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Sinusites : Qui se sent morveux…

«Nous avons un visage qui est suspendu. Mais s’est-on seulement demandé pourquoi il est suspendu sans qu’on le sente ? C’est parce qu’il y a les sinus qui permettent d’alléger le poids du visage. Quand on respire, l’air entre dans les sinus et permettent de maintenir ce visage comme un ballon qui flotte». Ces explications du Dr Zamtaoko Omar, chirurgien ORL, en service au CMA de Schiphra, montrent l’importance des sinus, donc du nez, dont il faut prendre soin pour éviter des affections comme les rhino sinusites communément appelés sinusites. Qu’est-ce que les sinusites ? Comment les contracte-t-on ? Comment se manifestent-elles ? Les recettes de grand-mère dans son traitement. Peut-on en guérir ? Quelles peuvent être leurs complications ? Consultation chez le Dr Zamtaoko.  

 

 Qu’est-ce que les sinusites ?

 

Il s’agit d’une inflammation de la muqueuse sinusienne. Un petit rappel anatomique : les sinus sont des cavités creusées à l’intérieur des os de la face. Ils sont au nombre de 4, principalement composés des sinus du groupe antérieur et des sinus du groupe postérieur.

Concernant le 1er groupe, il s’agit de : les sinus maxillaires situés de part et d’autre du nez sous les yeux ; les sinus frontaux, qui sont situés au niveau des sourcils, au-dessus des yeux, et des sinus ethmoïdaux antérieurs, situés de part et d’autre des yeux.

Le 2e groupe est composé des sinus ethmoïdaux postérieurs et des sinus sphénoïdaux qui sont à proximité du cerveau.

Ce sont ces cavités qui sont creusées dans les os de la face et permettent d’alléger le poids du visage. Quand on regarde la tête de l’humain, nous avons le crâne et le cerveau  qui sont supportés par le cou. Quand on respire, l’air entre dans ces sinus et permettent de maintenir ce visage comme un ballon qui flotte.

Les sinusites sont donc l’inflammation, d’origine infectieuse ou allergique, de ces sinus. Aujourd’hui, on parle de Rhino sinusite (RS), car le nez et les sinus fonctionnent ensemble.

 

Il faut dire que c’est une maladie qui prend de l’ampleur…

 

Oui, les sinusites prennent de l’ampleur, et cela s’explique par plusieurs facteurs. Nous avons des patients qui ont des tares, c’est-à-dire, qui sont allergiques et, de ce fait, sont tout temps exposés à des rhumes. Or, le fait de faire des rhumes de façon permanente, les expose, plus tard, si ces rhumes ne sont pas bien soignés, à déveloper des rhino sinusites parce que le nez fonctionne avec les sinus, et quand le nez est malade, les sinus en souffrent. Il faut que l’air passe par le nez pour arriver dans les sinus, et si les sinus sont privés d’air, automatiquement la peau qui les recouvre commence à tomber malade. Et c’est le début des problèmes. La peau qui recouvre le sinus va commencer à dysfonctionner en produisant du liquide ou du tissu. Et quand ce liquide va atteindre un certain niveau ou quand le tissu va combler complètement le sinus, le malade commencera à ressentir une lourdeur, un poids au visage. C’est ce que les malades appellent maux de tête. Et commencent les signes.

 

Quels sont ces signes ?

 

Ils sont non exhaustifs mais il y a principalement quatre grands signes : 

- l’obstruction nasale : le nez bouché, soit les deux fosses nasales ou à bascule (une narine après l’autre) ;

- la rhinorrhée : le nez coule en avant ou au niveau de la gorge ;

- les maux de tête dus au fait que le nez est en permanence bouché ;

-  et les éternuements, le nez qui gratte, une diminution de l’odorat.

 

Y a t-il différents types de sinusites ?

 

Il y en a deux types :

- La rhino sinusite (RS) aigüe: c’est quand la durée de la symptomatologie n’excède pas trois mois. Ces RS sont généralement causées par une infection due à des bactéries (virus, parasites). A ce moment le malade a mal à la tête, son nez coule, ses narines sont bouchées. Il a un inconfort de vie.

