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Ministère de la Défense : « Le terrorisme monte, le budget baisse »

Au cours d’un panel sur le terrorisme, organisé le 23 novembre 2018  par l’institut Free Afrik à Ouagadougou,  le Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, a pointé du doigt les incohérences du budget alloué à la Défense dont la part par rapport à la dépense publique est en baisse depuis 2015  alors que la menace sécuritaire est au plus haut.

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L’après-Mugabe: Le désenchantement

Après avoir fait de la résistance, papy avait fini par lâcher prise le 21 novembre 2017 suite au coup de Grace que lui avait assené son parti, la ZANU-PF, avec l’aide de l’armée. La goutte d’eau qui avait fait déborder le vase zimbabwéen avait en effet été le limogeage par Robert Mugabe, sur instigation de son épouse, Grace, du vice-président Emmerson Mnangagwa. Celui-là même qui, par la volonté de la Grande Muette, sera quelque temps après, fait calife à la place du calife. A l’issue d’un scénario inédit de ces putschistes qui ne voulaient pas s’avouer tels, le vieux combattant poussé vers la sortie, le nouvel homme fort se contentera de passer une fine couche de vernis démocratique sur les vestiges de la dictature. Il sera élu en juillet, à l’issue d’une présidentielle dont l’issue était connue d’avance.

Un an après, les fruits du changement n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Comment pouvait-il en être autrement quand on sait qu’il s’agissait là des pousses du même arbre, celui du système Mugabe ? Le Crocodile, comme on l’avait surnommé, qui venait de remplacer le vieux dinosaure du marigot politique zimbabwéen, n’avait-il pas été, entre autres, ministre de la Sécurité d’Etat, de la Justice, des Finances, président du Parlement ? Autant dire qu’avec de tels états de service il était tout aussi comptable du désastre politique et économique où le mugabisme avait conduit l’ancienne Rhodésie du Sud. Et 12 mois après, les habits neufs que les apparatchiks ont tenté de confectionner avec du vieux linge mettent à nu les laideurs du nouveau régime. Question d’ADN politique. Rien n’a changé au Zimbabwe et ça va de mal en pis.

La relance de l’économie et la lutte contre la corruption tardent à se concrétiser. L’inflation a de nouveau pris l’ascenseur tandis que les pénuries font leur retour, engendrant des queues interminables devant des magasins vides. A cela s’ajoute le manque chronique de liquidité qui oblige les ménages à importer aussi bien des denrées de première nécessité que de l’argent frais.

Seule faible lueur dans ce sombre tableau, la liberté d’expression qui fait son retour, même si elle n’est que toute relative, puisque opposants et syndicalistes continuent de subir les foudres d’un régime autoritaire par essence.

Face à un tel constat, on en connaît un qui du fond de sa retraite dorée doit boire du petit-lait. C’était bien la peine de défenestrer Comrad Bob juste pour rejouer le même scénario avec un casting pas si différent. Et à ce rythme, on ne serait pas étonné que certains finissent par regretter celui qui dans une autre vie était le père de l’indépendance du Zimbabwe.

 

H. Marie Ouédraogo

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Divisions opposition congolaise: Lamuka, l’accord qui réveille les vieux démons

On savait déjà que les promesses des politiciens n’engagent que ceux qui y croient. Mais là, les opposants congolais ont fait vraiment fort et vite : à peine 24 heures après la désignation à Genève de Martin Fayulu comme candidat unique de l’opposition à la présidentielle de décembre prochain, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ont, comme on le sait, déchiré l’accord qui les liait. « lamuka », tel était le nom de baptême de cet arrangement politique qui, en lingala, signifie « réveille-toi ». Une exhortation aux électeurs à se mettre debout et à prendre leur destin en main pour changer le cours des choses en RDC. De réveil en effet, il y en a eu. Mais c’est plutôt celui des vieux démons de la désunion de l’opposition et des rivalités intestines.

