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Hamadoun Bah libéré au Mali : Sauvé par le mouton sacrificiel de la Tabaski ?

Un des responsables du Syndicat national des banques, des assurances, des établissements financiers et des entreprises du Mali (SYNABEF), Hamadoun Bah, arrêté quelques jours plus tôt et placé en détention dans une prison de la capitale, pour « faux et usage de faux », a été libéré le lundi 10 juin dernier.

 

C’est l’information donnée dans un communiqué par Abdoulaye Keita, le premier secrétaire adjoint du syndicat. Dans ledit communiqué, celui-ci a affirmé que : « Nous avons le plaisir de vous informer de la mise en liberté de notre camarade secrétaire général du SYNABEF, Hamadoun Bah ». Avant de poursuivre : « En conséquence, le mot d’ordre d’arrêt de travail est levé et nous invitons dès l’instant tous nos militants à reprendre le travail ».

Hamadoun Bah, leader syndical et membre influent de l’Union national des travailleurs du Mali (UNTM), la plus grande organisation syndicale du pays a été arrêté mercredi 5 juin à la suite d’une plainte déposée par un ancien membre de son comité syndical de la Banque de développement du Mali (BDM), Papa Sadio Traoré, pour « faux et usage de faux », mais aussi pour « injures » et « diffamation », plainte qui a ensuite été retirée.

Le SYNABEF avait alors suspendu celui-ci de toutes ses activités syndicales à la veille du renouvellement du bureau du comité syndical, l’empêchant ainsi d’être candidat pour un nouveau mandat. Un nouveau bureau a été mis en place. Suite à l’éviction de Papa Sadio Traoré, ce dernier a porté plainte contre Hamadoun Bah au tribunal du pôle national économique et financier. C’est suite à cette plainte que Bah a été placé sous mandat de dépôt, et incarcéré à la prison centrale de Bamako par le procureur du pôle national économique et financier.

Son incarcération avait provoqué un tollé général qui avait conduit à un mot d’ordre de grève très suivi par les banques du Mali et par plusieurs stations d’essence qui avait paralysé tout le pays. Une vague de mobilisation syndicale sans précédent au Mali, une lutte menée par l’UNTM et soutenue par divers syndicats nationaux et internationaux.

De quoi donner des insomnies à plus d’un Malien, déjà accablé par tant de tracas quotidiens. La libération de Hamadoun Bah peut paraître une surprise, la pression du mouvement syndical ayant visiblement réussi à faire plier les autorités de la Transition malienne. Dans cette affaire, il y a, en effet, eu un allié surprise. Notamment le palais de Koulouba. Etonnant, étrange car pour autant qu’on sache, il n’avait pas ses entrées à la présidence de la république. Une affaire d’Etat donc qui a fini par impliquer l’exécutif. Le président de la Transition a reçu pour cela une délégation de l’UNTM, en compagnie du ministre de la Défense et du secrétaire général de la présidence. Des dispositions ont été prises au sommet de l’Etat pour un dénouement heureux de la situation.

Cette affaire intervient à quelques jours de la Tabaski, fête qui rappelle la soumission d’Ibrahim à Dieu, lorsque Celui-ci lui demande de sacrifier son fils.

Une fête célébrée comme il se doit à travers le monde, au Mali, notamment où la majeure partie de la population est très musulmane. Ce serait alors une catastrophe si la grève perdurait jusqu’à la fête du sacrifice, communément appelée Aïd el Kébir ou Tabaski, prévue dimanche 16 juin prochain.

Le moins que l’on puisse dire est que des circonstances religieuses ont joué dans le dénouement de cette affaire. On ne peut cependant manquer de se demander si l’élargissement d’Hamadoun Bah vaut extinction de la poursuite judiciaire, et que la fête prochaine de la Tabaski contribuera à régler définitivement cette affaire. Il peut donc dire merci au mouton qui sera sacrifié, au lieu de lui-même qui serait le mouton sacrificiel qui aurait été sacrifié sur l’autel de rivalités au sein du syndicat pour des questions de leadership.

 

D. Evariste Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 13 juin 2024 22:05

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