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Grèves syndicats des Finances : Semaine noire pour les régies financières

Comme annoncé c’est chose faite depuis hier matin : les syndicats du ministère de l’Economie, des Finances et du Développement sont effectivement entré en grève. Une disette de 5 jours donc pour les régies financières, car cet arrêt de travail à en croire en tout cas  le président de la coordination, Mathias Kadiogo, était bien suivi dans son ensemble. Si cette situation devait aller à son terme durant les 120 heures projetées, elle ne serait pas sans conséquences pour l’économie nationale.

Un service minimum a été toutefois mis en place, histoire de ne pas bloquer totalement l’ensemble des services concernés. Pour en assurer le fonctionnement, les forces de défense  et de sécurité dès 5h du matin ont pris possession des lieux, devançant les grévistes d’une heure et les obligeant à externaliser leur piquet, au grand dam du secrétaire général du Syndicat national des agents des impôts et des domaines, Nongo Grégoire Traoré, qui fustige un tel fait.

A la date d’hier, les deux parties (syndicat et gouvernement) campaient sur leurs positions respectives que nous avons exposées dans notre édition du lundi 21 mai 2018.

 

 

C’est le parking des bureaux du Trésor sur l’avenue de l’Indépendance qui accueille en premier lieu le véhicule ciglé. Nous apercevons un groupe de travailleurs visiblement en concertation près de leurs engins. L’affluence n’est pas celle des grands jours. Nos échanges  débutent avec une usagère à la porte qui nous confie qu’elle a pu déposer ses documents.  A l’intérieur, la plupart des guichets sont fermés. Sur la dizaine, 3 seulement tentent d’assurer le service minimum. Les agents non grévistes refusent de piper mot. « On ne parle pas aux journalistes aujourd’hui», nous lancent-ils agacés, le regard fuyant. Nous décidons alors de faire le pied de grue afin de nous entretenir avec les quelques clients ou tout autre responsable du service que nous croiserons. Une dizaine de minutes plus tard, dans l’un des couloirs de l’institution, l’agent comptable central  du Trésor, Seydou Barro, accepte enfin de nous parler. «Les guichets sont ouverts depuis  8h et se ferment à 14h30 mn.  Sur l’ensemble des guichets, au moins il y a le service minimum notamment à la caisse, au paiement et au reversement de recettes». 

Dans notre patience,  nous parviendrons à  échanger avec le directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique, Abraham Ouattara. Ce dernier était visiblement venu prendre langue avec les agents «studieux». Entre deux coups de fil, il essayait de les galvaniser. «Vous devez faire en sorte que le travail continue, ne vous laissez pas intimider». De concertation en concertation, il donne des instructions prudemment .  C’est dans la même veine qu’il a ordonné séance tenante que la sentinelle postée à l’entrée principale se mette devant les guichets fonctionnels pour plus de sécurité. «Soyez permanent, les perturbateurs défilent».

Selon les dires du DG, si la coordination des syndicats a appelé à  observer une grève pour des raisons qui leur sont propres, lui, son rôle est de faire fonctionner l’administration, et c’est ce qu’il essaye de faire à travers la ronde. «Des dispositions ont été prises pour assurer le service. Des échos me reviennent d’autres bureaux. Tout va bien mais il faut aussi signaler qu’on ne peut pas tourner à plein régime. Le gouvernement a fait des efforts pour trouver des réponses aux préoccupations qui ont été posées. J’appelle donc les  travailleurs à mettre de l’eau dans leur vin», a-t-il lancé.

Sur place au guichet 6, nous avons constaté que le service minimum était effectivement assuré.  Au paiement, il y avait madame Rosine Zomodo/Kaboré, intendante au lycée départemental de Niaboré. Cette dernière  dit être  venue toucher un chèque pour les examens qui commencent bientôt. «Je salue l’initiative et la constance du service minimum. J’encourage les personnes qui ont bien voulu l’assurer», a-t-elle dit.

