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Je dis « non » au vote des Burkinabè de l’étranger: Jules Ouédraogo, journaliste indépendant

Mon pays, le Burkina Faso, va mal, tout le monde le sait, et il n’y a personne pour lui porter secours. Mon aîné Boureima Jérémie Sigué, fondateur du journal Le Pays, nous le signifie plus gravement en pointant du doigt le style de vie des Burkinabé dans son nouvel ouvrage, intitulé « Qu’as-tu fait de ton beau pays ? » (Editions Le Pays, 2018). Son cri du cœur déchirant nous interpelle sur la dérive morale de notre société et son mode de vie si aride. Qu’on se le rappelle, Yé Bognessan avait parlé en son temps d’«agonie de la morale ». Rares sont ceux qui à l’époque s’étaient  émus de ce constat fait par l’ancien président de l’Assemblée nationale sur les mœurs sociopolitiques d’alors. On peut se poser la question de savoir ce qu’il y a au-delà de l’agonie. Au-delà de l’agonie, eh bien, c’est la nuit. C’est la fin. Plus de repère, plus rien ! Les gens de notre génération et des aînés comme Sigué ne pouvaient pas rester silencieux face à ce désastre moral et intellectuel. Nous sommes nostalgiques des années où nous vivions en harmonie LES UNS AVEC LES AUTRES  dans une douce joie et une fraternité sans pareille. Un homme d’Eglise nous avait dit  un jour que le problème du Burkina provient d’un démon qu’il avait appelé le démon de la jalousie. Tout le monde sait que de la jalousie naissent  la haine et la méchanceté, toutes deux destructrices de la vie et de l’amour.

Je me surprends à me remémorer les paroles d’un sage qui m’a un jour conté l’histoire du scorpion et de la grenouille. Voulant traverser une rivière et ne sachant nager, le scorpion alla demander secours  à Dame Grenouille pour qu’elle aide à passer de l’autre côté de la rive. « Je connais ta méchanceté, Scorpion, et je sais que tu vas me mordre, tôt ou tard ». « Que nenni, répliqua le scorpion, je ne suis pas assez bête pour te mordre car ce serait aussi signer ma mort ». L’argument était de poids et Dame Grenouille consentit à faire la traversée avec son compagnon juché sur le dos. Lorsqu’ils arrivèrent au beau milieu de l’eau, Dame Grenouille ressentit une douleur vive sur le flanc. C’est Scorpion qui venait de lui inoculer son venin mortel en lui enfonçant son dard profondément dans le corps. « Qu’as-tu fait là, malheureux ? », lança la grenouille dans un râle profond. « Je n’y puis rien, Dame Grenouille, c’est plus fort que moi, c’est ma nature », et tous les deux coulèrent noyés au fond du cours d’eau.

Je me sens effrayé  par cette histoire, car elle me rappelle les hommes de mon pays. Je trouve là, en fait, la parfaite illustration d’une odieuse leçon de vie, le caractère propre et la manifestation puissante d’une volonté affichée d’autodestruction. Ainsi notre société en est arrivée à ce stade.  De toute part, on ne cesse d’attiser avec ardeur les braises de la violence sociale, comme si on cherchait coûte que coûte à faire basculer notre ancienne « fière Volta » dans les profondeurs de l’horreur. C’est ici que nous percevons le dessein machiavélique de ceux qui, dans les confins de l’enfer, pensent et conçoivent leur diabolique plan de destruction de notre cher pays. Parmi ces plans élaborés dans l’arrière-boutique des gens malfaisants pour semer le chaos figure, tenez-vous bien…, le vote des Burkinabé de l’étranger en 2020. Croyez-moi, ce vote est véritablement pain bénit pour ceux qui veulent destituer notre pays. Hééé oui !Rassurez-vous : j’entends et je vois déjà, d’ici,  les vives protestations de nos « vaillants défenseurs des droits de l’homme et de la démocratie », nos intellectuels comme on le dit, toujours prêts à se prévaloir sur le superflu mais incapables de se soumettre à l’austère discipline de la raison.

Si le vote des Burkinabè de l’étranger doit mettre en péril le processus démocratique, autant le dire tout de suite et sans ambages : c’est non au vote des Burkinabè de l’étranger en 2020. En tout cas pas le vote des Burkinabé de Côte d’Ivoire.

