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10 ans de l’opération Serval: Le plaidoyer pro domo du « général» Hollande

On se rappelle encore comme si c’était hier, François Hollande débarquant à Tombouctou le 2 février 2013, dans la liesse. Ivre de joie il déclarait que c’était sans doute le plus beau jour de sa vie politique.

Trois semaines plus tôt, le président socialiste avait dû intervenir à la demande expresse du président intérimaire Diouncounda Traoré pour arrêter une colonne de djihadistes qui, partis du septentrion malien, fonçaient tout droit sur Bamako. Et n’eût été l’intervention vigoureuse du «général» Hollande qui venait ainsi de déclencher l’opération Serval ce 11 janvier 2013, la face du Mali et peut-être de la sous-région  en eût été changée de façon radicale. Le 1er août 2014, Serval laissera officiellement la place à Barkhane, avec des objectifs similaires: combattre les hordes terroristes.

10 ans après, c’est un plaidoyer pro domo que l’ancien locataire de l’Elysée a fait hier sur les antennes de France 24 et de Radio France internationale (RFI): François Hollande a notamment rappelé que «la France était intervenue à la demande des Maliens et par devoir de solidarité au nom de ce que les Africains avaient fait pendant les deux conflits mondiaux pour venir en soutien à la France». Pour lui, le bilan de l’intervention des soldats tricolores a été positif «Nous leur avons fait subir des pertes très importantes, y compris au niveau de leur direction», a-t-il indiqué, avant de s’indigner du départ de la force Barkhane, remplacée par la milice russe Wagner :  « Y a-t-il moins d’attentats et moins d’actions jihadistes depuis que les Français sont partis ? Non, c’est pire. Le jihadisme frappe même désormais au sud du Mali. Or Wagner, c’est un groupe privé qui vit des prédations qu’il opère. Les néo-coloniaux, ce sont les hommes de Wagner. »

10 ans après, force est de reconnaître avec François Hollande que l’hydre tentaculaire s’est propagée non seulement dans l’ensemble du Mali, mais dans d’autres pays comme le Burkina et le Niger. Reste maintenant à situer les responsabilités de cet échec que d’aucuns attribuent rapidement à l’ancienne puissance coloniale qui malgré son «invincible armada» n’est pas parvenue à éradiquer le cancer qui s’est métastasé depuis.

Il ne faut pourtant pas perdre de vue la responsabilité de nos Etats dans ce bourbier sécuritaire dans la mesure  où que ce soit au Mali ou au Burkina, l’instabilité politique et institutionnelle est venue se greffer à la crise sécuritaire avec  deux coups d’Etat dans chacun des deux pays.

Fait remarquable, le Niger qui semble être un îlot de relative stabilité dans un océan sahélien particulièrement tourmenté.

On ne peut également s’empêcher de donner raison à l’ancien président français quand il parle de Wagner comme des «néocoloniaux». Ces barbouzes de l’Ours russe se font payer à coups de millions de dollars et de concessions minières au Mali en attendant qui sait de s’illustrer au Burkina sans pour autant que  l’impact réel  de leur intervention soit vraiment positif depuis un an qu’ils sont au Mali.

L’un dans l’autre, les responsabilités de cette chienlit sécuritaire sont sans nul doute partagées et il ne faut certainement pas attendre de François Hollande qu’il batte sa coulpe ou qu’il dézingue l’Hexagone, l’Etat étant une continuité.

 

Hugues Richard Sama

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