La faute à deux personnalités à l’ego surdimensionné et aux ambitions démesurées. Deux leaders qui ont tourné casaque au prétexte que leurs bases respectives ne sont pas d’accord avec le deal des chefs. Tout porte à croire qu’ils n’ont fait qu’instrumentaliser leurs militants. Ils savaient sans doute, au moment où ils paraphaient le document, qu’ils ne tiendraient pas parole. Et rien ! Pas même la lettre d’engagement individuel ne sera parvenue à dissuader les traîtres à la cause de l’opposition.

« Je, soussigné…, m’engage sur l’honneur à respecter scrupuleusement toutes les dispositions de l’accord de lamuka, y compris son préambule ainsi que tous les textes y afférents. Je m’engage en outre à ne pas trahir le peuple congolais en violant les dispositions précitées. Si je ne respecte pas mes engagements, je mettrai fin à ma carrière politique et je serai soumis à l’opprobre de la nation et à la sanction de mes pairs. Enfin, je prends la ferme résolution de rester fidèle au présent acte et à l’accord de lamuka. »

Tant de barrières contre les velléités de parjure érigées par les négociateurs, en vain. Au moins on sait que la parole de certains ne vaut pas un clou. Et si, alors qu’ils ne sont pas encore au pouvoir, ces acteurs politiques nient l’après-midi ce qu’ils ont affirmé avec véhémence le matin, quel crédit pourra-t-on apporter à leurs propos une fois qu’ils seront aux affaires ?

On espère au moins qu’ils auront la décence, à défaut d’arrêter prématurément leur carrière politique comme le préconise leur engagement individuel, de ne pas se présenter contre l’éphémère candidat unique de l’opposition. En tout état de cause, les électeurs congolais, au vu de ce spectacle désolant, sauront faire la part des choses le moment venu, en préférant le diable qu’ils connaissent déjà à ceux qui sortent de la bouteille et montrent déjà de quoi ils sont capables.

 

H. Marie Ouédraogo

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Procès Diane Rwigara à Kigali: Un réquisitoire qui en dit long sur un acharnement politique

 

Quinze ans pour «incitation à l'insurrection» et sept ans pour «contrefaçon de documents» ;

 

soit une peine cumulée de vingt-deux ans  requise hier mercredi 7 novembre 2018 par le procureur contre Diane Shima Rwigara. Quand on sait que c’est le maximum prévu par la loi, on mesure aisément  la détermination du ministère public à en découdre avec cette opposante à Paul Kagame.

 

Idem à l’égard de sa mère qui encourt la même peine pour « incitation à l’insurrection » et « incitation à des divisions ».

 

Ce n’est là, bien sûr, qu’un réquisitoire et non un verdict.

 

Si l’on était ici dans un véritable Etat de droit, on pouvait se remettre à l’ultime conviction du président du tribunal pour  le prononcé de la sentence, attendue le 6 décembre prochain.

 

Mais le procès de cette militante féministe, dont la candidature à la présidentielle d’août 2017 a été invalidée par la Commission électorale nationale, ainsi que celui de sa mère se déroulent au Rwanda. Et dans le pays de Paul Kagame, allez-y faire la différence entre un réquisitoire et un verdict. L’un ayant valeur de l’autre. Alea jacta est.

 

A moins que l’homme fort de Kigali, dispensateur de grâces et de disgrâces, pour ne pas dire détenteur du droit de vie ou de mort, dans un hypothétique sursaut de magnanimité,  ne lève le pouce, comme le faisaient, rarement,  les empereurs romains pour épargner la vie d’un gladiateur vaincu.

 

Mais rien n’indique que « Big Paul » est prêt à faire preuve de mansuétude envers  « l’insolente  Diane » qui a le toupet de vouloir candidater à la présidentielle. Elle qui déjà ne ménageait aucun mot pour dénoncer le régime policier rwandais.

 

On se souvient que soixante-douze heures après l’annonce de sa candidature, une photo dénudée de la jeune femme était divulguée sur la place publique.

