Jacob Zuma : Peut-on encore sauver le soldat zoulou ?
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Jusqu’à quand va-t-il tenir ? Depuis que le parlement sud-africain a reporté le discours à la nation qu’il devait prononcer hier jeudi, tout semblait indiquer que la partie était terminée pour Jacob Zuma. A seulement un an de la fin de son mandat, qui a été des plus chaotiques, on en est même à se demander comment il a pu tenir jusque-là, tant les scandales se sont accumulés en même temps que les poursuites judiciaires, sans oublier des décisions administratives, à l’image de cette injonction qui lui avait été faite de rembourser les sommes faramineuses prélevées sur les deniers publics pour relooker sa luxueuse résidence privée de Nkandla
Si Jacob Zuma a pu résister jusque-là, c’est d’abord parce que l’ANC, où il compte encore de nombreux et bouillants soutiens, est divisé sur le sort à lui réserver. Et l’élection, le 18 décembre 2017, de son vice-président,Cyril Ramaphosa, à la tête du parti n’a pas vraiment changé grand-chose au rapport de force. Mercredi pourtant, après que les deux hommes se sont rencontrés la veille, le départ anticipé du locataire de Nation Building semblait acquis et il fallait juste lui laisser le temps de faire ses cartons et régler quelques détails sur son avenir judiciaire, en espérant qu’une fois le parapluie immunitaire enlevé, ses ennuis ne le suivront pas ; fort malheureusement pour lui, aux dernières nouvelles, il n’est pas question d’accorder la moindre immunité à l’indésirable Zuma. Si bien que, dans les mois qui viennent, le bientôt ancien président aura à répondre de … 783 chefs d’inculpation pour fraude, racket et corruption. Sans doute un record au monde.
Le problème pour le pays, le plus puissant du continent, est qu’une incertitude au sommet de l’Etat n’est pas bonne pour les affaires. C’est dire qu’au-delà de l’ANC, la situation préoccupe tout le monde, et l’opposition ne semble pas prête à donner à la majorité le temps qu’elle veut pour régler ses problèmes internes. C’est peu dire qu’elle en a plus qu’assez, à entendre un de ses responsables, Nareng Singh, qui s’impatiente en ces termes :« Nous ne pouvons pas donner à l’ANC le temps dont ils ont besoin pour régler leur affaire en interne. L’Etat ne peut pas s’arrêter de fonctionner à cause d’eux. Nous avons été très clairs, nous voulons savoir, au plus tard lundi, quand aura lieu le discours à la nation. »
En un mot comme en mille, cela veut dire que si l’ANC n’arrive à régler ses problèmes à l’interne, l’opposition s’en chargera. Une opposition qui a déjà déposé sa 8e motion de défiance contre le pestiféré de Pretoria, et dont l’examen, initialement prévu pour le 22 février prochain, est maintenant avancé au mardi qui vient. Si bien sûr, d’ici là, le chef de l’Etat ne se résout guère à prendre la porte qu’on lui indique avec insistance depuis quelques jours. Si l’on en croit d’ailleurs Cyril Ramaphosa, les discussions seront closes pendant ce week-end. Avec un étau qui se resserre de toutes parts et un navire qui prend l’eau de partout, on ne voit pas comment celui qui était réputé insubmersible va encore pouvoir garder le cap.
Issa K. Barry
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