 

    Un obstacle majeur appelé Blaise Compaoré

Deux raisons principales fondent mon argumentaire sur mes très fortes réticences face au vote des Burkinabè de l’étranger, notamment ceux de la Côte d’Ivoire.  Ces deux raisons ont pour origine la même source, à savoir la Côte d’Ivoire. Il s’agit, entre autres, de la présence de Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire et de la légendaire mésentente des ressortissants de notre pays en terre ivoirienne.  Tout le monde, il est vrai, s’accorde à dire que nos compatriotes installés hors du sol natal -on parle de 10 à 12 millions de personnes- ont eux aussi le droit de prendre part aux consultations électorales. Soit. C’est légitime et c’est même un devoir citoyen pour eux  de voter. Cependant, il ne serait pas non plus indiqué et acceptable d’organiser ces élections dans ce pays en particulier tant que l’ancien Président Blaise Compaoré y vit sous la protection bienveillante et intéressée des autorités ivoiriennes. N’en déplaise aux Ivoiriens, leur pays, la Côte d’Ivoire, appartient aussi à l’enfant terrible de Ziniaré, qui a fait roi leur Président, ADO. La présence dans ce pays de l’ancien compagnon et assassin de Thomas Sankara ne garantirait pas, à notre sens, des élections libres, justes, équitables et transparentes. Nous affirmons que la présence de  l’enfant terrible de Ziniaré en terre d’Eburnie constitue un obstacle majeur à l’organisation des élections dans ce pays. 

Une anecdote pour étayer ma position et  expliquer  surtout pourquoi admettre le vote  des Burkinabè de Côte d’Ivoire préfigurera un scrutin qui ne sera que de la pure mascarade et, pire, qui engendrera indiscutablement une violence  dont on ne mesure pas ici au Faso quelle sera l’ampleur. Mon histoire se passe au temps de la Transition. Je me trouvais dans mon champ lorsqu’un jour, c’était le mercredi 29 juillet 2015 précisément, mon portable sonna. C’était le Président Michel Kafando, Président de la Transition. Il me demanda si j’étais libre pour le vendredi 31 juillet parce qu’il avait un voyage officiel à effectuer en Côte d’Ivoire et il désirait m’amener avec lui à Abidjan. Je précise ici que le Président Kafando est un grand frère de quartier (Bilbalogo) et il était, en plus de cela, l’ami de mon défunt grand frère Guy Basile. Je le connais donc depuis mon adolescence. Précision toujours : la visite présidentielle s’étalait sur deux jours, le vendredi 31 juillet et le samedi 1er août 2015. Au deuxième jour de sa visite, et à quelques heures du retour au pays, le chef de l’Etat avait une rencontre avec la communauté burkinabè installée dans le pays. La rencontre eut lieu dans une grande salle de l’Hôtel Ivoire à Abidjan. Il y avait là  près de 1.000 personnes venues de toutes les régions du pays d’Houphouët. Ne faisant pas partie des  officiels, je m’étais installé un peu au loin au fin fond de la salle, sans m’imaginer le moins du monde que je serais, malgré moi, amené à jouer un grand rôle dans la suite des événements.

Alors que la réunion venait à peine de commencer et que le chef de l’Etat, quand vint son tour de parler, expliquait à l’auditoire la mission que le peuple insurgé lui avait assignée, je constatai juste à côté de moi, à ma gauche, un remue-ménage étrange. Cela avait commencé par des chuchotements, puis la température était montée d’un cran. On entendait distinctement des propos désobligeants à l’égard de la Transition et de son chef : « La Transition a échoué », « pour qui il se prend ?», « il nous prend pour des imbéciles !… ». Visiblement, les manifestants s’apprêtaient à passer à la phase supérieure; à un moment, certains d’entre eux étaient debout et commençaient à vociférer. Leur intention apparaissait clairement ; ils voulaient créer un tohu-bohu. J’avais constaté que tout ce mouvement était orchestré par mon voisin immédiat assis à ma gauche, un type taillé comme une armoire à glace. Mon sang monta brusquement d’un coup,  et je l’apostrophai plutôt vivement  en ces termes : « Monsieur, savez-vous seulement qui est assis là-bas et qui vous parle ? Savez-vous que c’est le Président du Faso, votre Président ? Ne vous hasardez surtout pas à refaire avec lui ce que vous avez fait au ministre de l’intérieur, Monsieur Auguste-Denise Barry. D’ailleurs, votre comportement d’alors avait choqué les Burkinabé et le geste avait été péniblement ressenti par vos proches au pays. Je ne vais pas vous cacher la vérité, au Burkina, la diaspora ivoirienne souffre d’un certain sentiment de rejet du fait de vos comportements irrespectueux et irresponsables. Je vous préviens que si vous sabotez cette réunion vous en paierez lourdement les conséquences. Avez-vous pensé aux conséquences diplomatiques, celles d’un chef d’Etat humilié dans un pays tiers et de surcroît par ses compatriotes résidents ? Vous n’avez pas idée  de ce qui vous attend si vous sabotez cette réunion, même les Ivoiriens vous mépriseront pour avoir fait ce que vous vous apprêtez à faire et je n’ose pas  vous dire non plus  ce que vos compatriotes au Burkina penseront de vous ».