 

Après ce sordide stratagème dont les barbouzes de Kigali ont le secret, ce fut au tour des juges d’entrer en action contre la fille de celui qui fut un temps donné le bras financier du Front patriotique rwandais (FPR), l’ex-rébellion, aujourd’hui parti au pouvoir.

 

En effet, sur les 600 signatures contenues dans le dossier de la candidate, la Commission électorale a estimé que certaines n’étaient pas authentiques. D’où le chef d’inculpation de « falsification de documents ».

 

Arrêtée par la police pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », elle sera inculpée début octobre 2017 ainsi que sa mère pour « incitation à l’insurrection ».

 

Sa libération provisoire le 5 octobre dernier, après près d’un an de prison, s’avérera n’être qu’une simple opération de charme diplomatique à l’égard d’une communauté internationale déjà très accommodante avec la « Corée du Nord de l’Afrique orientale ».

 

C’est que cet élargissement sous caution est intervenu à quelques jours de la tenue du 17e Sommet de la Francophonie à Erevan qui a consacré la nomination du ministre rwandais des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, au poste de secrétaire générale de l’organisation après une vaste campagne de lobbying menée par Paul Kagame et Emmanuel Macron.

 

La libération, quelques semaines plus tôt,  de l’opposante Victoire Ingabire et du chanteur Kizito Mihigo procédait elle aussi de la même opération de charme diplomatique.

 

Tous ceux qui avaient accueilli ces deux événements comme autant de signes de décrispation politique en sont aujourd’hui pour leurs illusions.

 

Alain Saint Robespierre

 

  

 

 

 

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Opposition congolaise: De quoi accouchera le conclave de Bruxelles ?

Va-t-on vers une candidature unique de l’opposition à la prochaine présidentielle du 23 décembre 2018 en République démocratique du Congo ? C’est en tout cas le souhait de nombreux Congolais, parmi lesquels on espère bien, ses six leaders de l’opposition que sont  Jean-Pierre Bemba, Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe, Moïse Katumbi, Adolphe Muzito et Antipas Mbusa, qui se sont retrouvés hier mercredi à Bruxelles pour des conciliabules. Après plusieurs heures de concertation, ils ont en effet  émis les vœux suivants : «Les leaders de l’opposition ont convenu de s’accorder en vue de la désignation irréversible, dans les meilleurs délais, sur une vision partagée et un programme harmonisé, du candidat commun de l’opposition à une élection présidentielle crédible, dans le souci de maximiser les chances de la gagner et de répondre aux attentes de la population de vivre une véritable alternance».

Ils ont également exigé le retour des opposants politiques exilés, certainement un clin d’œil très amical à l’un d’entre eux, Moïse Katumbi, qui n’ose plus mettre les pieds en RDC avec cette menace d’être alpagué à sa descente d’avion. Cette fois-ci, la paix des braves semble signée et les cœurs à l’unisson, si on compare la mobilisation dans la capitale belge aux deux précédentes qui se sont tenues à Kinshasa. Lors de la première, Vital Kamerhe et Adolphe Muzito étaient aux abonnés absents. Lundi dernier, c’est Félix Tshisekedi qui a fait faux bond.  L’idée de la Belgique a été finalement la bonne et on peut oser cette antienne : la mobilisation a été au rendez-vous.  

Si l’escapade belge a pu faire bouger quelque peu les lignes, il n’en demeure pas moins que ce serait de l’angélisme que de conclure que l’union des cœurs est scellée. Jusque-là, l’on se demande si les opposants congolais pourront transcender leur ego et parvenir à un accord. Rien n’est moins sûr. Et pendant qu’on y est, quelle stratégie adopteront-ils ? Boycotter si leurs exigences ne sont pas prises en compte par le pouvoir en place ou aller vers une candidature unique ? Du reste, pour tout compliquer, la disqualification des uns, à l’image de Moïse Katumbi et de Jean Pierre Bemba, qui sont des poids lourds du landerneau politique dans la patrie de  Lumumba, fait les affaires des autres, il faut le dire.

