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Marc Batassang, artisan cordonnier: L’homme qui chausse Iron Biby

Si on sait combien de poulets mange Iron Biby par jour, 6 à 9 gallinacés, l’on ignore cependant la pointure de « l’homme le plus fort du monde ». Pour le savoir, nous sommes allés à la rencontre de celui qui chausse le champion. Préférant être appelé artisan plutôt que cordonnier, Marc Batassang confectionne des paires portées aussi bien par de simples citoyens que par des personnalités qui ont leurs habitudes à l’Atelier du Sahel, sis à Bobo-Dioulasso.

 

 

Le cordonnier ou son fils, c’est selon, est souvent le plus mal chaussé du village, dit-on. Mais pas Marc Batassang dont les pieds sont soigneusement emmitouflés dans ses créations. Né à Bassar, au centre du Togo, il y a 47 années de cela, il débarque à Bobo-Dioulasso en 2004 à l’invite d’une église locale pour former les musiciens de la chorale. Les voies du Seigneur étant impénétrables, il se retrouve par la force du destin à ajouter une autre corde à son arc, ou du moins à sa guitare. Le musicien va se jeter en effet pieds joints dans la cordonnerie lorsqu’une connaissance lui propose en 2007 de reprendre l’atelier d’un artisan expatrié, éreinté par l’âge. Titulaire d’un CAP industriel, Marc Batassang avait depuis une certaine appétence pour les métiers manuels. Une formation avec un cordonnier venu de Ouaga lui a quand même été nécessaire pour se familiariser avec le cuir et ses futurs outils de travail. En quelques mois, il vole de ses propres ailes et fait preuve de beaucoup d’originalité. Très rapidement, Marc Batassang se fait un nom à Sya et hors du Burkina à travers la marque Triumph. Si la matière première, notamment le cuir, est importée, le reste du travail est le fruit de ses ateliers. Souliers, bottines, mocassins et autres produits exposés dans sa boutique située au quartier Sarfalao témoignent de la qualité du travail de l’artisan. Il y a en pour toutes les catégories socio-professionnelles, pour tous les âges et pour tous les prix. Compter quand même au minimum de 25 000 F pour une paire, confectionnée en 24h. Un rapport qualité-prix que l’artisan défend bien. « Beaucoup de gens, quand ils voient nos chaussures, pensent qu’il s’agit de produits importés. Je vous donne au minimum deux ans avec nos produits », affirme-t-il.Le fabricant est même surpris de voir certains médecins diriger leurs patients vers lui pour leur confectionner des chaussures spécifiques. Il faut dire que sa spécialité, c'est le sur-mesure. Et à l’Atelier du Sahel, tout le monde trouve chaussure à son pied, même quand on s’appelle Iron Biby. Le sextuple champion du monde de Log lift, du haut de ses 1,9 m, ses 180 kilos et ses 66 cm de tour de bras, est l’un des clients de Marc. « L’homme le plus fort du monde », nous apprend-il, chausse pas moins de 49. Quel pied ! Pour info, la pointure moyenne des hommes est de 43, selon certaines études, et au-delà de 46, on est déjà dans des dimensions exceptionnelles dans l’univers de la cordonnerie. Celui qui a été naturalisé burkinabè en 2019 chausse d’autres célébrités tel le patron de Coris bank international qui, soit dit en passant, porte du 42. Espérons là que nous n'avons pas dévoilé un secret professionnel… Idrissa Nassa, souligne l’artisan, est l’un des meilleurs ambassadeurs de sa marque, n’hésitant pas à en faire la promotion auprès de ses amis opérateurs économiques. Lors des traditionnelles rencontres gouvernement-secteur privé qui se tiennent à Bobo, les commandes affluent.A l'heure du consommons local, Marc Batassang regrette que les chaussures soient les plus mal loties. Lui qui intègre souvent des motifs en Koko Donda et en Faso Dafani dans ses créations veut voir les Burkinabè et leurs autorités habillés de haut en bas avec des produits du terroir, et de qualité. « Je souhaite également confectionner des chaussures basses pour nos FDS et nos VDP », ajoute-t-il. Un vaste chantier qui, il en est conscient, passe par la naissance de vocations dans l’art d’habiller le pied chez les jeunes. L’une de ses ambitions est la création d’un centre de formation dédié à la cordonnerie à Sya.Habitué aux foires et expositions, Marc Batassang (WhatsApp :+226 70 10 23 38) sera au prochain Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), prévu du 25 octobre au 3 novembre 2024. Son entreprise, qui existe depuis plus de 10 ans, a été reconnue juridiquement en 2019.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemercredi, 09 octobre 2024 20:22

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