Il m’a écouté,  sans broncher, ce sbire. Et ses lieutenants, qui n’avaient pas perdu une miette de mes propos, n’ont rien entrepris non plus.  Comme par miracle, le climat s’est apaisé. C’est ainsi qu’une situation qui s’annonçait explosive et scandaleuse a été étouffée dans l’œuf.

Quand j’ai rapporté l’incident au chef de l’Etat et à son conseiller spécial, Monsieur Jérôme Compaoré, celui-ci a confirmé mes dires ; du reste les services de renseignement burkinabé présents dans la salle avaient tout suivi et avaient déjà adressé leur rapport à qui de droit.

De prime abord, je savais que l’objectif  de ces loubards était de faire avorter la rencontre du Président de la Transition avec ces Burkinabè de l’étranger, mais j’étais à ce moment-là loin de m’imaginer que c’était des gens instrumentalisés et commis à une sale besogne par des forces « étrangères ». En effet, c’est par le plus heureux des hasards  qu’un jour, en regardant les informations sur la RTI, la première chaîne de la télévision ivoirienne, la vérité éclata dans toute sa splendeur : je vis mon « armoire à glace » - rappelez-vous le manant assis à mes côtés et qui donnait des directives à ses ouailles dans la salle de conférences. Il était encore au milieu de manifestants pro- Guillaume Soro et  protestait contre la justice burkinabé à propos de « l’affaire des écoutes téléphoniques » survenue suite au putsch manqué du Général Gilbert Diendéré en septembre 2015. Je n’en croyais pas mes yeux. J’explicite : voici un ressortissant burkinabé prenant fait et cause pour un homme politique ivoirien contre les autorités judiciaires de son pays d’appartenance ou d’origine. C’était proprement écœurant, mais, au fond, pas surprenant. Il faut rappeler qu’au temps du Président Houphouët, nos compatriotes dans ce pays constituaient un véritable bétail électoral du PDCI-RDA, le grand parti unique d’alors ;  et jusqu’à une époque récente, beaucoup d’ex-Voltaïques vivant en ce pays se prenaient  de facto pour des citoyens  ivoiriens à part entière; on en trouvait même qui se mêlaient ouvertement des affaires intérieures du pays ; ce qui n’était pas sans conséquence dommageable sur le reste de la communauté tout entière.

L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014  et l’éviction subséquente du pouvoir de Blaise Compaoré n’ont fait qu’accentuer  l’immixtion des hommes politiques ivoiriens dans la manipulation et l’instrumentalisation de nos compatriotes dans leur pays. Que dire du soutien quasi établi de certaines autorités politiques et militaires dans le putsch manqué du 16 septembre 2015 ? Il y a trop de conflits d’intérêts dans cette affaire pour qu’on ferme les yeux et qu’on laisse les choses aller. Que dire du comportement de l’ex-président du Faso qui,  depuis son exil doré au pays de l’éléphant,  continue de régenter la vie politique intérieure sur les bords du Kadiogo ? C’est très clair : c’est lui qui donne les directives, distribue les cartes ; du reste,  les voyages incessants d’hommes politiques de chez nous de l’autre côté à Cocody en disent long sur sa puissance de frappe, apparemment intacte. Il est même devenu président d’honneur d’un certain parti, c’est tout dire ! Alors, imagine-t-on l’état et l’étendue de  son influence auprès de la communauté burkinabè ? Pour une fois, soyons honnêtes avec nous-mêmes et ouvrons les yeux. Acceptons de regarder la vérité en face. Est-il possible, est-il seulement raisonnable d’organiser des élections tant que Blaise Compaoré a ses quartiers en Côte d’Ivoire ? Ouvrir le vote en 2020 aux Burkinabè de Côte d’Ivoire, en particulier, pour toutes les raisons invoquées, c’est ouvrir véritablement la boîte de Pandore. Pensez-y : quelle garantie avons-nous contre les classiques  tripatouillages, bourrage d’urnes, voire l’organisation et la mise en œuvre de quelque opération « coup de poing » contre tel camp par tels militants ?... Quelle garantie peut-on donner que le scrutin sera sans tache, sans violence et sans sang ?

