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Transport en commun : Quand les étudiants s’improvisent conducteurs de bus

 

Grogne des étudiants de la cité universitaire de Kossodo contre la Société de transport en commun urbain (SOTRACO), le mardi 27 mars 2018, qui disent être des oubliés dans la répartition des bus acquis par l’Etat pour les grandes écoles et des instituts supérieurs. Ils se sont alors improvisés conducteurs et ont emporté sept bus dont cinq ont été parqués à la cité universitaire de Kossodo et deux autres à la cité de la Patte-d’Oie.

 

Le 26 mars, la décision de la direction de la SOTRACO de mettre en circulation les nouveaux bus sans immatriculation avait créé la polémique. Mais on était loin d’imaginer que les étudiants allaient entrer dans la danse. Révoltés contre la SOTRACO, les locataires de la cité universitaire de Kossodo se sont fait entendre dans la  matinée du mardi 27 mars 2018 à son siège, à Somgandé.

 

Venus la plupart à pied, les mécontents avaient chacun avait un rôle précis. Il y a ceux qui faisaient le pied de grue au bord de la voie. Ils ne dépassaient pas une dizaine. Le gros lot a accompagné les leaders devant l’administration en scandant des slogans comme  « trop, c’est trop » ou encore, « on veut nos bus ». Les sentinelles veillaient au grain. Nous en avons approché deux qui nous ont conduit volontiers  au lieu du rassemblement. Chemin faisant, l’un d’entre eux sort son téléphone et  prévient le délégué de la cité. « Allo ! chef, il y a les mogo de la presse qui sont là »… De cette courte conversation téléphonique rien d’autre n’a filtré.

 

Sur les lieux, à l’annonce de la présence de la presse, l’attention des frondeurs s’est focalisée sur le seul reporter que nous étions. «  Où sont les gars de la presse ? On est pressé  et on n’a pas besoin de la presse ! Ils vont tout gâter, on les connaît ! ». Nous voilà encerclé… Fort heureusement le délégué a réussi à calmer les esprits et nous a accordé un entretien de quelque deux minutes. « Vous avez entendu que l’Etat a acquis des bus au profit des grandes écoles et de l’enseignement supérieur. C’est l’aboutissement d’une longue lutte.

Il n’est pas question que l’on sape cette lutte. Hier (ndlr 26 mars), nous avons vu  les nouveaux  bus en ville sans que l’on sache comment cela va se passer. Déjà les lignes établies ne prennent pas en compte les réalités des étudiants de Kossodo. Ceux qui prennent cours au SIAO sont obligés d’emprunter deux bus pour y arriver. D’ailleurs, on leur  demande de payer 5 000 francs CFA le mois alors que nos camarades de Bobo payent seulement 1000 francs CFA », a déclaré Pema Neya, délégué général de la cité universitaire de Kossodo. Ils ont manifesté bruyamment leur mécontentement, sont allés de bureau en bureau sans avoir l’interlocuteur voulu : le directeur général de la société, Pascal Tenkodogo. Les croquants ont fini par faire démarrer deux bus et ont pris la direction de la cité universitaire.

 

Alors qu’ils se rassemblaient pour se donner encore  des consignes, leurs sentinelles les préviennent de l’arrivée des CRS. « Des CRS sont là ».  Le message est repris presque en chœur. «  Il paraît que deux cargos de CRS sont arrivés. Ils sont nos camarades et on se connait bien », rétorque D. Augustin Pallo, secrétaire général national de la FESCIBF. Ils terminèrent leur débriefing et reprirent la route de la cité sans heurts.

 

 

 

«Etudiant, ce n’est pas le boilo et le RU»

 

 

 

 Pour les étudiants, cette sortie est un coup de semonce. « Si demain nous n’avons pas de proposition concrète, nous reviendrons prendre beaucoup de bus », prévient le délégué général de la cité. « Ils sauront qu’être étudiant, ce n’est pas le boilo et le RU (ndlr : restaurant universitaire). Ils sont aussi des chauffeurs »,  ironise le premier responsable de la FESCIBF, allusion faite à leurs camarades qui ont conduit les bus à la cité.

 

Cette énième manifestation  suscite beaucoup d’interrogations dans les rangs des travailleurs de la société de transport en commun. Certains se demandent pourquoi l’Etat, qui biberonne la SOTRACO, ne la récupère pas. Pourquoi, malgré sa lettre de démission déposée le 6 mars dernier, Pascal Tenkodogo s’entête à garder coûte que coûte son directeur des Ressources humaines ? Pourquoi le gouvernement laisse faire malgré son interdiction de mise en circulation des bus sans immatriculation ?  Beaucoup de questions taraudent les esprits. Tout comme les étudiants, nous sommes resté sur notre faim. Malgré les assurances de la directrice générale de l’exploitation, Fatou Poda, de nous revenir au cours de la journée pour un rendez-vous avec Pascal Tenkodogo, il n’en a rien été.

 

Au moment de tracer ces dernières lignes, nous avons eu au téléphone le délégué de la cité, qui disait  sortir d’une rencontre avec le ministre des Transports et le DG de la SOTRACO, Pascal Tenkodogo. Selon ses dires, ils ont trouvé un terrain d’entente et aujourd’hui même les bus enlevés par les étudiants vont être retournés à la SOTRACO.

 

 

 

Lévi Constantin Konfé

 

Commentaires   

0 #1 lewang 28-03-2018 09:44
Vraiment ce désordre me fait peur et est vraiment inquiétante. comment vous pouvez vous arroser tous ces droits et aller enlever des bus du simple fait que vous avez vu des bus en circulation? imaginez qu' il y ait des accidents ou même saccage de ces bus si l'autorité intervenait, qui en seraient responsables? la Sotraco aussi devrait faire l’effort de convenir avec les étudiants sur de bons itinéraires et prix négociés car vous savez que les bus ont été acquis en leur nom, même si l'autorité veut faire d'une pierre deux coups. concernant la revendication des travailleurs, là c'est un faux problème car la SOTRACO doit demeurer privé ou semi privé si on veut de l’efficacité dans ses actions. Cela n’empêche que l'état lui accorde des avantages.
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