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Journée mondiale de la liberté de la presse: Si seulement l’exemple ghanéen pouvait faire tache … d’encre

C’est le cas depuis 27 ans. Chaque 3 mai, la médiasphère commémore la Journée mondiale de la liberté de la presse (JLMP), instaurée par l'Assemblée générale des Nations unies en décembre 1993 après la tenue, à Windhoek (Namibie) en 1991, du séminaire pour le développement d'une presse africaine indépendante et pluraliste qui a accouché de la fameuse déclaration portant le nom de la capitale namibienne. Cette année, c’est sur le thème « Médias, Justice et Etat de droit » que se mène la réflexion  sur ce qu’on a l’habitude d’appeler communément le quatrième pouvoir. Un pouvoir hélas souvent malmené sous toutes les latitudes. Cette JMLP intervient d’ailleurs quelques jours après la publication du rapport de Reporters sans frontières (RSF),  tombé le 25 avril dernier.

 L’idée qui y est développée est que la liberté de la presse est la mère de toutes les libertés. Il n’y a rien donc d’étonnant que, d’une part, les premiers de la classe se recrutent dans les pays à démocratie avancée et, d’autre part, les bons derniers dans les dictatures quasiment staliniennes comme la Corée du Nord et chez son clone africain qu’est l’Erythrée. Les six premiers par ordre de mérite sont la Norvège, la Suède, les Pays-Bas, la Finlande, la Suisse et … la Jamaïque. Les six derniers par ordre de … démérite sont la Corée du Nord, l’Erythrée, le Turkménistan, la Syrie, la Chine et le Vietnam.

Notre pays est classé 5e en Afrique et 41e à l’échelle mondiale. Preuve d’une certaine vitalité médiatique déjà probante sous Blaise Compaoré (nonobstant cette grosse tache rouge que restera l’assassinat de Norbert Zongo) qui s’est renforcée par l’Insurrection, la résistance au coup d’Etat et le renouveau démocratique. Sans oublier la dépénalisation des délits de presse votée pendant la Transition même si, ce faisant, l’autre danger que courent les entreprises de presse, ce sont les condamnations financières qui pourraient faire couler de nombreux médias  si la justice avait la main lourde. Mais on aurait tort de penser que c’est seulement dans nos démocraties bananières que les médias sont menacés. Aux pays des droits de l’Homme, comme en France, l’hostilité envers les médias  peut aller jusqu’à la haine du journaliste.

 Plus que jamais, c’est donc un métier de tous les dangers. Ce ne sont pas nos confrères afghans, chez qui « la mort fait partie du métier », qui diront le contraire : lundi dernier à Kaboul, neuf d’entre eux ont été zigouillés au même endroit et au même instant dans un double-attentat suicide qui les visait. Pour tous les pouvoirs en effet, qu’ils soient politiques, économiques, militaires ou même religieux, les journalistes suscitent des situations ambivalentes. Tantôt on veut les avoir avec soi, tantôt on les considère comme des empêcheurs de dormir tranquille, si bien qu’on les évite comme la peste… pardon … comme Ebola pour tropicaliser. C’est donc encore très loin, le paradis des journalistes. Un petit bémol dans cet afro-pessimisme: la célébration principale de la Journée mondiale de la liberté de la presse 2018 a eu lieu, tenez-vous bien, à Accra au Ghana. Certainement une récompense pour un pays classé premier en Afrique dans le dernier rapport de Reporters sans Frontières et 23e au niveau mondial devant l’Espagne, la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.  C’est dire que l’espoir est permis.

Issa K. Barry

Dernière modification lejeudi, 03 mai 2018 21:30

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