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Crise libyenne : Le Haut-Comité de l’UA se donne bonne conscience à Brazzaville

 

La crise libyenne est devenue un véritable casse-tête pour les diplomates de la communauté internationale : ONU, UA, UE, Ligue arabe, toutes ces organisations ne savent plus à quel médiateur se vouer pour obtenir un cessez-le-feu durable avec à la clef  des négociations directes entre les deux factions belligérantes.

 

 

Ce mois de janvier aura été particulièrement prolifique en réunions de haut niveau pour sortir ce pays de l’ornière de la guerre civile. Hélas ! De la réunion de Moscou, le 13 courant à celle  tenue hier à Brazzaville, en passant par la conférence de Berlin le 19 janvier et à la rencontre d’Alger quatre jours plus tard, on assiste seulement à des esquisses du dialogue entre Fayez el-Sarraj et Khalifa Haftar, les deux chefs de guerre qui se disputent le contrôle du territoire libyen.

 

En tout cas, la réunion du Haut-Comité de l’UA s’est tenue dans un contexte de violation du cessez-le-feu intervenu dans la première semaine de 2020, en même temps que la mission des Nations unies en Libye déplorait le non-respect de l’embargo sur les armes et la persistance des ingérences extérieures dans le conflit. A l’évidence, les résolutions de l’ONU, réaffirmées lors de la conférence de Berlin, sont restées au stade des bonnes intentions. Pire, les deux camps belligérants, avec l’appui de leurs alliés, continuent ostensiblement de renforcer leurs arsenaux militaires. C’est comme s’ils se préparaient à un affrontement décisif au cours duquel chaque faction espère porter le coup fatal à l’ennemi. Pourtant, plus d’un observateur estime qu’il n’y a pas de solution militaire à cette crise qui n’a que trop duré.

 

Comme l’ONU peine à y apporter une solution probante, l’UA ne fait pas mystère  de ses intentions de reprendre en main ce dossier. La réunion de Brazzaville participe donc à la recherche d’une plus grande implication du continent africain dans la résolution de cette crise. Cette volonté des chefs d’Etat africains de ne pas être en marge de la recherche des solutions à ce conflit se justifie à plus d’un titre : en effet, malgré ses atouts économiques et géostratégiques d’envergure internationale, l’effondrement de l’Etat libyen affecte principalement l’Afrique. On en voudrait pour preuve la situation sécuritaire délétère que vivent actuellement les pays du Sahel et l’aggravation de l’émigration clandestine vers l’Europe, dont la Libye est devenue une plaque tournante avec un impact dommageable sur les pays voisins.

 

Là où l’ONU peine à se faire entendre, l’UA fera-t-elle mieux ? Rien n’est moins sûr. D’abord parce que les pays africains ne parlent pas le même langage sur le dossier libyen ; ensuite ils n’ont aucun moyen de pression sur les belligérants ; enfin, bien de pays ont des priorités nationales qui les empêchent de se consacrer pleinement à la résolution de cette crise : ainsi, à la réunion d’hier à Brazzaville, outre le président hôte, seulement deux de ses pairs sur les dix que compte le Haut-Comité de l’UA sur la Libye étaient présents. Côté libyen, seul Fayez el- Sarraj a daigné faire le déplacement. Dur dur alors d’être optimiste que Brazzaville aura plus de succès que Moscou, Berlin et Alger à convaincre les protagonistes libyens d’accepter l’idée d’un forum de réconciliation nationale. D’ailleurs pour les analystes les plus pessimistes, Denis Sassou Nguesso a convoqué cette rencontre pour se donner bonne conscience : il  ne sera plus indexé de s’être tourné les pouces à la tête du Haut-Comité de l’organisation continentale.

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 02 février 2020 21:03

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