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La Croix : Signature de Dieu !

 

Le Vendredi saint, pour les catholiques, Dieu signe d’une croix. Christ en croix, croix de nos églises, de nos lieux de culte et croix portées par beaucoup de catholiques ! Le Christ est mort en croix, légalement assassiné à la suite d’un procès bâclé, sans vrais témoins. Ni lapidé comme un juif aurait dû l’être, ni décapité comme le sera Paul, citoyen romain, mais crucifié entre deux parias, lui le juste. Comme le dit le psaume 31, on l'a « planté là ! », « oublié comme un mort effacé des mémoires ». Tout le monde passe sans le voir.

 

 

Lui demeure. L’envoyé de Dieu, le Fils bien-aimé, est mort. Est-ce possible ? Et qui veut appartenir à une religion dont le Dieu meurt ?  Jésus est mort comme un homme, dans la faiblesse et l’abandon, comme ce sera le cas pour chacun de nous, un jour. Tout Fils qu’il a été, il n’a pas dédaigné de naître, de vivre et de mourir dans notre chair (Hébreux, 5, 8).

Là, c’est comme s'il nous disait : le salut ne consiste pas à s’évader de la chair, mais à l’accomplir, à la transfigurer. Sa mort sur la croix est « scandale pour les juifs, folie pour les Grecs » (1 Co 1, 23). Le langage de la croix est scandaleux aussi pour les musulmans et pour les bouddhistes. Justement, le langage de la croix, exprime la ligne de rupture entre le christianisme et les autres religions. Né dans une étable, venu d’un village dont il ne peut rien sortir de bon, Jésus a marché sur les routes sans une pierre où reposer sa tête, et il est mort hors de Jérusalem, enterré dans un tombeau d’emprunt.

Comme le dira Paul, « ce qui dans le monde est vil et méprisé, ce qui n’est pas, Dieu l’a choisi pour réduire à rien ce qui est » (1 Co 1, 28). Dans la figure de Jésus, Dieu irradie à partir des marges de l’humanité. Il se fait voir à partir de la périphérie. Soyons clair : la souffrance ne plaît pas à Dieu. Dans son réquisitoire contre l’Église, le philosophe Nietzsche dénonçait l’exploitation de la misère et du péché qui faisait de la croix le « signe de ralliement pour la conspiration la plus souterraine qu’il y ait jamais eu, contre la santé, la beauté, la droiture, le courage, l’esprit, la bonté d’âme, contre la vie même ».

Mais faut-il inverser les rôles ? Celui qui est mort sur la croix, n’est-ce pas lui qui rend la santé, qui pardonne et redonne vie, qui traverse la mort pour nous conduire à la vie ? Dans le Dieu crucifié, ce qui nous est donné à contempler, c’est Dieu qui ouvre pour tous les hommes un chemin de salut en allant jusqu’à partager les souffrances de l’homme : non en en rajoutant, mais en faisant qu’elles ne soient pas le dernier mot de la vie. Jésus est mort en refusant la violence et en ouvrant la porte au pardon.

Dieu parmi les hommes n’a d’autre signature que la croix. Les pauvres eux aussi signent d’une croix. Toutes les explications rationnelles sont là pour nous permettre de lutter contre le mal et la souffrance, mais le pire est toujours possible et nous restons devant un mystère insondable. Aucun peuple, aucune culture, aucun être humain n’est à l’abri de la course à l’abîme : l’abîme de la souffrance, de la mort, du terrorisme, etc. De riche qu’il était, Dieu s’est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté.

 

 

 

Père Jean-Paul Sagadou

 

Assomptionniste

 

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