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Tchad : Grogne sociale contre l’austérité budgétaire

 

Baisse des salaires et des indemnités des fonctionnaires de l’Etat pendant  que les prix de l’eau, du carburant, les taxes  et  les frais d’inscription dans les universités augmentent, voilà de quoi hérisser les poils de tout  syndicat ! Ceux du Tchad ne font pas exception à la règle, qui sont en colère contre le gouvernement d’Idriss  Deby.

 

 

Le pays vit donc, depuis l’adoption de la loi de finances 2018, dans une tension sociale palpable qui a connu un pic cette semaine. Les transporteurs avaient donné le la de cette semaine socialement agitée par une grève, le lundi 22 janvier, qui a paralysé tout le pays. Ils ont été imités le jour suivant par les élèves et les étudiants dont les manifestations impromptues ont donné lieu à des courses-poursuites entre eux et les forces de l’ordre dans les rues de N’Djamena.

Le clou des manifestations de mécontentement, une marche pacifique, annoncée pour hier jeudi, a été cassé par un impressionnant dispositif de sécurité qui a quadrillé tout N’Djamena durant la journée : la police, la gendarmerie, la garde nationale avaient investi aux premières heures de la matinée les points stratégiques de la capitale, notamment les 10 points de ralliement des manifestants qu’avait choisis le Collectif des organisations de la société civile. Tout attroupement était dispersé sans ménagement, de sorte que la marche projetée a été étouffée dans l’œuf.

 

Les autorités tchadiennes, depuis novembre 2014, où une marche contre la vie chère avait dégénéré en vandalisme avec à la clé 05 pertes en vie humaine, ont pris l’habitude d’interdire les marches à N’Djamena. Elles n’ont pas dérogé  à cette règle non écrite, et c’est par un communiqué dans les médias publics et sur les téléphones portables des abonnés aux réseaux de téléphonie mobile du pays qu’elles ont fait connaître leur décision d’interdire cette marche. Elle n’eut pas lieu, mais l’on se demande pendant combien de temps encore le pouvoir de Deby pourra contenir la grogne des Tchadiens :

 

en effet, l’intersyndicale a annoncé que la trêve sociale qu’elle observe depuis plus d’un an pourrait être rompue à cause de la diminution constatée des salaires des agents de la fonction publique ; de son côté, le Collectif contre la vie chère a fait savoir que les Tchadiens devraient sortir de leur torpeur pour rejeter « la mauvaise gouvernance, les injustices de toutes sortes et les mesures antisociales prises par le gouvernement. »

 

On le voit bien, ces journées  agitées à N’Djamena pourraient en annoncer d’autres, car le Tchad est frappé de plein fouet par une sévère récession depuis la chute des cours du pétrole. La crise persistant, le gouvernement a imposé des mesures d’austérité pour pallier le déficit budgétaire. Temps difficile donc pour le Tchad et l’on s’interroge sur les turpitudes du gouvernement Deby qui, durant la période des vaches grasses, où un baril de pétrole était vendu à plus de 150 dollars, n’a su anticiper une chute des cours de l’or noir. Et voici venue la période des vaches maigres pour le Tchad et l’on se demande où sont passées les réserves de fonds qui devraient être constituées pour les générations futures. Posez la question aux marchands d’armes et tant pis si aujourd’hui le fonctionnaire tchadien crie famine et demande une juste répartition des efforts d’économie budgétaire. Mais ainsi va l’Afrique des pouvoirs sclérosés à force de perdurer aux affaires. Ils ne manquent pas seulement d’initiatives novatrices ; ils manquent jusqu’au bon sens qu’enseigne l’adage : « gouverner, c’est prévoir.»

 

 

Zéphirin Kpoda

 

Dernière modification ledimanche, 28 janvier 2018 18:31

Commentaires   

0 #1 Nobga 26-01-2018 13:07
Eux au moins ils ont du pétrole. Nous on n' a en pas, mais on n'a pas conscience qu'on n'en a pas.
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