Massacre de Karma : Il y a urgence à laver l’honneur de nos soldats
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Que s’est-il donc réellement passé ce jeudi 20 avril 2023 à Karma, dans la province du Yatenga ?
Comme c’est souvent le cas, l’information est d’abord partie des réseaux sociaux où des lanceurs d’alertes ont commencé à parler de ce qu’il convient de qualifier de drame avant que, par la suite, le journal français « Libération » n’en fasse cas dans sa publication du dimanche 23 avril et qu’enfin, dans la soirée, le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Ouahigouya, Lamine Kaboré y apporte un cachet officiel à travers un communiqué du parquet.
Ce jeudi noir, en effet, cette bourgade, située à un jet de pierre de Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord, a été le théâtre d’un massacre de civils. Des dizaines, voire des centaines, de personnes ont été froidement exécutées par un groupe d’hommes arrivés juchés des motocyclettes et de véhicules pick-up.
A l’extrême gravité des faits vient s’ajouter la confusion sur l’identité des assaillants. Car selon les témoignages rapportés par les médias qui en ont fait cas et corroborés par le communiqué du parquet de céans, les auteurs de ce massacre portaient la tenue militaire burkinabè.
« Le 21 avril 2023, le commandant de la Brigade de recherches de gendarmerie de Ouahigouya me rendait compte de ce que dans le village de Karma, département de Barga, province du Yatenga, une soixantaine de personnes auraient été tuées par des personnes arborant des tenues de nos forces armées nationales » a en effet précisé le procureur général.
A la grande stupeur se mêle désormais une lancinante interrogation.
Nos soldats seraient-ils réellement à l’origine d’une telle barbarie ou s’agirait-il tout simplement de terroristes ayant arboré la tenue « Terre du Burkina » dans l’intention diabolique de souiller l’honneur de nos Forces de défense et de sécurité ainsi que celui de nos Volontaires pour la défense de la patrie ?
N’oublions surtout pas qu’avec la perfidie qu’ils ont toujours érigée en mode opératoire, les terroristes ne sont jamais en retard d’immondes stratagèmes dans cette guerre qui nous affecte tant.
Difficile donc, pour l’instant, de voir clair puis de démêler le vrai du faux dans cette nouvelle affaire qui n’a certainement pas encore fini de faire parler d’elle.
Il est vrai que depuis le début de cette lutte contre ces narco-djihadistes, de façon récurrente nos FDS et nos VDP sont accusés à tort ou à raison d’exécutions extrajudiciaires de terroristes ou présumés tels.
Il est tout aussi vrai qu’invariablement, l’autorité politique, la hiérarchie militaire et l’institution judiciaire ont souvent annoncé l’ouverture d’enquêtes en pareilles circonstances.
C’est d’ailleurs le sens de l’appel à témoin du parquet de Ouahigouya qui, dès qu’il a eu écho de l’abominable claquement de culasse venu de Karma, a ordonné des investigations : « Mon Parquet, saisi de ces faits dont la gravité est avérée, a donné les instructions nécessaires à la sous-unité d’enquête de procéder à tous les actes en vue de les élucider et d’interpeller toutes les personnes qui y sont impliquées ».
Il faut espérer alors que cette annonce sera effectivement suivie d’effets et le plus rapidement possible afin de laver l’honneur de nos soldats. Il y a donc urgence. Du reste, une nouvelle urgence car tout était déjà urgent.
Si c’est effectivement l’ennemi qui s’est rendu coupable de cette boucherie, comme semble l’indiquer le pillage de biens, en voulant faire porter le casque lourd par nos militaires, il est impératif que les enquêtes viennent l’établir de façon formelle et indiscutable. Il y va de la préservation de l’union sacrée entre nos populations et notre armée.
Mais si par malheur, et nous n’osons même pas l’imaginer une seconde, il s’avérait que ce sont nos troupes qui, pour une raison ou une autre, sont responsables de cette forfaiture, il faut aussi que ça se sache et que toutes les conséquences disciplinaires et judiciaires de cela soient tirées. Car rien ne saurait expliquer, encore moins justifier, un tel déferlement de violence aveugle. Pas même les allégations selon lesquelles les habitants de Karma seraient complices de terroristes qui, le 15 avril dernier, ont tué trente-quatre VDP et six FDS au cours d’une attaque contre un détachement mixte dans les environs de Ouahigouya.
Ce serait en tout cas contreproductif car ce serait là la meilleure façon de faire grossir les rangs des terroristes et de pousser les populations à se convaincre qu’il faut plutôt les protéger contre leur propre armée.
Il faut donc prendre le procureur au mot afin que soit lavé l’honneur de nos forces combattantes, qui ont la noble mission de triompher de l’ennemi sans avoir à perdre leur âme.
Alain Saint Robespierre
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