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Capture d’un chef terroriste par Barkhane: Un cadeau d’au revoir un peu gênant pour le Mali

On croirait presque à un cadeau d’au revoir. L’état-major des armées françaises a en effet annoncé la capture d’un des chefs de l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS).

C’est dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 juin 2022, aux confins de la frontière entre le Mali et le Niger, qu’il a été cueilli. Son nom : Oumeya Ould Alkabaye.

Selon le communiqué, il «était le chef de l’EIGS pour le Gourma, au Mali, et pour l’Oudalan, au nord du Burkina Faso. Il a organisé plusieurs attaques contre différentes emprises militaires au Mali, dont celle de Gao. Il dirigeait des réseaux de mise en œuvre d’engins explosifs improvisés. Il était par ailleurs responsable d’un grand nombre d’exactions et d’actions de représailles menées par l’EIGS contre les populations maliennes et burkinabè».

Pour une prise importante, c’en est vraiment une, même si l’intéressé est loin d’être un des émirs du terrorisme au «Sahelistan» dont les plus recherchés demeurent Iyad Ag Ghali du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et Amadou Koufa du Front de libération du Macina (FLM), après que Mokhtar Belmokhtar (présumé mort depuis novembre 2016),  Abdelmalek Droukdel et Abou Walid al-Sahraoui ont été tués par Barkhane.

Cette capture d’Alkabaye intervient alors que les soldats français sont en train de faire leur paquetage depuis un certain temps après avoir été déclarés personæ non gratæ par les autorités de la transition malienne qui ont préféré quitter les ailes protectrices du Coq gaulois pour se réfugier entre les grosses pattes de l’Ours russe.

Les unes après les autres, les principales bases de Barkhane et de la force européenne Takuba sont en train d’être démantelées. Dernière en date, celle de Ménaka, au nord-est du pays dans la fameuse zone dite des trois frontières, transférée pas plus tard que lundi dernier aux Forces armées maliennes (FAMA).

C’est l’avant-dernière étape d’un retrait qui s’effectuera en bon ordre selon l’Hexagone. Il ne reste guère plus que le PC de Gao pour boucler la boucle. Les soldats tricolores sont censés quitter définitivement les sables mouvants du Mali avant la fin de l’été pour une «réarticulation du dispositif», selon la formule officielle de Paris, qui prendrait en compte l’extension du péril terroriste vers le golfe de Guinée.

D’ici là, tout en effectuant son repli, Barkhane continuera donc d’opérer et la capture d’Oumeya Ould Alkabaye en est l’illustration.

Le précieux colis devra d’ailleurs en principe être remis aux responsables maliens comme c’est d’usage. Soit dit en passant, on se demande, si à défaut d’être empoisonné, un tel cadeau n’est pas un peu gênant pour Assimi Goïta, venant d’une France qu’il accuse de tous les péchés du Mali et contre laquelle il instruit depuis son arrivée aux affaires un procès en incompétence pour n’avoir pas vaincu le terrorisme malgré 10 ans de présence continue.

En réalité, au-delà de l’aspect somme toute symbolique, il faut se garder de se réjouir outre mesure de cette arrestation.

D’abord, parce qu’il faut bien plus que ça pour neutraliser l’hydre terroriste dont les multiples têtes, comme celle d’Alkabaye, repoussent aussitôt qu’on les a coupées.

Ensuite, parce que ces prisonniers de guerre font parfois l’objet «d’échange-marchandises» comme on l’a vu le 8 octobre 2020 avec la libération de l’ancien Premier ministre malien, Soumaïla Cissé, de Sophie Pétronin et de deux otages italiens contre l’élargissement d’une centaine de terroristes qui étaient détenus dans les prisons maliennes.

On ne sera donc pas étonné qu’un jour celui qui est en train de réfléchir entre quatre murs sur son sort soit remis en liberté pour d’obscures raisons.

 

Hugues Richard Sama

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Visite Macky Sall à Moscou: Pour porter l’inaudible voix africaine

Il en avait formulé le vœu le 22 mai dernier, à la faveur  de la visite  du chancelier allemand Olaf Scholz à Dakar. Ça devrait être chose faite aujourd’hui.

