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Assemblée nationale : L’opposition parlementaire s’érige contre la gouvernance Sakandé

Trois groupes de l’opposition parlementaire qui sont l’UPC, le CDP et le PJRN (composé de députés de l’ADF/RDA, de la NAFA, de l’UPC et du CDP) ont rencontré la presse dans l’après-midi du 21 mai 2018 pour lancer un cri d’alarme face à ce qu’ils considèrent comme étant des dérives dans le fonctionnement de l’Assemblée nationale. A écouter les différents intervenants, si l’on n’y prend garde, ces dysfonctionnements entacheront gravement la crédibilité, la notoriété et la solennité qui sont censés caractériser l’institution parlementaire.

 

Visiblement, les doigts de la main ne suffisent pas pour énumérer les griefs des trois groupes parlementaires de l’opposition, l’UPC, le CDP et le PJRN relatifs au mode de gestion de l’Assemblée nationale: nombreux changements de l’ordre du jour du fait du gouvernement, non-respect du délai du dépôt des projet de lois par le gouvernement, retraits de dossiers inscrits à l’ordre du jour, reports intempestifs de projets de lois et de questions orales, questions orales non traitées avec sérieux par des membres du gouvernement, dossiers précipitamment enrôlés, ministres qui se permettent de ne pas informer la présidence de l’Assemblée de leur absence aux questions orales, un plan stratégique qui ne semble plus être une priorité, voyages du président Alassane Sakandé non annoncés avec une méconnaissance des critères de choix des députés qui l’accompagnent, initiatives de dons en toute opacité, remise en cause de la  laïcité par des séances de prières au sein de l’Assemblée …

Tels sont, entre autres, les dysfonctionnements constatés par l’opposition parlementaire. Inutile donc de préciser qu’il s’agit là d’une véritable remise en cause de la gouvernance Sakandé. Les principaux animateurs de la conférence de presse ont précisé que ces dérives sont constatées depuis la disparition de l’ancien occupant du perchoir, Salifou Diallo, et que, si l’on n’y prend garde, la vénérable institution perdra de sa crédibilité et de son efficacité.

Naturellement, cette situation a interpellé au plus haut point les journalistes dans la salle, si bien que d’aucuns se sont demandé s’il ne s’agit pas d’un manque d’autorité ou d’une question de personnalité de l’actuel occupant du perchoir. Le président du groupe parlementaire CDP, Blaise Sawadogo, pense que ce n’est pourtant pas le cas. « Il ne s’agit pas d’un problème d’autorité ou de personnalité. Nous constatons seulement la volonté de faire de l’Assemblée nationale une caisse de résonnance qui a pour mission d’avaliser systématiquement ce que l’Exécutif a déterminé. Ce n’est pas un fait du président mais une complicité avec des membres du gouvernement », a-t-il dit. «Vous arrivez souvent à l’hémicycle et c’est à ce moment que vous apprenez que le ministre interpellé est absent. L’Assemblée est en train de perdre de sa notoriété et de sa solennité», a ajouté Moussa Zerbo de l’UPC. 

 

« L’Assemblée nationale semble devenue l’ombre d’elle-même »

 

Et que dire de la remise en cause de la laïcité évoquée dans leur déclaration liminaire ? Le député UPC Koumbaterssour Dah reviendra plus en détail sur les prières de différentes confréries religieuses (catholiques, musulmans, protestants, animistes) organisées à l’initiative du PAN. « Nous y étions opposés parce que nous ne voyons pas la pertinence de leur organisation en ces lieux. Il y a des endroits pour ça ! Ces prières étaient-elles faites pour la paix ou pour la propre sécurité du président de l’Assemblée ? On ne sait pas », a-t-il affirmé.

Une sortie qui a eu l’heur de réveiller bien des zygomatiques, ces muscles ordonnateurs du sourire. Les principaux animateurs du point de presse sont revenus aussi sur les dons faits par Alassane Balla Sakandé, notamment aux FDS (Forces de défense et de  sécurité) et à l’hôpital Yalgado Ouédraogo.

D’où cette plainte de Yaya Zoungrana du CDP: «Nous n’avons pas été tenus informés de ces initiatives. C’est ce qui nous fait penser à une gouvernance exclusive». Pour le député Zilma François Bacyé du parti NAFA et du groupe parlementaire PJRN, qui a eu à lire la déclaration liminaire, « l’Assemblée nationale semble devenue l’ombre d’elle-même. Son fonctionnement a été beaucoup perturbé ». Raison pour laquelle les trois groupes parlementaires « lancent un appel à un sursaut des collègues de la majorité afin qu’un travail soit fait pour redonner à l’Assemblée nationale un visage plus responsable face aux défis actuels de notre pays ».

Issa K. Barry

Dernière modification lemardi, 22 mai 2018 19:17

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