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Procès Nigériens au Bénin : Le pétrole continue de polluer l’axe Niamey-Cotonou

C’est un lendemain amer de la Tabaski que vivent 3 officiels nigériens au Bénin.  Arrêtés le 12 juin dernier, ils sont accusés de ‘’fausse attestation et usage de faux en attestation’’ pour être allés sur la plateforme de chargement de pétrole de Sémè-Kpodji avec des badges présumés faux.

 

 

 De 5 prévenus interpellés au départ, ils sont 3 à avoir été inculpés et déférés devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) à Cotonou. Le procès de ces accusés emblématiques, parmi lesquels la directrice générale adjointe de WAPCO Niger, filiale de la Société nationale du pétrole de Chine, a débuté hier en début d’après-midi. Ils encourent des peines d’un à cinq ans de prison ferme.

Ces arrestations et le procès qui s’en est suivi constituent une escalade dans la détérioration des relations entre le Bénin et le Niger. C’est connu, Cotonou et Niamey se regardent en chiens de faïence depuis le putsch du général Tiani en juillet 2023. Près d’un an après, le torchon brûle de plus belle au point que plus d’un observateur se demande jusqu’où ces relations de mauvais voisinage peuvent dériver.

C’est d’abord le président Patrice Talon qui s’est illustré comme l’un des chefs d’Etat le plus virulent de la CEDEAO, en matière d’injonctions, de sanctions et d’intervention militaire contre le Niger. De guerre lasse et devant l’incongruité d’une telle posture, il a fait profil bas quand l’organisation régionale a décidé de lever les sanctions contre les 3 Etats alliés du Sahel. Contre toute attente, c’est le général Tiani qui, à son tour, a apporté de l’eau au moulin des relations tendues entre son pays et le Bénin en gardant les frontières du Niger avec ce voisin fermées, accusant Patrice Talon d’abriter au Bénin des camps d’entraînement terroristes qui menacent l’AES.

 Cette situation de frontières unilatéralement fermées entrave considérablement les échanges commerciaux entre Niamey et Cotonou. Réplique du berger à la bergère, le Bénin décréta un embargo sur l’exportation du pétrole nigérien par l’unique porte de sortie sur la mer, le pipeline qui débouche à Sèmè-Kpodji au port de Cotonou. Néanmoins, une médiation chinoise avait permis le chargement d’un premier pétrolier à la mi-mai. Mais il faut croire que les partisans d’une décrispation rapide des relations entre Cotonou et Niamey ont crié trop tôt victoire. En effet, l’interpellation d’officiels de WAPco Niger partis pour superviser l’exportation du pétrole brut par le port de Cotonou a ravivé la tension diplomatique entre les 2 voisins. Le Niger a ainsi suspendu le transit de son pétrole par le gazoduc via le port de Cotonou et le Bénin a collé un procès aux 3 Nigériens ‘’kidnappés’’, selon les déclarations du gouvernement d’Ali Lamine Zeine. De quoi mettre plus d’eau dans le gaz de ses relations exécrables entre les 2 pays.

Pendant combien de temps va durer ce bras de fer totalement improductif à tous les niveaux : politique, économique, social et culturel ? Les commerçants des villes et villages frontaliers, les transporteurs qui empruntent ce corridor et même le Trésor public des 2 pays ne nous diront pas le contraire.  Les pertes sont énormes à cause d’un orgueil diplomatique démesuré de part et d’autre. La justice, par la relaxe ou des peines de sursis, va-t-elle aider à évacuer l’eau du gaz de ce pipeline, hautement stratégique entre Agadez et Cotonou ?

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification lemardi, 18 juin 2024 21:15

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