Présidence du MPP : Bala Sakandé à l’épreuve d’un autre challenge
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Rideaux sur le deuxième congrès extraordinaire du MPP (Mouvement du Peuple pour le Progrès) qui a pris fin hier dimanche 26 septembre 2021 au palais des Sports de Ouaga 2000.
Une rencontre qui a été marquée par des travaux en commissions, des recommandations, mais le fait majeur tant attendu de cette grand-messe du parti au pouvoir était la configuration du nouveau bureau qui en sera issu. Quoi de plus normal ! Il faut dire que jusqu’à la veille de la clôture de cette instance, rien ou pas grand-chose ne filtrait sur le nom de celui qui succéderait à un Simon Compaoré qui, depuis un certain temps, annonçait de manière pas très voilée la fin de sa carrière politique. Choix délibéré ou contrainte ? Chacun y est allé de ses conjectures sur cette annonce de Tebguéré qui a décidé de partir, même s’il ne part pas tout à fait.
Même si la fumée blanche ne s’était pas encore échappée de la coupole du palais des Sports, deux noms revenaient régulièrement sur les lèvres des bookmakers politiques.
Il s’agit de ceux de Clément Pengdwendé Sawadogo, anciennement 1er vice-président chargé de Relations avec les partis politiques et des Alliances au niveau national, ministre de l’Administration territoriale, et d’Alassane Bala Sakandé, 2e adjoint au secrétariat exécutif de l’ancien bureau et Président de l’Assemblée nationale.
Le premier est réputé proche de l’ancien président du parti, Simon Compaoré, et le second, du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré.
Par ailleurs, l’un, selon plusieurs sources proches du MPP, avait la faveur des anciens et l’autre, la préférence des jeunes cadres de la maison.
A quelques heures de la clôture du congrès, sur les réseaux sociaux, le nom d’Alassane Bala Sakandé revenait cependant en boucle comme étant le nouveau président du parti. Et c’est sans grande surprise que l’opinion publique a appris la désignation officielle de Bala pour tenir le gouvernail du navire battant pavillon MPP. Il faut dire que, malgré sa relative jeunesse, l’homme est doté d’une expérience politique certaine, avec en plus de l’entregent et un franc-parler.
Pour paraphraser Astérix, le moins que l’on puisse dire est qu’il est tombé dans la bouillonnante marmite politique burkinabè étant petit.
Qualités personnelles ? Trajectoire cohérente ? Coup de pouce du destin ?
De sa naissance, le 21 août 1969 à Ouagadougou, à son cursus secondaire qui démarre au lycée Yamwaya de Ouahigouya il s’investit très tôt dans la vie collective en tant que délégué provincial des élèves du Yatenga.
Du Lycée Zinda, où il obtint le bac série D, il rejoint l’université de Ouagadougou où, avec des camarades, il crée et préside le Rassemblement des étudiants non boursiers (RENBO). Une structure qui a permis, selon le témoignage d’anciens pensionnaires de ce temple du savoir, à plus d’un millier d’étudiants d’obtenir l’aide de l’Etat. Il faut dire que l’enfant terrible de Samandin a eu le militantisme longtemps chevillé au corps.
Membre de l’ODP/MT, puis du CDP où il s’est beaucoup rapproché de Roch Marc Christian Kaboré, il fait partie avec ce dernier des 75 personnes qui démissionnent avec fracas de l’ancien parti au pouvoir le 4 janvier 2014 pour créer quelques mois plus tard le MPP. Elu député en 2015, il est désigné président du groupe parlementaire MPP.
Mais il sera surtout révélé au grand public lorsqu’il accédera au perchoir en septembre 2017, suite au décès de Salifou Diallo.
Très volontaire, il a multiplié les initiatives qui ont donné une grande visibilité à l’institution parlementaire, allant jusqu’à tancer certains membres de l’exécutif de passage à l’hémicycle, ce qui ne lui a pas toujours valu de grands amis aussi bien au sein de l’Exécutif qu’au niveau du MPP.
Parmi ses nombreuses actions d’éclat que ses détracteurs assimilent à du populisme, et ses admirateurs à la marque de sa grande générosité, il y a sa décision, en 2017, de céder, jusqu’à la fin de son premier mandat, 50% de son salaire de président de l’Assemblée nationale au profit des enfants orphelins du Burkina.
Il y a également sa visite au camp militaire du 11e RIC à Dori, où il est allé fraterniser avec les FDS et leur apporter des motos et des taureaux pour améliorer l’ordinaire, comme on le dit dans le jargon des casernes.
Le Coronathon, initiative de collecte de fonds contre le Covid-19, la tournée des députés dans les zones à fort déficit sécuritaire, les journées de redevabilité du Parlement tenues à Bobo, le forum pour l’autonomisation et la responsabilisation des femmes sont autant d’actes qui ont beaucoup fait parler de celui qui ne cache pas son admiration pour le défunt président du CNR, le capitaine Thomas Sankara.
Néanmoins, malgré sa fougue, il a toujours mis en avant le consensus, impliquant tous les partis politiques représentés à l’hémicycle dans la prise des grandes décisions.
Maintenant que Bala accède à la plus haute responsabilité du parti au pouvoir, il lui reste à travailler à asseoir véritablement son assise, car, en homme politique très averti, il sait très bien qu’on ne lui fera pas de cadeau.
Sans doute que c’est en connaissance de cause que, dans son premier discours en tant que nouveau président du MPP, il a tendu la main à tous ses camarades et n’a pas manqué de louer son prédécesseur, Simon Compaoré, avec lequel les relations sont teintées de méfiance réciproque.
Mais, malgré son appel au rassemblement, à la cohésion et au pardon, il sait très bien qu’il navigue entre des récifs rocheux et qu’il lui faudra beaucoup de dextérité et de manœuvres délicates pour conduire le navire à bon port, c’est-à dire jusqu’à la fin de son mandat.
La guerre de positionnement, les batailles rangées et les intrigues de couloirs auxquelles l’on a assisté lors du congrès présagent ce qu’il en sera par exemple pour la désignation du candidat du parti en 2025.
Mais 2025 est loin et proche à la fois.
La Rédaction
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