Thomas Sankara héros de la Nation : Tout le monde veut être sankariste mais personne ne veut en payer le prix !
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C’est une cérémonie à la fois aux accents d’élégie et de glorification qui a consacré hier l’élévation du président Thomas Sankara au rang de héros de la Nation.
Plus qu’une commémoration, c’est une célébration de la mémoire du père de la Révolution d’août 1983, désormais porté au panthéon des illustres et emblématiques martyrs qui ont écrit l’histoire du Burkina Faso à l’aune de leur patriotisme intrépide et à l’encre de leur sang.
Ce 36e anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara, même sans faste ni bling bling médiatique, est entré dans l’histoire comme la première commémoration où tout le gratin officiel, à commencer par le chef de l’Etat, est présent. Fini donc les commémorations polémiques en marge de la République dans un cimetière de Dagnoën poussiéreux où se bousculaient ses disciples, ou prétendument tels, revendiquant chacun à qui mieux mieux d’être plus orthodoxe dans son sankarisme, devant une foule bigarrée d’inconditionnels. L’avènement du MPSR 2 a totalement changé la donne.
En effet, on se rappelle qu’à la commémoration du 35e anniversaire, le 15 octobre 2022, soit quelque 2 semaines après sa prise du pouvoir, le capitaine Ibrahim Traoré recevait des mains de feu le colonel major Pierre Ouédraogo le flambeau de la Révolution d’Août, symbole d’une passation de charges entre l’ancienne génération et la nouvelle qui poursuit l’idéal révolutionnaire et panafricaniste du président Thomas Sankara.
Un an après, le capitaine Ibrahim Traoré veut être un porte-fanion à la hauteur des grands espoirs qu’avait suscités l’icône de la Révolution d’août 1983. Concours de circonstances ou signe du destin, l’un et l’autre sont arrivés au pouvoir à 34 ans, dans un contexte national des plus difficiles, animés d’une volonté de créer la rupture dans la gouvernance du pays. Objectifs affichés : plus de souveraineté, plus d’intégrité, plus de production de biens et services, plus de respect du bien public, plus de sacrifices individuels et collectifs dans une dynamique de compter d’abord sur soi ; moins de corruption, moins de népotisme, moins de privilèges pour les élites, etc. Bonjour alors les initiatives pour faire bouger les lignes avec la volonté d’aller vite et bien.
Mais gare aux erreurs qui ont été fatales au président du CNR et à la Révolution d’août : le messianisme ; la confiscation des libertés individuelles et collectives ; les stéréotypes de division des populations en peuple et ennemis du peuple, hormis ceux qui prennent les armes contre le pays et ses institutions ; la méthode de contraindre au lieu de convaincre ; la diplomatie de l’arrogance, etc.
Par ailleurs, il y a bien des flatteurs qui applaudissent les mots, les symboles, les idéaux sankaristes mais deviennent frileux, voire démissionnaires, quand il faut passer aux actes. Ces adeptes du sankarisme qui veulent aller au paradis d’un Burkina, d’une Afrique débarrassés des exploiteurs colonialistes et impérialistes, mais ne veulent pas en payer le prix, ne se comptent pas que parmi le citoyen lambda. Ce n’est pas pour rien que la multitude de partis qui se réclament du sankarisme depuis les années 1990 se sont subdivisés et émiettés avec pour conséquence la difficulté de convaincre la majorité des Burkinabè de la justesse des idéaux du président Sankara.
Aujourd’hui que la situation nationale, régionale et mondiale remet en lumière la pertinence des idéaux et actions politiques de ce panafricaniste chevronné, les dirigeants du MPSR 2, à commencer par le président Ibrahim Traoré et son Premier ministre, devraient travailler à ce que leurs actes suivent leurs mots et incarnent les symboles qu’ils donnent de l’illustre héros national. C’est le prix à payer pour éviter qu’un jour Thom Sank se retourne de dépit dans le mausolée dont la première pierre a été posée hier.
La Rédaction
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