Menu

L’ambassadeur Tunisien à l’Obs. : « Il y a une grande ressemblance entre ce qui se passe au Burkina et en Tunisie » (Mohamed Kahloun)

Il est le premier ambassadeur de son pays à résider au Burkina, où il est depuis le 17 février 2017, mais avant il a servi dans des pays du Moyen-Orient comme l’Irak et l’Iran. Lui, c’est l’ambassadeur Mohamed Kahloun. Il vient du pays qui a fait la révolution dite du jasmin en 2011. Dans le cadre du renforcement de la coopération entre les médias de son pays et ceux du Burkina, le diplomate tunisien a effectué le déplacement le mardi 15 mai 2018 au siège de L’Observateur Paalga. L’occasion s’y prêtant, il s’est prononcé sur la Tunisie post révolution en comparant sa situation à celle du Burkina post insurrection.

 

 

« Un accueil chaleureux », c’est ce qu’une tradition bien de chez nous veut que nous réservions à nos visiteurs. Et ce n’est pas le directeur de publication de L’Observateur Paalga, Edouard Ouédraogo, qui y dérogera avec son visiteur du jour. Réglé comme une horloge suisse, l’ambassadeur Mohamed Kahloun a foulé la cour du journal à 11h00 pile-poil comme prévu malgré la pagaille dans le trafic routier à cette heure de la journée. Costume bleu nuit, démarche assurée, le diplomate est conduit au bureau du doyen, comme l’appellent affectueusement les confrères, par le chef du Service administratif et des ressources humaines, Olivier Yiougo. Là, après les effusions d’usage et des prises de photos, les deux hommes restent pour un huis clos.

Du secrétariat où nous faisons le pied de grue, nous entendons des éclats de rires par intermittence. Preuve qu’à l’intérieur l’ambiance est des plus conviviales. Après ce tête-à-tête  d’une quarantaine de minutes, c’est notre directeur en Faso dan fani demi-saison qui nous lance cette phrase à leur sortie avec le sourire : «J’ai appris beaucoup de choses avec son excellence, c’est un érudit».  

Avant de se prêter à nos questions, le diplomate a signé notre livre d’or. En écrivant entre autres : « J’ai été honoré aujourd’hui d’être accueilli dans la cour du journal. J’ai eu des échanges fructueux et fraternels avec le fondateur ». Ce qui a davantage aiguisé notre curiosité et suscité notre première question : qu’est-ce qui vous amène à L’Obs.? Dans un léger sourire, il nous explique que cette visite  fait partie de son agenda. Il s’agit de prendre le pouls des institutions et des médias. « Avec le fondateur, on a parlé de la situation du journalisme après la révolution de 2011, qui a connu un développement très important pour la liberté d’expression», a confié Mohamed Kahloun. Estimant que les journalistes burkinabè vivent à peu près les mêmes réalités que ceux de son pays, il les a invités, particulièrement ceux de L’Obs., à visiter la terre d’Habib Bourguiba afin de tisser des liens professionnels avec les médias tunisiens.

 

Les relations tuniso-burkinabè au beau fixe

 

Le juriste de formation et diplomate de carrière Mohamed Kahloun est, comme déjà dit, le premier ambassadeur tunisien à résider au Burkina. Est-ce à dire que les relations tuniso-burkinabè sont au beau fixe ? A l’en croire, la chancellerie s’est plantée ici pour booster davantage la coopération entre les deux pays. Des exemples ? Le diplomate a cité l’exemption des Burkinabè de visa pour se rendre en Tunisie, la connexion aérienne trois fois par semaine entre Tunis et Ouaga, le dynamisme des entreprises tunisiennes au Burkina surtout dans le BTP, les échanges dans les domaines de la santé, de la formation et de l’éducation. Il a conclu que tout est donc mis en œuvre pour élargir la coopération.

L’occasion était trop belle pour que nous ne la saisissions pas en vue de revenir sur la révolution du jasmin qui ne semble pas avoir tenu ses promesses sur les plans sécuritaire et économique sept ans après. La réponse de l’ambassadeur Kahloun : « Sur le plan politique, on a réalisé beaucoup de choses, ce n’est pas facile d’établir une démocratie. Comme acquis, il y a eu en 2011 l’organisation d’élections afin d’établir la constituante, il y a eu la promulgation de la Constitution en 2014, également cette même année il y a eu l’élection présidentielle. Mais il faut noter aussi qu’il y a eu des défis, la Tunisie a été victime de plusieurs opérations terroristes qui ont touché le secteur touristique alors que ce secteur est stratégique pour notre économie. Sans oublier les mouvements de revendications sociales et syndicales. Ce qui peut se comprendre par le fait qu’après une révolution tout le monde veut une augmentation de salaire. En somme, il y a une grande ressemblance entre ce qui se passe au Burkina et en Tunisie», a expliqué le représentant du pays de la révolution du jasmin. Et de poursuivre : « La Tunisie reste la seule exception du printemps arabe, parce qu’il n’existe pas de printemps arabe mais un début de printemps tunisien ». Pour lui, il ne suffit pas d’organiser des élections pour conclure qu’on est dans un régime démocratique, « la transition économique est une condition sine qua non de la réussite du processus démocratique ».

Quid des récentes élections qui ont porté le parti islamo-conservateur d’Ennahdha parmi les favoris ? N’y a-t-il  pas de risques de résurgence de l’islamisme ? Que non, a répondu le plénipotentiaire  du  président Beji Caid el Sebsi au Burkina. «Ennahdha est en train de s’adapter à la Tunisie actuelle. On parle de la tunisification d’Ennahdha ».

Sous la révolution, L’Observateur a été incendié. Mais tel un phénix, le journal renaquit de ses cendres et porte depuis lors cette nouvelle appellation L’Observateur Paalga. Mais que veut dire Paalga pour un arabo-francophone ? C’est la question qu’a posée l’ambassadeur avant de rejoindre son enclave diplomatique. C’est naturellement avec plaisir que notre DP lui a fait la petite leçon d’histoire du journalisme privé dans notre pays.   

 

J. Benjamine Kaboré

Dernière modification lejeudi, 17 mai 2018 21:16

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut