Insécurité au Centre-Nord : Le Namentenga demande une base militaire
- Écrit par Webmaster Obs
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A l'image de plusieurs autres provinces du Burkina, le Namentenga dans la région du Centre-Nord vit en ce moment des heures sombres. Incursions et attaques terroristes, déplacements massifs de populations sont devenus le quotidien des habitants de cette province, frontalière notamment du Sahel. Regroupés au sein du mouvement des forces vives du Namentenga, les ressortissants de la province ont animé une conférence de presse le 4 mars 2023 à Ouagadougou pour faire le point de la situation sécuritaire dans la zone et demander l'installation d'une base militaire à Boulsa.
Le décompte des actes terroristes depuis février 2022 auquel s'est livré le secrétaire général du mouvement des forces vives du Namentenga, Ousmane Korgho, fait froid dans le dos.
Boala, Boulsa, Bouroum, Dargo, Nagbingou, Tougouri, Yalgo, Zéguédéguin, aucune des huit communes que compte la province n'a été épargnée par les forces du Mal. Conséquence, de nombreux villages se sont vidés de leurs habitants qui sont allés gonfler le rang des Personnes déplacées internes (PDI). Foi de Ousmane Korgho, « une crise humanitaire sans précédent s’abat sur plusieurs personnes qui dorment sous des arbres et les halls des boutiques et des édifices ».
Pour lui, si la situation d’insécurité est nationale, il existe néanmoins des épicentres et le Namentenga en est un.
« L’objectif inavoué de nos ennemis est de paralyser la RN3, isolant ainsi cette portion du Centre-Nord de la région du Sahel. Cette insécurité grandissante a des conséquences graves sur l’économie de la région. Nous notons, par exemple, la fermeture de la seule mine industrielle de la zone : la mine de Taparko, qui offrait des emplois directs et indirects à des milliers de jeunes de la zone. Désormais réduits au chômage, les jeunes de la région deviennent vulnérables et donc des proies faciles pour ces groupes de bandits qui les recrutent à la pelle. Nombre de petites entreprises et de personnes évoluant dans le secteur informel ont été contraintes de suspendre leurs activités. La misère, la faim et la soif sont le quotidien de ces populations qui, malgré leur grande résilience ne savent plus à quel saint se vouer », a-t-il longuement dépeint.
Alors que la base militaire la plus proche est celle de Kaya à 80 km de Boulsa, les forces vives du Namentenga appellent à une présence permanente des militaires dans le chef-lieu de la province afin d'épauler les VDP qui essaient tant bien que mal de contenir l'avancée terroriste.
Dans leur cahier de doléances également, le rétablissement de l’électricité, de la fourniture d’eau, du réseau des téléphonies mobiles en vue de donner vie aux économies locales ;la sécurisation de la RN3 pour faciliter le trafic et le transfert des malades; la diligence de l’aide d’urgence en produit de première nécessité pour apaiser la souffrance des populations ; la sécurisation de la route Kaya-Boala-Boulsa et l’équipement conséquent des FDS et VDP. Les conférenciers ont également invité les bonnes volontés à jeter un regard sur la province qui a besoin du secours de tous les humanitaires.
Hugues Richard Sama