 

La division  des Burkinabè de Côte d’Ivoire, un autre obstacle

 

 La Côte d’Ivoire, je la connais un peu pour y avoir séjourné pendant cinq ans. Régulièrement j’y retourne pour diverses raisons. J’ai fait le tour du pays, visité tous les départements comme reporter du journal « le Routier », un mensuel qui appartenait au richissime homme d’affaires Kassoum Coulibaly, président des transporteurs de Côte d’Ivoire aujourd’hui disparu. J’ai vu des Burkinabé partout à l’œuvre. J’ai vu des hameaux où sur 500 habitants on dénombrait 400 Burkinabè. De façon empirique, je prétends que 20% de la population ivoirienne est burkinabé. Nos compatriotes sont donc une force qui  compte au pays du café et du cacao. Cette présence massive des nôtres sur ce territoire aurait pu ou dû être une plus-value, pour parler en termes d’économie, pour les Burkinabé, si nos compatriotes avaient le sens de l’unité et de la concorde. C’est dommage, mais il faut avoir le courage de le dire : c’est la pagaille totale au sein de cette communauté. Ce n’est un secret pour personne que,  dans ce pays, nos ressortissants sont divisés. Tous les ambassadeurs qui y ont été accrédités  vous le diront : là-bas, la masse de nos concitoyens  est une poudrière, particulièrement difficile à gérer.

Il n’y a pas si longtemps, la presse nationale et les réseaux sociaux nous ont fait vivre la passe d’armes entre notre actuel ambassadeur dans ce pays,  Son Excellence Mahamoudou Zongo, et un certain Daouda Kaboré, président d’une OSC. Le travail du diplomate et des trois consuls généraux se résume, pour l’essentiel, à résoudre les différends entre les associations. Or, le premier rôle d’une représentation diplomatique et consulaire ne consiste-t-il pas, avant tout et principalement,  en la défense des intérêts du pays d’origine d’abord, et de ceux de ses ressortissants, ensuite ? Au pays de Drogba, chacun des nôtres semble habité par l’idée de mettre en place « son » association pour, en réalité, défendre ses propres intérêts, rien de plus.

Pour la petite histoire, signalons que la première association des Burkinabé de Côte d’Ivoire a été créée vers la fin des années 1940 par le président Daniel Ouezzin Coulibaly, surnommé à l’époque « Le lion du RDA ». D’autres personnes prendront ensuite la relève, tels que Boniface Ouédraogo, maire de Koumassi et de Port-Bouët ; Lomé Ouédraogo, maire d’Adjamé, Djibo Soungalo, maire de Bouaké. Ils étaient tous des gens de chez nous. Au passage, je voudrais indiquer que j’ai eu l’honneur de m’entretenir en 1995 avec Monsieur Lomé Ouédraogo qui m’avait raconté toutes les misères qu’il avait eues avec nos ressortissants là-bas.Les associations fleurissent à tout  vent. Il y a, d’un côté, les OSC, de l’autre, les naaba ou chefs traditionnels ; ailleurs, il y a des quidams et tutti quanti. Un autre obstacle majeur réside  dans la confusion totale des genres, ce qui fait que les uns marchent sur les plates-bandes des autres ; de sorte que bien évidemment des conflits existent et, ce, en permanence.

Et que dire de l’autre grande préoccupation, à savoir la question posée par les Burkinabé de la troisième génération, celle des enfants nés en Côte d’Ivoire ?  La plupart d’entre eux possèdent la nationalité ivoirienne. Dès lors, ils  se mêlent de tout et de rien : des affaires tantôt ivoiriennes, quand ça les arrange, tantôt burkinabè quand ils y trouvent leurs intérêts. Ces citoyens sont souvent la proie facile des hommes politiques ivoiriens qui les utilisent, les instrumentalisent et en font ce qu’ils veulent. Les incidents survenus lors de la visite du ministre de la Transition Auguste Denise Barry  en 2015 relèvent de cela.

Au total, il m’apparaît que  mon pays est confronté aujourd’hui à de graves problèmes sécuritaires et alimentaires suite à la sécheresse de l’année dernière. Il est plus qu’urgent de s’attaquer d’abord à ces problèmes de fond que de dépenser des milliards pour des élections qui, à mon avis, vont contribuer à creuser davantage le fossé entre les concitoyens d’ici et d’ailleurs. 

Certes, le Président Roch Marc Christian Kaboré a fait une promesse électorale, celle d’organiser des élections auxquelles participeront les Burkinabè de l’étranger. Une fois n’est pas coutume, nous lui demandons de renoncer à sa promesse, au nom de la paix et de la cohésion sociale.Entre le devoir de tenir sa promesse et la préservation de  la paix sociale et du bon vivre-ensemble, je lui demande de prendre la bonne décision. Vous l’avez compris : si j’avais été à sa place, ce serait « non », pas maintenant, tant qu’on n’a pas réglé la question de l’encombrant hôte de Cocody. .

Jules Ouédraogo

56 16 43 08

Journaliste indépendant

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Dernière modification lejeudi, 07 juin 2018 21:13

Commentaires   

0 #1 Watal 06-06-2018 22:33
Je valide ton article. D'accord avec toi mais pour des raisons supplementaires . Quec ces ressortissants demontrement qu'ils declarent et paient leurs impots avant qu'il aient un droit de regard sur ce qui se passe au Faso notammebt le droit d'elire le presidebt du Faso. :roll:
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