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Déficit énergétique : Ces 50 mégawatts qui nous coupent le jus

Les années se suivent et se ressemblent malheureusement comme des poteaux électriques pour les abonnés de la Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL). En effet, la période de forte chaleur est encore là avec son lot de délestages. Le directeur général de la compagnie, François de Salle Ouédraogo, avec à ses côtés un bataillon de collaborateurs, était face à la presse le vendredi 9 mars 2018 pour faire le point de  la situation énergétique actuelle et a annoncé une batterie de mesures pour pallier le déficit, qui est de l’ordre de 50 MW.

 

Lorsque vous passerez des nuits dans le noir, lorsque votre entreprise sera à l’arrêt à cause d’une coupure de courant, souvenez-vous de ce chiffre : 50. C’est, en mégawatts, l’ampleur du déficit énergétique pour la période de pointe 2018.  Une déficience due à de multiples raisons.

D’abord, il  y a la hausse constante de la demande d’énergie. Le taux de croissance est, à ce propos, d’environ 13% l’an alors que l’offre ne suit pas le rythme, vu que les infrastructures coûtent une fortune et sont complexes à installer. Au-delà de ce mal structurel, il y a un handicap conjoncturel.

La SONABEL avait en effet fondé de grands espoirs sur le projet d’interconnexion Bolgatanga-Ouagadougou, qui devait en principe contribuer à satisfaire 25% de la demande actuelle d’énergie, soit une augmentation de l’offre de puissance de 100 MW. Mais si du côté burkinabè les travaux ont pris fin depuis décembre 2007, la partie ghanéenne, elle, traîne les pas et les travaux ne seront pas achevés avant mai 2018.

Sans compter que la faible pluviométrie cette année n’a pas permis de remplir les barrages hydroélectriques. En attendant de meilleurs auspices, il faut parer au plus urgent. Et malgré l’augmentation de la quantité d’énergie importée de la Côte d’Ivoire depuis l’année dernière avec une puissance moyenne de 70 MW  et la réhabilitation de 5 groupes thermiques, ce qui a permis d’avoir une puissance additionnelle de 30 MW, le compte n’y est toujours pas.

Quid de la centrale solaire de Zagtouli, que certains appellent la « centrale Macron », celle-ci ayant été inaugurée par le président français en novembre 2017 ? « Elle injectera sa pleine capacité (Ndlr : 33 MW) dans le réseau national pendant la période critique mais son appoint ne sera perceptible que dans la journée », a expliqué François de Salle Ouédraogo, qui  a aussi livré son plan de bataille pour  que l’impact du  déficit soit le moins possible ressenti par les populations :

-lancer une campagne de communication sur le déficit prévisionnel, l’efficacité énergétique et la maîtrise de l’énergie ;

-sécuriser l’approvisionnement des centrales en combustibles ;

-sécuriser et fiabiliser les réseaux de transport et de distribution ;

-coopérer avec certains auto-producteurs.

Le principal conférencier du jour a souligné qu’ « il est important que l’ensemble des usagers de l’électricité, sans distinction aucune, se sentent concernés par la situation en ayant tout simplement des réflexes d’économie d’énergie qui permettent, au bout de la chaîne, d’économiser quelques précieux MW ». Dans le cadre de cette compagne de communication, un planning évolutif de délestage sera mis  à la disposition du consommateur pour que chacun sache à quoi s’en tenir.

La SONABEL compte également sur « l’esprit citoyen » de certains auto-producteurs. Les entreprises qui disposent de moyens pour produire leur propre énergie sont donc invitées à s’effacer durant cette période critique, ce qui va permettre d’économiser entre 20 et 25 MW.

 

 

Hugues Richard Sama

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