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Face-à-face gouverneur du Centre-Ouest/scolaires de Koudougou : Tendu au début, relax à la fin

L’Association des scolaires de Koudougou (ASK) a eu des concertations avec le gouverneur du Centre-Ouest le vendredi 27 janvier 2017 au gouvernorat. Cette rencontre, débutée dans un climat très tendu, a duré près de deux heures et pris fin dans une ambiance plus ou moins détendue. Elle a porté sur la crise du système éducatif et sur les dernières manifestations des scolaires de Koudougou qui ont dégénéré en courses-poursuites.

 

 

 

Du côté des autorités, le gouverneur, Irène Coulibaly, était entouré des premiers responsables de la gendarmerie, de la police et de la CRS, du secrétaire général régional et de son conseiller technique. Du côté de l’Association des scolaires de Koudougou (ASK), le président Sharaf Béréhoundougou était accompagné de trois autres membres dont la vice-présidente, Elodie Kagambèga. La rencontre a débuté par la lecture d’une déclaration de l’ASK. Une déclaration peu amène, avec des termes assez violents dont nous vous ferons l’économie. Dans cette déclaration, lue par Elodie Kagambèga, les scolaires de Koudougou reviennent sur leur manifestation du mardi 16 janvier dernier, au cours de laquelle le drapeau du gouvernorat a été mis en berne, en clamant que la répression qui s’en est suivie ne peut pas venir à bout de leur détermination. Ils disent être solidaires de la lutte de leurs enseignants, qu’ils estiment juste et légitime. « Les revendications des enseignants prennent en compte les préoccupations de notre peuple, qui aspire à une école de qualité et accessible aux enfants », a déclaré l’ASK. Rappelant la répression de leurs camarades de Tita, les scolaires de la cité du Cavalier rouge tiennent le gouverneur responsable des blessures de ceux-ci ainsi que  de la détérioration et de la confiscation des vélos et sacs des élèves lors de la répression des manifestations des 16, 17 et 18 janvier. « Nous restons debout pour arracher notre avenir que vous et votre gouvernement tenez dans vos mains », préviennent les responsables de l’ASK. A les en croire, leur patience aurait atteint ses limites, car ils ont perdu un trimestre sans que cela émeuve les autorités, qu’ils tiennent pour responsables de tout ce qui adviendra.

A la fin de cette lecture, le gouverneur Coulibaly, avec méthode et patience, a tenu à faire certaines mises au point. Elle a indiqué que les autorités régionales sont aussi attachées à la reprise diligente des cours. Elle a précisé que les discussions sont toujours en cours entre la Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE) et le gouvernement. Les débats se sont déroulés sur un ton ferme, mais conciliant. Concernant le fait que l’ASK a affirmé qu’elle a tenté vainement à plusieurs reprises de rencontrer Madame le gouverneur, celle-ci a martelé que cette affirmation ne reflète pas la réalité. Irène Coulibaly soutient avoir invité les scolaires à plusieurs reprises à venir la rencontrer, mais ils ne l’ont jamais fait. « Et même que j’ai dépêché un jour le secrétaire général de la région vers eux, mais ils ont dit qu’ils n’avaient pas affaire à un secrétaire général. Après, je leur ai envoyé une circulaire, mais ils n’y ont jamais répondu », rapelle Mme Coulibaly. Et d’ajouter qu’elle a été stupéfaite que l’ASK affirme, dans les médias, que le 16 janvier elle a refusé de sortir la recevoir. « Dites-moi à quel moment j’ai refusé de sortir ? Dites-le-moi »,a-t-elle demandé avec insistance à ses visiteurs du jour.

 

« Ayez toujours de la retenue »

 

Sur la satisfaction de la plateforme des enseignants, le gouverneur a assuré à ses visiteurs que la question est étudiée par le gouvernement, avant de leur dire d’être patients. Une patience dont Sharaf Béréhoundougou dit être à bout, car il estime que ça fait quatre mois que la crise sévit et qu’ils sont dans la rue. « Nous sommes attentifs à vos préoccupations. Il y a des problèmes dont les réponses ne peuvent pas être trouvées ici. Il y a d’autres que nous pouvons résoudre ici. Sur ceux-ci, nous allons prendre nos responsabilités », promet la première responsable de la région. Le président de l’ASK soutient que les bicyclettes de certains de ses camarades ont été emportées par les forces de l’ordre. En réponse, ces dernières expliquent que le 18 janvier, quand les élèves ont décidé d’en découdre avec le commissariat central de Police, des frondeurs ont fui et abandonné leurs vélos. D’autres ont été appréhendés avec leurs montures. « Nous avons libéré les élèves et comme il faisait presque nuit, nous leur avions dit de repasser le lendemain récupérer leurs bicyclettes. Certains sont venus, d’autres pas encore. Il reste quelques vélos au commissariat. Les propriétaires peuvent passer les récupérer en présentant les pièces justificatives », précise le commissaire central de police.

Le gouverneur n’a pas manqué de prodiguer des conseils à ses vis-à-vis en ces termes : « Que vous le vouliez ou non, vous êtes l’avenir de ce pays et je vous demande de la retenue.  Je ne suis pas venue ici en ennemie, je suis venue le cœur blanc. » Elle a apprécié la logique du dialogue engagée par l’ASK tout en affirmant sa disponibilité à toujours la recevoir. « Depuis que je suis venue, c’est la première fois que nous sommes face à face pour échanger. Vous avez vu qu’au début, c’était tendu et maintenant, il y a le sourire. De nuit comme de jour, quand vous aurez besoin de moi, venez, je suis disponible. Vous êtes nos enfants et aucune mère ne veut de mal à ses enfants. Notre vœu à tous, c’est que les négociations aboutissent vite et que les cours reprennent. Nous ne sommes opposés à aucune marche. Mais faites-le de façon pacifique. Ayez toujours de la retenue. C’est vous, l’avenir de ce pays. Demain, c’est vous qui serez à notre place », a conclu le gouverneur Coulibaly.

Cyrille Zoma

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