grand dam non seulement des journalistes mais également de tous les citoyens guinéens dont la liberté est ainsi bridée. Pendant ce temps, il n’est plus question manifestement de retour à une vie constitutionnelle normale.

Reste à savoir dans quelle mesure la grève générale illimitée projetée par les syndicats si Sékou Jamal Pendessa n’était pas libéré va faire bouger les lignes avec un régime qui a tout l’air d’une véritable satrapie. Il n’y a pas d’ailleurs que les journalistes qui souffrent de cette situation. Les OSC qui ne filent pas droit et les opposants sont, eux aussi, traqués et souvent contraints à l’exil pour permettre au «colosse de Conakry» de gouverner en toute quiétude.

En réalité, ce qui se passe en Guinée est à différents degrés à l’image de la situation de liberté d’expression et de presse dans les pays qui ont connu des coups d’Etat récemment. Qu’il s’agisse du Mali, du Burkina et du Niger, les libertés sont corsetées au nom de la lutte contre le terrorisme qui est considérée par les pouvoirs comme une raison suffisante pour museler toutes les voix discordantes.

 

Hugues Richard Sama

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Saisie de lingots d’or à Addis-Abeba: Sombre trafic autour du métal jaune nigérien

Comment cela a-t-il été possible?

C’est la question qu’on ne peut manquer de se poser au sujet de cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre et de salive au Niger.

Début janvier, une grosse quantité d’or a en effet été frauduleusement sortie du pays mais, fort heureusement elle a été saisie à l’aéroport d’Addis-Abeba alors que la précieuse cargaison devait transiter pour continuer à Dubaï.

En tout cas, ce ne sont pas moins de 1 400 kg de lingots pour une contre-valeur estimée de 60 milliards de francs CFA qui ont été saisis. Presque une tonne et demie du précieux métal donc! Ce ne sont quand même pas quelques sachets de kilichi  qu’on peut facilement enfourner dans sa valise. Et les questions, nombreuses, fusent. A qui appartient le colis? D’où vient-il exactement? Quel rôle le petit émirat pétrolier du golf persique a-t-il joué dans cette affaire d’autant plus ténébreuse qu’aucun document officiel n’accompagnait la cargaison ? Depuis quand ce trafic a-t-il cours?

En attendant d’avoir des réponses à ces nombreuses interrogations, on ne peut que se féliciter que les autorités aéroportuaires éthiopiennes aient fait pièce à ce qui semblait être l’œuvre d’une collusion mafieuse internationale avec, hélas, des complicités locales. On imagine difficilement en effet qu’un tel fret puisse quitter l’aéroport Hamani-Diori de Niamey sans que des maillons importants de cette chaîne  aient joué un rôle majeur. La preuve, sous réserve  des enquêtes administratives et judiciaires à venir quelque 80 douaniers, policiers, gendarmes et agents des Eaux et forêts en poste à l’aéroport ont tous été démis de leurs fonctions et affectés ailleurs. Autre mesure conservatoire :  les autorités nigériennes ont décrété le gel, jusqu’à nouvel ordre, de tous les permis miniers en cours dans le pays.

Il faut donc espérer que toute la lumière sera faite sur cette histoire, car ce qui vient de se passer est particulièrement criminel, connaissant la situation dans laquelle se débat le Niger, en proie au terrorisme depuis une dizaine d’années et sous le coup  de dures sanctions économiques commerciales et financières de la CEDEAO et de nombre de ces partenaires suite au coup du général Abdourahamane Tchiani qui a renversé le 26 juillet 2023 le président Mohamed Bazoum. Gageons surtout que toutes les personnes impliquées, si leur responsabilité est indiscutablement établie, seront châtiées à la hauteur de ce forfait qui n’honore nullement le Niger.

On en est d’ailleurs à se demander  si cet or ne proviendrait pas de mines illégales, qui sont contrôlées par les hordes terroristes qui ont fait main basse sur le Sahel et se nourrissent de nombreux trafics, que ce soit de cigarette, de drogue ou de matières premières comme l’or, voire d’êtres humains.  Malheureusement, dans cette Afrique minée par la corruption, on trouvera toujours  des fonctionnaires indélicats qui ne pensent qu’à leurs panses pour jouer ce jeu sordide au détriment de toute la Nation.

 

 

Hugues Richard Sama

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Nouvelle tournée africaine d’Antony Blinken : La sécurité encore et toujours la sécurité

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a entamé depuis le lundi 22 janvier 2024 une nouvelle tournée africaine d’une semaine. Au programme de cette sortie, la sécurité régionale, la prévention des conflits, la promotion de la démocratie, le commerce.

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Affaire Martinez Zogo: Un 1 an, 3 juges d’instruction et 0 procès

Un an et trois juges d’instruction après, c’est toujours un voile opaque qui entoure la mort de Martinez Zogo, de son vrai nom Arsène Salomon Mbani Zogo.

Après que ce dernier a été enlevé le 17 janvier 2023, alors qu’il rentrait chez lui, son corps a été retrouvé à une vingtaine de kilomètres de Yaoundé cinq jours plus tard, entièrement nu et portant des traces de sévices. C’était le début de l’affaire Zogo, alors journaliste à Amplitude FM où chaque matin dans son émission Embouteillages il dézinguait littéralement les hommes publics dont il brocardait les faits et surtout les méfaits, notamment les détournements.

C’est peu donc de dire que tout au  long de ces années d’activité, il s’est fait un paquet d’ennemis qui n’auraient pas hésité à le faire taire définitivement.

