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Enlèvement du pasteur Boena : Confusion autour « d'une libération »

La presse nationale, y compris L'Observateur Paalga, a annoncé dans sa livraison du vendredi 8 juin la libération du pasteur Boena et des sept autres otages enlevés dans la soirée dominicale du 2 juin à l'église locale de Belehoro. Dix jours après, c'est la confusion : la famille reste sans nouvelles des siens, les autorités n'en disent rien et les ravisseurs se font entendre de nouveau.

 

Après l'enlèvement du catéchiste Mathieu Sawadogo et de son épouse  à Basnéré  le 21 mai dernier, les terroristes avaient encore fait parler d'eux le dimanche 3 juin 2018. Ils se sont, en effet, illustrés par le rapt du pasteur Pierre Boena, responsable de l’église locale de Belehoro, et des membres de sa famille ainsi que quelques fidèles. C'est en tout huit personnes de cette église locale qui ont été enlevées dans la soirée dominicale : le pasteur, sa belle-fille, son fils, deux de ses petits-enfants, une fidèle et ses jumelles. Comme nous le précisions dans nos précédentes éditions, la liste des otages s'établit comme suit : Boena Pierre (pasteur) ; Boéna David (le fils du pasteur) ; Sawadogo Ami (belle-fille); Ouédraogo Fasne-wendé (petite-fille) ; Sawadogo Pélagie (petite fille); Sawadogo Pauline; Sawadogo Sanata (sœur jumelle) ; Sawadogo Zoenabou (sœur jumelle). Dès mercredi, les ravisseurs ont permis à l’homme de Dieu de parler à sa famille pour rassurer les siens de sa bonne santé et de la bienveillance dont ils bénéficieraient de leurs « hôtes ». Ils avaient promis une libération imminente des captifs. C'est dans ce contexte que dans la soirée du jeudi 7 juin, diverses sources, y compris des autorités ecclésiastiques, avaient annoncé leur libération. La presse nationale a abondamment relayé cette information qui a entraîné un ouf de soulagement. Les fidèles évangéliques qui adressaient d'instantes prières au Seigneur et qui y ont cru, mais pas à la manière de saint Thomas, ont alors transformé leur requête en action de grâce. Alors qu'on s'attendait à des images ou à un communiqué des autorités sur le sujet, rien n'a été fait. Du coup, le doute a commencé à gagner la famille à qui on avait dit que les otages ont été héliportés à Ouagadougou et seraient pris en charge psychologiquement avant d'être ramenés chez eux. Plus les jours passent, plus la confusion règne d'autant plus que les autorités gardent le silence sur la question malgré les supputations. Le jeudi 16 juin, la confusion s'accentue davantage avec l’appel téléphonique du fils aîné du pasteur, Baowend-Som Boéna, par les ravisseurs,  à qui ceux-ci ont annoncé que son père était toujours entre leurs mains.

« Ce samedi, j'ai reçu un appel d'un des ravisseurs qui m'a informé que mon père et les autres se portent bien et qu'ils sont toujours entre leurs mains. J'ai souhaité qu'on passe le téléphone à papa mais mon interlocuteur m'a dit qu'il est loin du camp, vers la frontière burkinabè couverte par le réseau téléphonique. Je lui ai demandé ce qu'il reproche à leurs otages ; il m'a répondu qu'ils n'ont rien à leur reprocher en dehors de leur religion. Je l'ai supplié de les libérer mais il m'a rétorqué que ça dépendait de ses chefs tout en réitérant l'éventualité de leur libération. Je ne suis pas le seul à avoir été appelé, on a aussi appelé notre belle-mère », nous a confié Baowend-Som.

Mais d'où nous vient alors la « fausse bonne nouvelle » ?

A ce sujet, disons que diverses sources à Djibo et à Ouaga  nous ont alertés dès jeudi midi et elles ont même confirmé l'information autour de 20h. La famille des otages a eu les mêmes informations :

« Nous avons reçu l'information de leur libération mais on attendait de les voir. Comme les choses perduraient sans preuve tangible, je suis allé rencontrer une autorité des Eglises des Assemblée de Dieu qui m'a dit que même le ministre d'Etat Simon Compaoré l'a appelé à ce sujet et qu'il n'y a pas de doute. Mais sans pouvoir en apporter la preuve, il  a dit que  mon père pourrait être entre les mains des autorités pour les auditions et leur prise en charge avant d'être libres  de leurs mouvements. Voilà plus de dix jours aujourd'hui nous ne savons plus à quel saint nous vouer. Je ne sais plus quel argument développer pour tranquilliser ma mère. Nous comptons sur les prières de tous et sur l'appui du gouvernement », souligne le fils aîné du pasteur. Du côté de la FEME, c’est l’incertitude car les responsables attendent toujours la conformation ou l'infirmation de la nouvelle de la libération des otages.

Pourquoi onze jours après les autorités se sont claquemurées dans le silence, laissant ainsi l'opinion nationale et internationale dans cette confusion ? Espérons que cela procède d'une stratégie qui conduira à un dénouement heureux de cette affaire.

 

Abdou Karim Sawadogo

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