 

- La RS chronique : c’est quand la symptomatologie excède trois mois. Dans notre contexte, l’allergie est à la base de cette RS. Par exemple, quand vous êtes allergique à la poussière et que vous êtes en contact avec, vous commencez à développer les signes. 

 

Quelles sont les causes des RS ?

 

C’est, essentiellement, l’infection et l’allergie. Cependant, l’infection par les bactéries donne beaucoup de complications contrairement à celle par l’allergie. Quand le mal est dû à cette dernière cause le patient ira tout temps en consultation, mais sa maladie n’évoluera jamais vers une complication. Mais l’allergie peut créer un nid pour les infections. Le fait d’être tout temps enrhumé, de se moucher, de mettre le doigt dans les narines, en plus de notre environnement qui est pollué, peut facilement provoquer une surinfection sur l’allergie. Ce qui va occasionner plus tard des complications.

 

Il paraît que la fraîcheur favorise les crises de sinusites. Est-ce vrai ?

 

La fraîcheur en elle-même n’est pas une cause de la maladie. Mais dans notre contexte, la fraîcheur intervenant surtout au moment de l’harmattan, l’air est frais et sec, chargé de poussière. C’est ce qui trompe d’ailleurs les gens. En réalité, ce n’est pas la fraîcheur de l’air qui favorise la maladie, c’est ce que l’air véhicule, en l’occurrence la poussière, qui occasionne les RS. Des malades se plaignent aussi du fait que la climatisation ou les brasseurs déclenchent leur RS, mais ce n’est pas vrai. C’est plutôt la poussière fine que le filtre du climatiseur arrête ou qui se pose sur les brasseurs qui provoque la maladie. Cette situation s’observe le plus chez les personnes allergiques. L’air peut aussi être chargé de virus, de bactéries qui peuvent passer par les narines, entrer dans les sinus et provoquer une RS bactérienne qui est potentiellement grave.

 

Comment se pose le diagnostic ?

 

Le diagnostic de la RS aigüe est clinique. On n’a pas besoin d’examen particulier. Avant, les praticiens demandaient beaucoup de radiographies blondo qui sont devenues inutiles aujourd’hui. D’autres moyens permettent de poser le diagnostic sans irradier les malades. Le diagnostic de la RS se pose, au fauteuil, en consultation. Le médecin ORL vous reçoit, vous examine et vous dit, dans les minutes qui suivent, si vous avez une RS ou pas.

 

Mais il y a des signes qui peuvent s’apparenter à ceux d’autres maladies…

 

Le médecin ORL dispose de matériels qui lui permettent d’explorer les sinus : il y a, par exemple, ce qu’on appelle endoscopie nasale, qui est une caméra qu’on place en arrière et qui va aller observer l’orifice du sinus par lequel l’air passe pour entrer dans le sinus. Et si l’orifice est malade ou quand il y a un liquide qui coule, automatiquement le médecin vous dit que vous faites une RS et vous soumet au traitement approprié. Il n’a pas besoin d’examen particulier pour poser le diagnostic. Les examens (sang, test cutané, scanner) sont souvent prescrits pour la recherche de complications ou de causes. 

 

Qui sont les personnes à risque ?

 

Ce sont surtout l’adulte jeune et le jeune enfant. Chez l’enfant, de la naissance jusqu’à 6 ans, le seul sinus disponible est le sinus ethmoïdal, les autres étant en croissance. De ce fait, il ne peut pas faire de sinusites. Mais comme le sinus ethmoïdal existe, c’est à partir de lui que les autres vont se créer. Donc l’enfant peut faire une sinusite ethmoïdale qui est particulièrement grave mais exceptionnelle. En effet, avec les antibiotiques qu’on a aujourd’hui, il est rare pour un enfant de faire une sinusite. Mais à partir de 12 ans, tous les sinus sont formés, donc l’enfant qui fait beaucoup de rhume est potentiellement à risque par rapport à un enfant qui n’en fait pas.