Très vite, la piste des enquêteurs va d’ailleurs les conduire vers l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, dit «AB», et le chef de la Direction générale des renseignements extérieurs (DGRE), le commissaire-divisionnaire Léopold Maxime Eko Eko. Les deux pontes ainsi qu’une vingtaine d’autres suspects seront entendus, inculpés puis déposés à la prison de Kondengui à Yaoundé.

Pour autant, on ne peut pas dire que le dossier Zogo est particulièrement lancé ; bien au contraire. Il a semblé marquer le pas surtout avec l’affaire de la vraie-fausse libération provisoire des deux huiles ci-dessus citées. Le 1er décembre 2023 en effet, une ordonnance de mise en liberté qui a circulé sur les réseaux sociaux annonçait leur libération provisoire  avant que, quelques heures plus tard, un document signé par le même juge d’instruction du tribunal militaire de Yaoundé vienne nier l’authenticité de l’ordonnance de mise en liberté.

C’est sur ces entrefaites que le troisième juge d’instruction à connaître du dossier, le colonel Pierrot Narcisse Ndzie, a été nommé le 19 décembre dernier. Très rapidement, le même jour, il a entendu et inculpé le maire de la commune de Bibey, Martin Stéphane Savom, qui est venu grossir les rangs des présumés auteurs, complices et commanditaires de l’assassinat du journaliste.

On en est donc là douze mois après, sans qu’on  puisse savoir véritablement quand l’instruction  sera bouclée, à plus forte raison quand aura lieu un procès pour que les proches et les collègues du supplicié sachent ce qui s’est passé pour pouvoir faire le deuil, cela d’autant plus que le corps de notre confrère est toujours sous scellés à la morgue.

L’autre question qu’on ne peut manquer de se poser, c’est de savoir s’il y a éventuellement une connexion politique dans cette affaire.

Quoi qu’il en soit, si des personnalités de premier plan comme l’opérateur économique et l’ex-patron des espions camerounais sont effectivement mouillées dans ce dossier, c’est qu’à tout le moins, l’environnement politique est favorable à ce genre de situation, quand bien même il serait hasardeux de voir la main du pouvoir camerounais dans cette histoire.

Mais dans l’espèce de démocrature qu’est le Cameroun depuis très longtemps avec un monarque à sa tête depuis maintenant quatre décennies, il n’y aurait rien d’étonnant si certains responsables pensent avoir droit de vie et de mort sur des citoyens qu’ils considèrent comme leurs sujets.

 

Hugues Richard Sama

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CAN 2023: La sécurité, l’autre défi de la Côte d’Ivoire

A  partir du samedi 13 janvier 2024, la Côte d’Ivoire deviendra un immense parc zoologique.

La 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui était censée se jouer en 2023 mais a été reportée de six mois en raison des mauvaises conditions climatiques de la période des vacances, démarre en effet ce week-end.

Pendant un mois, les 24 équipes qualifiées vont rivaliser de combativité et d’ardeur pour arracher le trophée le plus convoité de l’Afrique du foot.

Comme à chaque CAN, on aura le sentiment de faire une excursion dans les forêts et les savanes du continent, dans la mesure où nombre de formations ont pour nom un animal, à commencer par le pays hôte, les Eléphants de Côte d’Ivoire. Viennent ensuite, entre autres, les Etalons du Burkina; les Super Eagles nigérians ; les Aigles du Mali, ceux de Carthage de Tunisie ; les Lions indomptables du Cameroun ; les Lions de l’Atlas du Maroc, les Lions de la Teranga du Sénégal;  les Fennecs d’Algérie; les Palancas Negras (antilopes noires) de l’Angola, le Syli (Eléphant)  guinéen, les Léopards de la RDC, les Scorpions de la Gambie et les Requins bleus du Cap-Vert. Si on excepte quelques cas, c’est vraiment le règne des animaux.

Entre la force de l’éléphant, la vitesse de l’étalon, la combativité du lion, la vivacité de l’aigle ou  la ténacité du scorpion, la bataille sera rude.

D’ores et déjà, à 48h du début de la compétition, on peut dire que les conditions sont réunies pour que la fête du football soit belle. Les autorités ivoiriennes n’ont pas lésiner sur les moyens, à commencer par le président ADO lui-même qui en a fait une affaire personnelle. A la faveur du dernier remaniement, n’a-t-il pas confié le maroquin du Sport au Premier ministre Robert Beugré Mambé lui-même, preuve s’il en était que cette CAN est une véritable affaire d’Etat ?

Qu’il s’agisse des infrastructures sportives, notamment les stades, que celles hôtelières ; routières, à J-2, du coup d’envoi, tout semble indiquer, sauf grain de sable de dernière minute, que la machine est bien huilée et est prête à démarrer.

Reste un autre défi, non moins important, celui sécuritaire. Certes, la Côte d’Ivoire, à l’image des autres pays de la côte ouest-africaine, n’est pas submergée par le flot terroriste qui ravage le Sahel, mais on ne saurait oublier que le pays d’Houphouët est adossé au Mali et au Burkina, deux pays qui sont littéralement embourbés dans cette crise sécuritaire et humanitaire et qui se débattent comme ils peuvent pour en sortir. Le pays lui-même a subi de par le passé plusieurs attaques, notamment à Grand- Bassam le 13 mars 2016 qui ont fait 19 victimes civiles et militaires.

Pour cette CAN, près de 20 000 éléments ont été mobilisés pour assurer la sécurité non seulement des acteurs mais aussi des milliers et des milliers de supporteurs qui vont déferler de tous les quatre coins du continent si ce n’est du monde.

Il ne reste donc plus qu’à souhaiter que le spectacle soit au rendez-vous et qu’au soir du 11 février le meilleur gagne.

 

Hugues Richard Sama

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