A la sortie de la rencontre, ils n’ont pas voulu donner le nom de l’heureux élu, si candidat commun il y a. Pour des raisons de sécurité, entre autres, ont-ils avancé.  Et pourtant, il y a urgence : le 23 décembre est vite arrivé. Ils ont intérêt à avoir une vue commune au plus tôt pour pouvoir appliquer leur stratégie. Sans compter que le pouvoir ne dort pas. Il travaillera certainement à les diviser pour encore mieux régner et pour longtemps, d’autant plus que l’expérience a démontré que face aux échéances électorales, les candidats de l’opposition dorment souvent dans le même lit sans avoir les mêmes rêves.

 

Issa K. Barry

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Violations des droits de l’homme au Burundi: Nkurunziza sur la sellette

Les rapports des commissions d’enquête sur les droits de l’homme au Burundi se suivent et malheureusement se ressemblent : alarmants ;

Les réactions des autorités burundaises se suivent et se ressemblent également : méprisantes.

Une fois de plus la sonnette d’alarme a été tirée ce mercredi 5 septembre depuis Genève où une énième commission d’enquête des Nations unies dirigée par le Sénégalais Doudou Diène a livré les résultats des ses investigations, une année jour pour jour après la publication, le 4 septembre 2017 du rapport d’une autre commission onusienne présidée quant à elle, par l’Algérien Fatsah Ouguergouz sur le même sujet. Déjà en 2017 les enquêteurs onusiens pointaient du doigt la responsabilité des plus hautes autorités de l’Etat accusées de favoriser des violations parfois massives des droits de l’homme« dont certaines sont constitutives de crimes contre l’humanité ».

Un an après, rien n’a changé sous le ciel plombé de Bujumbura. « Ce climat attentatoire aux droits de l’homme continue à être favorisé par des appels récurrents à la haine et à la violence de la part d’autorités, dont le chef de l’État, et de membres du CNDD-FDD, (parti au pouvoir), ainsi que par une impunité générale »Exécutions sommaires, disparitions forcées, détentions arbitraires, tortures et autres traitements cruels. Cette fois-ci, Pierre Nkurunziza, « Guide suprême éternel » du CNDD/FDD se retrouve sur la sellette, accusé au même titre que ses sbires, de vouloir maintenir son peuple sous le joug d’un régime de terreur.

Mais comme il fallait s’y attendre, à Bujumbura où les experts de Nations-Unies ne sont plus du tout les bienvenus, le rapport de Doudou Diène a connu le même accueil que ceux de ses devanciers. En effet, le gouvernement burundais pour seule défense dénonce les agissements et les mensonges d’une commission téléguidée par les capitales occidentales. C’est la rengaine servie à tout bout de champ par les prédateurs des droits humains. Une manière de battre leur coulpe sur la poitrine des institutions internationales et de tous ceux qui veulent les empêcher de sévir en paix.

Pierre Nkurunziza revient donc sur la sellette, lui qui en 2015 a mis le feu aux poudres en décidant de briguer un troisième mandat en violation de la constitution. Depuis, le pays est en crise. Sa réélection en juillet de la même année a déclenché une crise qui a fait au moins 1 200 morts et déplacé plus de 400 000 Burundais. Ces violences avaient déjà poussé la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquête. Mais voilà qu’à la surprise générale celui qui à l’époque du maquis se faisait appeler «le rassembleur » a annoncé qu’il ne sera pas candidat en 2020. Dès lors la question se pose de savoir si l’actuel président burundais sera inquiété par les juges de La Haye, une fois son immunité présidentielle perdue. Et si les faits révélés par les enquêteurs onusiens sont avérés, il faudra bien que tôt ou tard les auteurs et autres responsables répondent de leurs actes.

H. Marie Ouédraogo

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