Le Sénégalais Macky Sall porte en effet sa casquette de président en exercice de l’Union africaine (UA) pour se rendre à Moscou en compagnie de Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA. On ne sait pas pour le moment si les deux visiteurs se rendront,  dans la foulée, à Kiev pour rencontrer le président Zelensky, qui avait introduit une demande pour s’adresser aux dirigeants africains.

L’objectif de ce débarquement sur la Place rouge, c’est de «porter la voix de l’Afrique» dans la guerre que livre la Russie à l’Ukraine depuis un peu plus de trois mois. Un trimestre qui, en plus de détruire littéralement le pays envahi, qui ploie sous les bombes russes, particulièrement dans le Donbass, a considérablement perturbé les circuits d’approvisionnement à travers le monde et provoqué une flambée de certains produits comme les hydrocarbures et le blé, dont les deux pays font partie des principaux exportateurs.

Ce renchérissement sur les marchés mondiaux frappe de plein fouet l’Afrique, qui importe 32% de ses besoins en blé de Russie et 12% d’Ukraine.

Comme c’est souvent le cas, qu’il s’agisse par exemple du dérèglement climatique ou des turbulences politiques comme dans le cas présent, ce sont souvent les puissants qui sèment le chaos dont les plus faibles, notamment les Africains, subissent les contrecoups.

C’est donc surtout en victimes collatérales que les deux missi dominici de l’organisation continentale se rendent au Kremlin pour prêcher la paix et travailler à un cessez-le-feu. Le chef de l’Etat sénégalais devrait d’ailleurs plaider la cause de l’Afrique pour des facilités d’approvisionnement.

«Porter la voix de l’Afrique» : Voilà sans doute une noble mission, mais le continent noir a-t-il vraiment voix à ce chapitre où même l’organisation des Nations unies n’arrive pas à s’imposer, laissant l’Union européenne et les États-Unis, à la fois juges et parties, s’agiter comme ils peuvent face à l’impassible Vladimir Poutine qui se voit en nouveau Tsar, rêvant de la grandeur passée de l’Empire?

On l’aura compris, ce séjour moscovite de 48h, c’est plus pour marquer le coup que pour obtenir des résultats et des engagements fermes. On pourrait même y voir une forme de gesticulations diplomatiques de la part du président d’un pays qui s’était bien gardé, le 2 mars dernier, de voter la résolution onusienne qui exigeait de la Russie de «cesser immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine».

Pendant qu’on y est, cette Union africaine, qui se pique aujourd’hui de s’occuper des problèmes du monde, est-elle seulement capable d’éteindre ses propres foyers de tension comme en Éthiopie, au Sahara occidental et entre la RDC et le Rwanda?

 

Hugues Richard Sama

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36 mois de transition en Guinée : La CEDEAO peut aller se faire cuire un œuf !

 

Alea jacta est ! Le sort en est jeté, ou plus exactement le Conseil national de transition (CNT) a tranché. Mamady Doumbouya est parti pour 36 mois de transition. Lui qui en voulait 39 ne devrait pas faire  la fine bouche. 3 mois de transition en moins, ce n’est pas la mer à boire. Encore que tout se soit passé comme dans un scénario écrit d’avance.

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La CEDEAO et l’agenda des transitions : Le Burkina à l’école du Mali ?

 

La réaction officielle des autorités burkinabè sur les décisions du dernier sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO était  très attendue. Elle a été enfin rendue publique dans l’après-midi du 31 mars 2022 au cours d’une conférence de prÒesse animée par le ministre porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo.

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Incendie imprimerie Banque de France: Chamalières brûle, le débat sur le CFA s’enflamme

Chamalières ! Cette grande station thermale  du Puy-de-Dôme en France, encore inconnue en Afrique il y a quelques années de cela, nous est désormais familière. Et pour cette raison : c’est dans cette petite commune d’un peu plus de 20 000 habitants située au centre de l’Hexagone que se trouve l’imprimerie de la Banque de France qui fabrique environ 2,5 milliards de billets par an, notamment l’euro et de nombreuses autres devises, parmi lesquelles le franc CFA.

