Sommet des BRICS en Afrique du Sud : Ramaphosa pouvait-il mettre l’Ours russe en cage ?
- Écrit par Webmaster Obs
- Imprimer
A un mois de sa tenue, le sommet des chefs d’Etat des pays émergents Brésil, Russie, Inde, Chine et l’Afrique du Sud, dont l’acronyme est désormais bien connu, BRICS, fait déjà des vagues dans la presse.
Une question, celle de la venue ou non à Pretoria du président Vladimir Poutine pour cette réunion fait la manchette de plus d’un média. La raison en est que le président russe est sous la menace d’un mandat d’arrêt international de la Cour pénale internationale (CPI), donc l’Afrique du Sud, signataire du Statut de Rome sur la création de cette juridiction devrait l’arrêter dès qu’il se trouverait sur son sol.
Situation embarrassante s’il en est pour Cyril Ramaphosa dont le pays, bien que n’ayant pas officiellement de parti pris dans la guerre en Ukraine, ne cache pas ses atomes crochus avec la Russie. L’un et l’autre pays ne font pas partie des BRICS pour rien. Cet embarras du gouvernement sud-africain s’est manifesté par sa décision d’octroyer l’immunité diplomatique à tous les participants à ce sommet des BRICS. Voulait-il de ce couvert pour se dédouaner particulièrement d’avoir à arrêter Vladimir Poutine ? Oui, répondent en chœur les journaux sud-africains. Que nenni, leur répond par contre le porte-parole du ministère des Relations extérieures, qui explique qu’il s’agit d’une mesure de routine qui n’a rien à voir avec le président russe. Il va plus loin en postant sur son compte twitter que ‘’ces immunités ne surpassent aucun mandat qui aurait été délivré par un tribunal international contre un participant à la conférence’’.
On le voit bien, cette dernière déclaration du porte-parole du ministère sud-africain des Relations extérieures traduit sinon un imbroglio diplomatique potentiel, du moins un embarras d’accueillir Vladimir Poutine sans avoir à respecter ses engagements vis-à-vis de la CPI. Le président russe aurait compris que même s’il n’a pas la gueule d’un ‘’wanted’’ en Afrique du Sud, il n’y est pas le bienvenu pour l’instant, qu’il n’aurait pas décliné l’invitation de son homologue Cyril Ramaphosa à participer à cette réunion des BRICS. Il prendra part néanmoins aux travaux du sommet par visioconférence. C’est son ministre des Affaires étrangères qui y sera physiquement.
A un mois de la tenue de ce sommet, prévu du 22 au 23 août, beaucoup d’eau peut encore couler sous les ponts. Pour l’instant, en faisant profil bas sur sa participation en présentiel à cette rencontre des BRICS, Vladimir Poutine, ôte une grosse épine du pied de Cyril Ramaphosa. En effet, ce dernier aurait-il pu faire fi du fait que la Russie est la 2e puissance mondiale et mettre le grand Ours du Kremlin en cage pour satisfaire la CPI ? Bien sûr que non ! C’est une question de bon sens politique et diplomatique. Mais Vladimir Poutine en Afrique du Sud sans être inquiété malgré le mandat d’arrêt international contre lui, ce serait un évènement dans l’évènement. On voit, d’ici, l’Ukraine et ses alliés occidentaux crier haro sur le baudet Ramaphosa de s’être défaussé de ses engagements vis-à-vis de la communauté internationale. Les justifications qui fuseraient alors de son cabinet et de son gouvernement éclipseraient complètement les travaux de la conférence, avant, pendant et après. Dès lors, ne serait-ce que pour ne pas faire un flop médiatique sur les conclusions de ce sommet, Ramaphosa allait-il oser mettre l’Ours russe en cage ? Rien n’est moins sûr.
Zéphirin Kpoda