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Police municipale : Les «poulets» veulent chasser «le coq de la basse-cour»

 

Des agents de la Direction générale de la police municipale ont exprimé, le 05 juin 2018 à leur base à la Patte-d’oie, leur indignation face «au non-relèvement» du niveau de recrutement qui, selon eux, devrait passer cette année du CEP au BEPC. Les «poulets» comptent poursuivre le débrayage jusqu’au départ immédiat de leur DG, Sylvestre N’Do, jugé inefficace.

 

 

Lorsque le véhicule siglé du Canard s’immobilise à proximité de la porte principale de la direction générale de la police municipale à 8 heures 40 minutes, a priori rien dans les parages n’indique un quelconque mouvement d’humeur. Les riverains vaquaient tranquillement à leurs occupations, la voie rouge qui longe la direction est empruntée sans souci. Trois barrières sont dressées devant un accès principal de la cour, restée close. Quelques «poulets» veillent au grain. Ils filtrent les entrées. Nous nous approchons d’eux, déclinons notre identité ainsi que l’objet de notre présence. L’un d’eux nous fait patienter avant de s’engouffrer dans le bâtiment. Pendant que nous attendons, un policier, trapu, sort de l’enceinte et d’un ton ferme lance aux autres camarades en poste : «Ne laissez aucun cafard accéder au bâtiment.» L’un de ses collègues s’empresse de le questionner sur les personnes qu’il met dans le lot «cafard» Sa réponse est tranchée, nette : «Je veux parler des gradés», a-t-il aussitôt expliqué sans détours tout en poursuivant son chemin, papier PMU’B en main.

 

Ces propos acerbes à peine tenus, nous sommes autorisés à accéder à l’enceinte. Çà et là des groupuscules de policiers. Si certains conversent, d’autres ont le regard vide, ce qui en dit long sur leur état d’âme. Hormis le poste de contrôle jouxtant l’accès où il y a un agent, les autres bureaux, quoique ouverts, sont vides de leurs occupants habituels. Une barrière empêche l’accès au bureau du DG. « Il n’ose pas venir. Depuis 5 heures du matin, nous l’avons devancé au service », raconte un agent.

 

 

 

Pas de grand déballage sinon...

 

 

 

En l’absence, nous dit-on, du secrétaire général du Collectif des policiers municipaux du Burkina (COPM-B), c’est son adjoint, Kévin Benon, 11 ans de service, qui est notre principal interlocuteur. Il exige le départ immédiat de leur patron, entré en fonction le 15 septembre 2017. « Nous sommes profondément déçus. La situation qui arrive pouvait être évitée. C’est son inefficacité et son manque de crédibilité qui sont à la base de ce mouvement d’humeur.  Je me réserve, car beaucoup de choses ne peuvent pas être déballées publiquement », a souligné Kévin Benon. Raisons de cette grogne ? « Ce que nous réclamons aujourd’hui date de l’année passée. Nous avons approché la hiérarchie à l’époque et des solutions ont été proposées ; malheureusement, elles ne sont toujours pas mises en œuvre. Nous demandons le départ immédiat du directeur. Cette demande est non négociable», nous explique-t-il, ajoutant « qu’au temps de l’ancien DG (ndlr : Jean Marie Ouédraogo), nous avions convenu d’un plan avec le maire qui est de passer d’un niveau de recrutement actuel qui est le CEP (Certificat d’études primaires) à un niveau minimum de recrutement BEPC (Brevet d’études du premier cycle). Nous avons même convenu d’un programme qui permettait d’absorber les agents à la base et qu’aux prochains recrutements, avoir le BEPC serait une condition sine qua non. Mais à notre grande surprise, nous entendons en coulisses que le concours est sur le point d’être lancé avec comme exigence le niveau CEP. »

 

 Après ses explications, nous sommes conduits devant un groupe de policiers qu’il appelle les «doyens», car ces derniers ont pris service en 1995. «Depuis 20 ans, il y a des collègues qui partaient réglementer la circulation. Aujourd’hui encore, ils y vont. Nous ne sommes pas des esclaves !», a déploré Benon.

 

 

 

«Monsieur le Maire, vous voulez augmenter le nombre de misérables ? »

 

 

 

Selon le SGA du COPM-B, leur autorité principale de tutelle, le maire de Ouagadougou, a été rencontrée le 4 juin dernier. Un rendez-vous aurait même été pris pour le 5 juin, mais Armand Pierre Béouindé «n’a donné aucun signe.» Ce qui agace Benon : «Il est une autorité, c’est indiscutable. Mais qu’il se rende compte qu’il est venu trouver des grands frères à la commune de Ouagadougou et plus précisément à la police municipale. Vous n’arrivez pas à satisfaire vos employés et vous voulez encore en recruter. C’est pour augmenter le nombre de misérables ? Nous demandons au maire et à notre DG de prendre en compte notre préoccupation», conclut-il.

 

 

Hadepté Da

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