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Lutte contre le terrorisme : La stratégie de l’abbé Alfred Bonkoungou et de Laurent Kibora

Ils sont épris de paix et, partant, d’un monde sans guerre. Ils ont décidé de se servir de leur plume pour montrer les défis sécuritaires dans la bande sahélo-saharienne face au terrorisme. Eux, ce sont Laurent Moustapha Ouétogamou Kibora et l’abbé Alfred Bonkoungou. Le premier est spécialiste en management des ressources humaines des forces de défense et de sécurité dans la lutte contre le terrorisme religieux et le second, en intégration communautaire et en politique européenne de voisinage. Ils sont tous les deux  auteurs d’œuvres dédicacées le 2 juin 2018 à Ouagadougou. Dans ces ouvrages, ils sont unanimes à reconnaître que pour venir à bout du terrorisme, la gestion des ressources humaines des services de sécurité est importante.

 

15 janvier 2016 ; 13 août 2017 ; 2 mars 2018. Ces dates rappellent aux Burkinabè des évènements douloureux marqués par des attaques terroristes en plein cœur de Ouagadougou sans compter celles perpétrées contre les camps militaires, les commissariats à l’intérieur du pays. A cela s’ajoutent les nombreux enlèvements et assassinats … Bref, le terrorisme prend de l’ampleur. La situation est de plus en plus préoccupante. Alors, on a la peur au ventre quand il s’agit d’en parler du fait  du risque d’être pris pour cible. Mais deux Burkinabè ont décidé de sortir du silence. Leur arme : la plume.

 Il s’agit de Laurent Moustapha Ouétogamou Kibora avec son livre de 149 pages, intitulé « Actions de développement du système local de sécurité. Quels types d’organisation pour les services de renseignements et les forces antiterroristes ? ». Paru aux Editions  universitaires européennes, ce chef-d’œuvre coûte 29 000 F CFA.  La deuxième œuvre est de l’abbé  Alfred Bonkoungou et a pour titre « Les organisations djihadistes en Afrique de l’Ouest : une menace contre l’Europe à partir de la bande sahélo-saharienne ». Cet ouvrage de 116 pages, édité par la même maison, coûte 15 000 FCFA.

Dans la première œuvre, Laurent Kibora aborde le management des ressources humaines, notamment des Forces de défense et de sécurité. Il fait de l’utilisation des ressources humaines des services de sécurité l’un des facteurs compétitifs dans la lutte contre l’insécurité.

Selon lui, la lutte contre le terrorisme est si complexe qu’il a décidé de l’aborder sous cet angle particulier : « J’ai apporté ma contribution, sous l’angle des ressources humaines, sur comment créer un cadre de collaboration entre la population et les Forces de défense et de sécurité (FDS) ». Dans cette œuvre, M. Kibora  montre dans quelle mesure développer les compétences des ressources humaines des FDS afin de les rendre plus opérationnelles  et plus performantes dans le but de mettre  le pays à l’abri de cette nébuleuse. L’ouvrage décrit les différents mouvements terroristes, leurs origines et expose les défis sécuritaires dans la bande sahélo-saharienne ainsi que le type de système de management des hommes des services de renseignements et des forces antiterroristes burkinabè.

« S’engager contre le terrorisme, c’est prendre un risque »

La seconde œuvre dédicacée, intitulée « Les organisations djihadistes en Afrique de l’Ouest : une menace contre l’Europe à partir de la bande sahélo-saharienne », d’Alfred Bonkoungou, abbé vicaire au diocèse de Gounghin, montre qu’il existe une différence entre le terrorisme et le djihadisme. Pour lui, le terrorisme est une action de destruction d’un bien, public ou privé, mais aussi de la vie humaine, de façon violente tandis que le djihadisme, c’est le fait que sur le fondement de la foi islamique on en vienne à en vouloir à la vie d’autrui pour justifier son option religieuse.

Pour l’abbé Bonkoungou, la paix est la base de tout : «Quand je me suis interrogé sur les menaces contre la paix, il y avait devant moi cet ennemi : le terrorisme, le djihadisme. C’est pour cela que je me suis engagé avec toute la conscience active et je me suis dit que s’engager de façon affichée contre le terrorisme, c’est prendre un risque. Mais la paix n’ayant pas de prix, je vais me donner pour la paix et contre tout ce qui la détruit. »

C’est ainsi que dans son œuvre, ce docteur en théologie évoque la « Hard power », qui représente les stratégies militaires de lutte contre les manifestations du terrorisme. Mais selon lui, il faut en plus la « soft power » pour l’atteindre à ses racines. Cela passe par une socialisation, une éducation qui intègre les valeurs culturelles et religieuses. C’est ainsi que l’écrivain invite tout Burkinabè à devenir « un soldat pour la paix et contre le terrorisme. Celui qui brandit la solidarité, l’acceptation de l’autre, celui qui livre des frappes pour détruire le refus de l’autre ».

Pour le parrain de ces dédicaces qui n’est autre que le ministre de la Sécurité, Clément Sawadogo,  les auteurs de ces deux ouvrages sont en quelque sorte des pionniers parce qu’ils ne sont pas encore nombreux, nos écrivains qui se sont intéressés à ce thème. Tous les deux ont eu pour angle d’attaque la question terroriste et particulièrement dans notre pays, les ramifications des différents réseaux et ont ébauché des pistes de solutions pour venir à bout de ce mal.

« J’exprime ma satisfaction à ces deux auteurs qui ont ouvert une voie car je suis sûr que beaucoup l’emprunteront, journalistes d’investigation, écrivains, hommes de culture, de lettres, éducateurs, religieux… Nous avons aujourd’hui besoin de mener un combat idéologique, un combat de culture contre le terrorisme en plus de celui militaire », a-t-il souligné avant d’ajouter qu’il commanderait les livres par centaines pour les FDS.

Pour le modérateur, Newton Hamed Barry, c’est à la fois un sujet important et grave car le terrorisme échappe à toutes les règles de l’engagement militaire. Pour lui, le livre de M. Kibora mérite d’être creusé davantage afin de savoir s’il faut payer les militaires à coups de millions pour leur engagement contre ces fous de Dieu.

 

 

Ebou Mireille Bayala

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