Les personnes âgées : là aussi, c’est exceptionnel, car plus on prend de l’âge, moins on fait le rhume. Mais il peut arriver qu’une personne âgée fasse une RS due à une baisse de l’immunité, car, quand on vieillit, les défenses de l’organisme baissent.

 

Peut-on prévenir la maladie ?

 

Oui, par le lavage du nez quotidiennement, en période d’harmattan et d’hivernage. Il y a des solutions (de l’eau enrichie avec des ions) vendues en pharmacie qui permettent d’entretenir le nez. C’est recommandé de les utiliser en prévention primaire.

En prévention secondaire, consultant devant tout rhume, car il n’y a pas de rhume banal. Il faut aussi éviter l’automédication. On n’utilise pas n’importe quel médicament pour soigner le rhume. Chaque médicament qu’on introduit dans les fosses nasales a son rôle et son indication. Or les gens utilisent très souvent des vasoconstricteurs qui sont pourtant très nuisibles à la muqueuse du nez, qui la fragilisent et peuvent amener à saigner.

 

Les gens ont parfois recours à des recettes de grand-mère faites à base d’ail, d’oignon, de gingembre  ou  de miel pour traiter les sinusites. Qu’en dites-vous ?

 

Comme vous le dites, c’est des recettes de grand-mère. Dans le temps, il n’y avait pas de médicaments adaptés. Il faut savoir que ces produits à boire ou à inhaler de grand-mère ne remplaceront jamais les médicaments qui sont faits pour la pénétration de la muqueuse. Ils sont plus faciles à utiliser et permettent une bonne observance. En plus ils ne sont pas très chers. 

 

Peut-on guérir des sinusites ?

 

Oui, pour la RS aigüe qui est infectieuse. On a l’arsenal thérapeutique pour en guérir. Aujourd’hui on a les meilleurs antibiotiques pour combattre tout type d’infection.

Par contre il sera difficile de guérir de la RS chronique qui est due à l’allergie, car on ne guérit pas d’une allergie. Toutefois on a aujourd’hui l’immunothérapie et la désensibilisation qui sont des traitements utilisés par les allergologues pour permettre aux patients de vivre normalement, sans problème cutané ni d’atteinte des yeux ou des sinus.

 

Les sinusites peuvent-elles entraîner des complications ?

 

Quand les RS sont bactériennes, elles sont redoutables. Elles peuvent, dans un moindre mal, entraîner la cécité et, au pire, la mort. Si la maladie n’est pas prise au sérieux dès le départ et si le traitement n’est pas approprié, la maladie va avancer, gagner les yeux, puis le cerveau. Et ça devient une urgence chirurgico-médicale, sinon le malade va faire un abcès du cerveau qui peut l’emporter. C’est pourquoi on recommande au patient d’éviter l’automédication. Par exemple, quand on a mal et qu’on s’empresse de prendre un anti-inflammatoire, certes on soulage la douleur mais on n’empêche pas l’organisme de réagir. L’inflammation est pourtant une réaction de l’organisme.

 

 

Vos conseils d’ORL aux personnes qui souffrent de sinusites

 

Il faut lutter contre les facteurs de risque environnementaux que sont la poussière (en temps d’harmattan) et l’humidité (en période d’hivernage) en se lavant régulièrement les fosses nasales. Il pleut actuellement, les murs absorbent l’eau, la moisissure s’y pose. Ces moisissures seront à l’origine de rhumes chez les personnes allergiques, car elles vont irriter les fosses nasales, les rendre malades.

Dans la circulation, il faut se prémunir de la poussière et de la pollution en portant un masque ou en remontant les vitres de son véhicule.

Il faut aussi éviter de laisser traîner les rhumes en consultant à chaque rhume. Les personnes allergiques doivent éviter de dormir dans des maisons confinées ou humides. Il faut donc parfois ouvrir les fenêtres dans la journée pour laisser l’air entrer et sortir les habits des armoires pour les mettre au soleil en vue de lutter contre l’humidité et la moisissure qui s’y dépose

Réchauffez vos maisons, même au moyen d’un pot de terre avec du charbon allumé.

 

Alima Séogo/Koanda

 

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