 

Escale au  MINIFED

 

En ce premier jour de grève, les travailleurs du ministère des Finances, que ce soit les grévistes ou les non-grévistes, devaient montrer patte blanche avant de franchir l’important barrage que la compagnie républicaine de sécurité a érigé.  De nombreux policiers ont obligé les frondeurs à se réfugier du côté de la porte de la RTB qui fait presque face à la primature. Là, les discussions entre agents allaient bon train… Après nous être fondus dans la masse,  nous arrivons à  dénicher le secrétaire général du Syndicat national des agents des impôts et des domaines,  Nongo Grégoire Traoré. C’est avec un peu d’amertume que ce dernier se prête à nos questions. Pour lui, en ce premier jour de  grève, le piquet devait se tenir au sein du ministère. Les syndicats sont venus tôt le matin vers 6h et sont tombés sur les forces de sécurité qui avaient déjà assiégé les lieux dès 5h. «Les FDS ont  encerclé tout le ministère et barré évidemment les routes et même les usagers ne pouvaient plus passer. L’accès du ministère est interdit à tous les travailleurs excepté ceux qui possèdent des réquisitions. La seule possibilité était de nous regrouper derrière le mur de la RTB en attendant d’apprécier la situation et de voir la conduite à tenir.  Je déplore l’inaccessibilité  des locaux, mais cela ne va pas nous désarmer pour la suite de notre lutte».

Toujours selon les dires  de Nongo Grégoire Traoré, sur les 7 points de revendication, le gouvernement a fait un communiqué pour dire qu’il y a eu satisfaction sur les points de la plateforme revendicative alors que tous les points sont toujours en l’état. Aux 7 points vient s’ajouter l’engagement non tenu du gouvernement de régulariser la situation administrative de plus de 240 travailleurs ; ce qui était prévu pour au plus tard décembre 2017 demeure en l’état. Par ailleurs, il y a la question des réformes qui sont entreprises. Les  travailleurs  ne s’y reconnaissent  pas. A l’exemple de l’installation des guichets de banques au sein des services qui vont coûter des milliards. Pour les syndicalistes, c’est une manière de privatiser les services administratifs, et la somme qui sera allouée à cette tâche peut être mise à la disposition des services habilités qui pourront mieux faire le travail. En outre, la ministre Rosine Coulibaly/ Sori veut transformer la Direction des impôts (DGI) en Etablissement public d’Etat (EPE). A son avis, une structure comme la DGI ne doit pas être privatisée, car l’impôt est un domaine de souveraineté de l’Etat. Aujourd’hui, leur souci est que la transformation de la DGI en EPE entraîne une compression de travailleurs dont la moitié restante sera reconvertie à d’autres tâches. Le problème de la COTECNA et du CCVA au niveau de la Douane se pose avec acuité également, et à l’écouter, ce sont des contrats privés signés au coût de milliards auxquels des organisations internationales telles que l’UEMOA ont demandé de mettre fin mais le gouvernement refuse et fait la sourde oreille», a-t-il expliqué de long en large.

Au même moment, des confrères  rencontraient les premiers responsables du MINIFED, en quête d’équilibre de l’information par ces temps de crise. Ils sont reçus par le Secrétaire général, Abel Somé qui déclare « Les discussions ont été conduites entre le gouvernement et la coordination des syndicats du ministère des Finances. A la suite de ces discussions, l’exécutif s’est exprimé à travers un communiqué  pour apporter les réponses aux 7 préoccupations des travailleurs. Il y a une incompréhension peut-être, mais le gouvernement estime qu’il y a apporté des solutions assez significatives. Tous les agents qui ont reçu des réquisitions sont à leur poste et cela peut se constater. Ceux qui ne sont pas grévistes sont venus travailler. Pour les usagers, les services sont ouverts et on les encourage à venir malgré les informations fausses qu’on peut leur communiquer. Nous ne voulons pas que ceux qui souhaitent travailler soient dérangés. On s’assure qu’ils ont accès à leur poste de travail. Les enceintes ne doivent pas être occupées par les grévistes».