Chamalières est donc forcément au centre de la polémique qui agite la zone franc en Afrique où une certaine opinion réclame à cor et à cri le divorce monétaire d’avec la France pour une véritable indépendance économique et financière.

Quand l’imprimerie de Chamalières brûle, c’est le débat sur  le franc CFA qui s’enflamme  sur les réseaux sociaux comme on l’a vu hier dans nos différents pays.

Ce mercredi 9 février 2022 en effet, un incendie dont l’origine n’est pas encore connue  s’est déclaré au service «origination» de la Banque de France où se trouve l’ordination qui  conçoit les billets.

Parti de ce labo de design de billets, le feu s’est propagé très rapidement. Mais fort heureusement, l’atelier de production n’a pas été touché, et il n’y a pas eu de victimes, tout juste quelques dizaines de personnes incommodées par la fumée dont quatre ont été transportées au CHU le plus proche. Autant dire que les conséquences de ce sinistre, si elles existent vraiment, sont infimes.

Voici donc que ce qui n’aurait été qu’un banal fait divers digne de la rubrique des chiens écrasés des journaux est devenu un véritable problème de politique monétaire qui remet au goût du jour le débat sur l’avenir du franc CFA.

Tout le monde y est allé de ses conjectures, certaines thèses complotistes y voyant même presque un incendie provoqué lié à l’avenir du franc CFA et à la naissance de l’ECO, quand d’autres, à l’esprit particulièrement imaginatifs, pensent que ce pourrait être dû aux bisbilles politico-diplomatiques qui secouent l’axe Paris-Bamako.

Certes, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la banque démission de l’UEMOA, est réputée être le plus grand client de Chamalières hors zone euro et pourrait donc perdre gros en cas de rupture, mais de là à voir le diable partout, il y a certainement un pas qu’il faut se garder de franchir.

S’il est légitime que les pays africains veuillent battre monnaie, signe d’une certaine indépendance vis-à-vis de l’ancienne puissance tutélaire dont l’image est particulièrement écornée dans nos pays, le débat qui se mène maintenant depuis quelques années est plus politico-idéologique que véritablement économique et monétaire. Des considérations dont il faut tenir compte sans doute sans penser pour autant que c’est parce que nous aurions notre clou que le développement tant attendu viendrait ipso facto comme par un coup de baguette magique.

Il faut du reste, selon les spécialistes, faire le distinguo entre la création d'une monnaie, qui est un acte politique, et sa fabrication, qui obéit plus à des préoccupations technologiques liées à la sécurité, à la sûreté, etc.

Ce n'est donc pas parce que nous aurions en toute indépendance notre propre monnaie, qu'elle s'appelle ECO ou autre, qu'on l'imprimerait à Kalgondin (Ouagadougou), à Yopougon (Abidjan), à la Médina (Dakar) ou à Harobanda (Niamey). Si ce n'est pas à Chamalières, il y a toutes les chances que ce soit à Londres, à Munich ou ailleurs. La preuve, selon certaines estimations, est que ce sont en tout 43 pays africains qui impriment leur monnaie hors du continent.

 

Hugues Richard Sama

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Avènement du MPSR : La profession de foi de Paul-Henri Damiba

 

Même s’il était présent sur les images de la télévision nationale du Burkina le lundi 24 janvier 2022 en fin de journée, il avait laissé le soin au jeune capitaine Sidsoré Kader Ouédraogo d’annoncer la prise du pouvoir par les militaires et l’avènement du MPSR, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration. Cette fois, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba  a pris la parole publiquement lui-même.

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Sanctions de la CEDEAO contre le Mali: L’UAS interpelle le Président du Faso

Les gestes de solidarités émanent de toutes parts pour soutenir le Mali, confronté à des sanctions jugées «inhumaines» de la CEDEAO et de l’UEMOA. Dans la présente déclaration, l’Unité d’action syndicale (UAS) dénonce une politique de «deux poids deux mesures» et en appelle au Président du Faso sur les conséquences de ces sanctions sur la situation sécuritaire du Burkina.

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