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Rencontre Macron / diasporas africaines : Tout ça, c’est woba woba

 

Le président français, Emmanuel Macron, a rencontré hier jeudi à l’Elysée une délégation des diasporas africaines vivant dans son pays. 350 délégués triés sur le volet ont eu le privilège de dialoguer avec Jupiter, le président Akufo Nana-Addo du Ghana à ses côtés. Au menu de leurs échanges, les relations de la France avec les Etats africains.

 

 

 

 

Pour une première, c’en est vraiment une, et l’on se réjouit de l’initiative du président français de prendre langue avec les Africains vivant dans son pays. On s’en félicite parce que, un tant soit peu, cette rencontre va contribuer à battre en brèche les préjugés sur ces immigrés perçus par beaucoup de Français comme des « envahisseurs » venus leur prendre des emplois et profiter sans le mériter d’une protection sociale généreuse. En décidant de recevoir et d’écouter des délégués de ces travailleurs immigrés, Emmanuel Macron indique clairement que la grande majorité d’entre eux ne sont pas des clandestins, parasites d’une économie que leur manque de qualification professionnelle contribuerait à tirer vers le bas. Cette rencontre élyséenne va donc hérisser les poils de bien des lepénistes à l’esprit étroit, mais elle dit bien ce qu’elle veut dire : les diasporas africaines participent à construire une France prospère et peuvent donner des avis pertinents sur les relations entre leur pays d’adoption et leurs patries d’origine. Va donc pour la valorisation de l’image des diasporas africaines dans l’Hexagone, mais gare à leur instrumentalisation à des fins de politique politicienne !

 

Le dialogue direct, dans le style questions-réponses, où Emmanuel Macron joue le professeur dialecticien, assenant des vérités sur ses options politiques à un auditoire conquis par son verbe, est devenu le dada de sa communication. Il s’y sent comme un poisson dans l’eau et a donné toute la mesure de sa maîtrise de l’exercice en novembre 2017 devant les étudiants à Ouagadougou et dans les multiples forums organisés dans plusieurs régions de France pour contrer les Gilets jaunes. Qu’il remette le même couvert avec ses invités des diasporas africaines pour servir le délicat plat des relations France- Afrique  commence à ressembler à un disque rayé. De fait, que peut dire encore Jupiter sur les relations entre son pays et le continent Noir qui n’ait été déjà  dit ? Que la Françafrique, c’est finie ? Que son gouvernement veut construire en lieu et place une relation gagnant-gagnant ? C’est du déjà entendu et, comme dirait le reggae man Tiken Jah Fakoly : « Tout ça, c’est woba woba », comprenez par là des paroles en l’air sans prise avec la réalité.

 

De fait, Emmanuel Macron, qui veut rompre avec la Françafrique et ses réseaux nébuleux, a pourtant remplacé les anciennes cellules africaines de l’Elysée par le très officiel Conseil présidentiel pour l’Afrique et se montre frileux quand on parle du décrochage du franc CFA de l’euro et surtout du rapatriement des réserves de change  et du dépôt d’or de la zone à la Banque de France. En fait, Emmanuel Macron s’exprime beaucoup sur la rupture des relations à l’ancienne entre son pays et le continent africain, mais la vérité, c’est que la vieille matrice dans laquelle elles sont moulées depuis le général de Gaulle, celle de la France qui a des intérêts et pas d’amis, demeure. Dès lors, quand la France s’investit dans la promotion de la démocratie, des droits de l’homme et dans la lutte contre le terrorisme en Afrique, on sent encore de la condescendance et comme un droit de regard sur un pré carré qu’elle n’est pas prête à abandonner. La présence à ses côtés d’Akufo Nana-Addo ce jeudi, président d’un pays anglophone  membre du Commonwealth, ne change rien à la donne.

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 14 juillet 2019 21:59

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