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Assemblée nationale : Heureux comme un suppléant de ministre

 

Jusqu’à la dernière minute, j’ai espéré. Ardemment espéré qu’on me contacterait, si bien que je me suis procuré un Power-bank de dernière génération, un plan B pour éviter la fatale excuse du fameux « Ton portable était éteint ou quoi ? » à ceux qui devraient bien prendre langue avec moi et me proposer un maroquin ministériel.

 

Fou et trop imbu de ma modeste personne ? Que nenni. Comme il arrive que l’on fouille du côté des gratte-papier, fussent-ils dans la pénombre, je pensais mon heure enfin venue. Et puis, peut-être qu’au nom du sacro-saint principe de l’équilibre ethnico-régional, je pensais bien avoir mes chances. C’est vrai qu’il y avait déjà un Barry en pole position, qui peut faire de l’ombre à mon étoile, mais l’espoir était toujours permis.

 

Jusqu’à ce que la Lucarne nationale, à 20 heures, m’extirpe de mon rêve douillet. Je dois, une fois de plus, faire le deuil de mon ambition de faire partie du gouvernement du Burkina Faso. Ils doivent bien être nombreux ceux qui, comme moi, caressaient le secret espoir de passer de l’ombre à la lumière sous les hourras des parents, amis et connaissances, plus ou moins désintéressés. Et savez-vous qu’il y avait une autre classe qui était tout aussi abonnée aux longues nuits blanches dans l’attente de la grande décision ? Eh bien, ce sont les suppléants de personnalités, ministres ou ministrables qui, pour la plupart, venaient de valider leur mandat de parlementaire.

 

S’il y en a qui souhaitaient que le titulaire de l’écharpe tant convoitée fasse partie du gouvernement, c’est bien ceux-là. Il ne s’agit pas d’un altruisme sans bornes. Loin de là. En effet, le titulaire appelé au gouvernement, le siège à l’Assemblée est libéré. Et si c’est le cas, aujourd’hui, les incantations de leurs devins de tout acabit ont été entendues. L’on se frotte d’autant plus les mains que le titulaire du poste n’a pas eu le temps d’empoigner son premier salaire du mois, pardon, ses premiers émoluments à l’hémicycle, que le remplaçant est là, ouvrant grande sa gibecière.

 

Ainsi en est-il des  suppléants des ministres Zéphirin Diabré, Alpha Barry, Lassané Kaboré, Stanislas Ouaro, Eric Bougouma, Bachir Ismaël Ouédraogo, Siméon Sawadogo, Ousmane Nacro, Elisée Ilboudo/Thiombiano, Maxime Koné, Alkasoum Maïga, Laurence Ilboudo/Marchal, Hadja Fatimata Ouattara/Sanon, Vincent Dabilgou, Bénéwendé Stanislas Sankara et Salfo Tiemtoré. Une chose est donc sûre : si chez ces heureux  invités à la mangeoire gouvernementale ça va célébrer grave, il n’en demeure pas moins que, dans les chaumières plus modestes des suppléants, les néons de la terrasse et de la salle de séjour resteront allumés jusqu’à l’aube pour lever très haut le verre et célébrer l’alchimie qui a prévalu dans la composition du nouveau gouvernement. Mais pas que…

 

Issa K. Barry

 

Dernière modification lemercredi, 13 janvier 2021 21:48

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