 

Transformation de la DGI en EPE ?

 

Concernant les réformes de manière générale, il s’agit d’un dialogue participatif. La discussion continue, nous avons invité les partenaires sociaux à y contribuer afin que des solutions satisfaisantes soient trouvées. On ne peut pas rompre le dialogue. Les réformes ne sont pas encore matérialisées, c’est un processus dynamique auquel tout le monde participe. Le gouvernement a été clair, tous les points, selon les cas, vont être analysés afin de permettre à chacun de rentrer dans son droit. Nous espérons qu’il n’y aura pas 120 h de travail de perdues. Nous sommes en train d’y travailler. Le pays est dans une situation critique et ce n’est pas le moment d’arrêter la machine pour l’économie et les questions de sécurité. Nous félicitons tous les agents qui sont à leur poste, nous a précisé le secrétaire général du MINIFED, Abel Somé.

            

W. Harold Alex Kaboré

Félicité Zongo

 

 

Encadré

Les salaires du mois de mai seront payés

 

Le ministre de l’Economie, des Finances et du Développement à l’honneur d’informer les usagers des services du MINEFID, que nonobstant l’appel de la coordination des syndicats du ministère de l’économie et des finances (CS-MEF) à un mouvement de grève allant du 21 au 25 mai 2018, les services du MINEFID resteront ouverts durant ladite période.

Conformément à ses obligations d’assurer la continuité du service public, l’administration a pris des dispositions pour un fonctionnement effectif de ses services.

Le MINEFID tient à assurer à tous les travailleurs et usagers de ses services que des dispositions  sont également prises pour assurer leur accès aux différentes structures du département.

Le ministre de l’Economie, des Finances et du Développement voudrait saisir cette occasion pour féliciter et encourager les travailleurs qui ont choisi de ne pas observer ce mouvement de grève préjudiciable à notre économie

Par ailleurs, le MINEFID tient à assurer à tous les agents publics que les dispositions ont été prises pour permettre le paiement effectif des salaires du mois de mai.

 

Ouagadougou, le 21 mai 2018

 

Le Ministre de l’Economie, des Finances et du Développement

Hadizatou Rosine Coulibaly/Sori

Officier de l’Ordre national

 

Commentaires   

0 #2 LoiseauDeMinerve 22-05-2018 15:14
Vous aurez vos yeux pour cracher les torrents d'arme bientôt. Votre grève sera une expérience grandeur nature pour prouver qu'avec un effectif minimal on peut réaliser presque autant. Alors le fatwa va tomber comme au temps de la révolution, quitte à reconstituer vos carrières 10 ans après que ayez galéré et que certains se seraient suicidés. En avant pour la réduction du trop plein inutile de la fonction publique
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0 #1 Neilson 22-05-2018 11:32
Qui peut encore croire aux syndicalistes du ministère des finances depuis qu'on sait que c'est eux les fossoyeurs de nos maigres ressources? La preuve, à la télé nationale vous avez tous vu leur ventre bien arrondi sous leur Tee-shirt ! Comment comprendre que des agents de liaison avec 60.000 f cfa de salaire net d'impôt ce qui fait 720.000 f cfa comme salaire net annuel, bénéficie d'un fond commun de près de 4.000.000 de francs annuel, soit plus de 5 fois leur annuité! Nous voyons tous ce que les Bassolma sous le couvert du syndicat des finances veulent a savoir: pousser le gouvernement à la faute comme d'autres l'ont fait sous le CNR avec les instituteurs, et nous avons tous vu la fin! Que le gouvernement et les partenaires sociaux responsables fassent la nouvelle grille des salaires et celui qui n'en veut pas ou qui a amassé suffisamment de fond commun démissionne, beaucoup de diplômés se bousculent au portillon, cela est valable pour les agents de la douane, ces agents de la catégorie D beurrée, comme dirait Ernest dans Haro camarade commandant.
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