Détournement de produits pharmaceutiques : Des agents de la CAMEG et autres au frais
- Écrit par Webmaster Obs
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Tous les jours appartiennent au voleur mais un seul jour appartient au propriétaire. Cet adage africain se vérifie à travers cette scandaleuse affaire de détournement de produits pharmaceutiques qui dure depuis des années. Et même si, pour les besoins de l’enquête, toujours en cours, la police se réserve le droit de révéler les noms des présumés auteurs de cela, tout porte à croire que le démantèlement de ce réseau de détournement de produits pharmaceutiques risque d’éclabousser le monde de la santé dans toutes ses ramifications. Cette affaire aux multiples conséquences a été finalement révélée hier à la presse par le commissaire central de police de Bobo-Dioulasso.
C’était le mercredi 21 février 2018. Les éléments de la Brigade anticriminelle (BAC) qui effectuaient leur traditionnelle ronde de surveillance dans la ville de Sya ont été tiqués par ce tricycle et son chargement de cartons qu’ils venaient de croiser. Arrêté et interrogé sur l’origine et la destination des produits qu’il transportait, le conducteur de tricycle dira que les cartons proviennent de la CAMEG et étaient acheminés dans un magasin appartenant à une dame. Ce qui était vrai ; seulement, les conditions de transport et la destination de la marchandise posaient problème.
Car après investigations, il s’est avéré que la dame en question, qui a affirmé à la police que les produits devaient être expédiés à son cousin en Côte d’Ivoire, n’était en réalité qu’une simple commerçante, par conséquent non reconnue par la CAMEG encore moins autorisée à vendre des produits pharmaceutiques. Comment parvenait-elle alors à se ravitailler à la Centrale en médicaments génériques pourtant uniquement destinés à l’approvisionnement des pharmacies et autres structures de santé ?
Le commissaire Oumarou Songnè explique : «La suite de l’enquête a permis de savoir que certains agents de la CAMEG-Bobo, en complicité avec des structures agréées (certaines pharmacies et autres dépôts de médicaments disposant d’un compte à la Centrale) auprès de la CAMEG, en font sortir parallèlement les produits pharmaceutiques. Une fois sortis, les produits n’atterrissent pas dans les structures agréées mais se retrouvent dans les mains de particuliers qui se chargent de leur commercialisation…».
Saisi de l’affaire, le directeur général de la CAMEG, représenté à ce point de presse par le docteur Emmanuel Sawadogo, a donné quitus à la police afin que toute la lumière soit faite. Les enquêtes ainsi menées ont permis de mettre la main sur des agents de la Centrale et des responsables d’officines ou de dépôts. Et ce n’est pas tout. Un des mis en cause a reconnu avoir livré à plusieurs reprises des produits pharmaceutiques de la CAMEG à des responsables de trente et une formations sanitaires d’une province de la région des Hauts-Bassins.
Du coup, des noms de responsables de formations sanitaires de la région, principalement ceux qui sont chargés de l’approvisionnement des dépôts, allongent la liste de ce réseau de détourneurs de médicaments. Ces derniers, a expliqué le commissaire Songnè, disposent de produits dans leurs tiroirs qu’ils écoulent par le biais des ordonnances faites à leurs patients. Et d’ajouter que, «pendant ce temps, les dépôts pharmaceutiques de ces services sont en rupture étant donné que c’est la personne qui est censée faire les commandes pour le dépôt qui est responsable de la commercialisation parallèle des produits».
A la direction générale de la CAMEG, l’indignation est totale concernant cette complicité avérée de ses agents. Toujours est-il que rien n’est encore joué dans cette affaire qui risque d’éclabousser le monde de la santé au Burkina et particulièrement à Bobo. Mais en attendant et au stade actuel de l’enquête, elles sont au total 16 personnes à être conduites au parquet du tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso. 19 cartons de produits pharmaceutiques de la CAMEG issus de leur circuit ont été saisis. Et selon la police, une bonne partie est toujours sur le terrain, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur.
Jonas Apollinaire Kaboré
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