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Décès Pierre-Claver Tassembédo : De la Marine à Radio Volta

Il a fait l’armée française. Quoique sahélien, il a aussi fait la Marine, dont il est sorti avec le grade de quartier-maître de 2e classe, secrétaire militaire (titulaire du brevet élémentaire d’équipage de la flotte-BEF). Lui, c’est Pierre-Claver Tassembédo, un de nos grands doyens et l’une de nos grandes et accrochantes voix radiophoniques.

 

Il y a longtemps déjà, après sa retraite bien méritée, on ne l’entendait plus sur les ondes de la Radiodiffusion nationale du Burkina (RNB), où il a servi pendant des années en qualité de journaliste présentateur du journal. L’inusable Pierre-Claver Lassané Tassembédo est décédé le mardi 20 mars 2018 à 00 heure 08 mn à l’âge de 83 ans des suites de maladie.

C’est une grande perte pour la famille Tassembédo à Kamsonghin (Ouagadougou), mais aussi pour celle de la presse nationale, ancienne et nouvelle générations confondues, tant celui qui s’en est allé était une mine de connaissances et de valeurs inestimables au curriculum vitæ (CV) bien fourni. Le doyen Tassembédo, pour sa formation professionnelle, a fait l’université Cheick Anta Diop de Dakar, au Sénégal, en 1961. Il en est ressorti diplômé du stage de formation en information  organisé par l’UNESCO. Deux ans plus tard, soit en 1963, il décroche un diplôme du Centre international d’enseignement supérieur de journalisme de Strasbourg, en France. A la même période, la place de la Bourse à Paris l’accueille pour un stage pratique à l’Agence France presse (AFP). Il poursuit sa course au savoir au Collège des sciences sociales et économiques (Boulevard Saint-Germain-des-Prés). Nanti d’un diplôme des « Rencontres internationales d’Eté 1963 » de cet établissement, il continue à Lausanne, en Suisse (Confédération helvétique), pour un stage pratique à la Radiotélévision suisse romande.

Pendant 32 ans, précisément de 1957 à 1989, Pierre-Claver Tassembédo a été successivement au service de l’information comme rédacteur au « Bulletin quotidien d’information de Haute-Volta » et à l’hebdomadaire Carrefour africain, chef du bureau de documentation ; à la RNB et à la Télévision nationale du Burkina (TNB) en tant que rédacteur et présentateur des journaux parlé et télévisé ; au ministère de l’Information,   des Postes et Télécommunications, il a occupé le poste d’attaché de presse. Plus tard, le disparu a été affecté au ministère de l’Environnement et du Tourisme comme attaché de presse ; à la présidence de la République en qualité d’attaché de presse par intérim du chef de l’Etat ; à la Maison de la presse Mohamed Maïga comme directeur.

Admis à la retraite, Pierre-Claver Tassembédo, pendant 13 ans, est resté sur la brèche dans son domaine de prédilection : le journalisme et la communication. On le retrouve ainsi de 1989 à 1992 au poste de correspondant de Radio Vatican (Rome/Italie) sous le couvert de la Conférence épiscopale Burkina/Niger (Ouagadougou). De 1993 à 1995, il est le chef du personnel de Radio Energie de feu Sankara Inoussa, des cendres de laquelle naîtra plus tard Radio Savane FM. De 1996 à 2001, le remarquable journaliste est directeur de la Radio « La voix du paysan » des Groupements Naam, à Ouahigouya.

Homme doté de grands talents artistiques, Pierre-Claver Tassembédo a incarné des personnages dans le cinéma. Il s’agit notamment des films « Zan booko » de Gaston Kaboré, « Laafi » de Pierre Yaméogo et le « Déchet » de Missa Hébié.

Comme indiqué plus haut, le regretté a aussi fait le service militaire de 1953 à 1957, particulièrement au Centre de formation de l’Unité marine (corps des équipages de la flotte-marine française en AOF) à Dakar, à la Base aéronautique navale de Bel-Air (Bureau du service intérieur-BSI et Bureau militaire-BM), toujours dans la capitale sénégalaise. Il y obtient le grade de quartier-maître de 2e classe, secrétaire militaire (titulaire du brevet élémentaire d’équipage de la flotte-BEF).

Au titre des distinctions honorifiques, Pierre-Claver Tassembédo est Chevalier de l’Ordre national, Officier de l’Ordre national, Médaille d’argent du travail de la  Révolution démocratique et populaire (RDP), Citoyen d’honneur de Nashville/Tennessee aux USA.

Pierre-Claver Tassembédo fut de voyages officiels avec le chef de l’Etat Sangoulé Lamizana en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Nigeria, au Gabon, en RCA, en France et en Belgique. Son meilleur souvenir fut celui d’avoir été désigné pour assurer à Washington, en 1965, la couverture médiatique de la cérémonie d’investiture du président Lyndon Johnson, après l’assassinat du président John F. Kennedy. A cette occasion, l’opportunité lui avait été donnée de visiter les villes de New York, de San Francisco, de Los Angeles, de Dallas, de Fort Brag, de Cap Canaveral (Floride), où il a assisté au lancement de fusées balistiques intercontinentales, et de Nashville où il a été fait citoyen d’honneur.

Son mauvais souvenir reste par contre les tonneaux qu’il a faits en se rendant à Fada N’Gourma avec la voiture de presse (une 504) qui couvrait le séjour officiel en Haute-Volta en 1962 de l’ex-président malien Modibo Keïta. Outre le chauffeur burkinabè, se trouvaient à bord un journaliste malien, un autre ghanéen, un photographe burkinabè et Pierre-Claver Tassembédo lui-même. Le bilan ce jour-là a fait état de deux morts (le journaliste ghanéen et le photographe burkinabè). Le reporter Tassembédo est resté à l’hôpital une semaine durant dans le coma. Le véhicule accidenté était irrécupérable.

Pierre-Claver Lassané Tassembédo était marié et père de sept enfants, dont quatre filles.

Coïncidence fâcheuse, la disparition du journaliste intervient deux jours seulement après celle de son frère cadet, Jean-Romain Tassembédo, transitaire de profession, décédé, lui, le dimanche 18 mars dernier et inhumé hier mardi. Au moment où étaient tracées ces lignes, le programme des obsèques n’était pas encore connu.

 

La Rédaction

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