Gouvernance politique : « La démocratie burkinabè est malade » (Luc Marius Ibriga)
- Écrit par Webmaster Obs
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Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la démocratie, le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a animé le 19 septembre 2019 au CBC un panel. « La participation des citoyens à la démocratie au Burkina Faso », c’est sur ce thème que les panelistes, le professeur Luc Marius Ibriga, Martine Yabré et Bassolma Bazié se sont prononcés. De leur analyse, il ressort que la démocratie au Burkina est malade et inégalitaire.
Le 15 septembre de chaque année est célébrée la Journée internationale de la démocratie et ce depuis 2008. Cette journée institutionnalisée dans le but d’encourager les gouvernants à renforcer et consolider la démocratie a été commémorée cette année sous le thème de la participation citoyenne à la démocratie. C’est-à-dire, la contribution des citoyens à l’enracinement des valeurs démocratiques. Dans cette dynamique, notre pays l’a célébrée sous le thème : « Participation des citoyens à la démocratie au Burkina Faso », avec au menu plusieurs activités dont un panel.
Comme l’a expliqué le directeur exécutif du CGD, Thomas Ouédraogo, la participation est un facteur important de l’expression saine de la démocratie. Il a été précédé dans ses propos par la représentante du PNUD, Mireille Linjouom, dont la structure attache une valeur fondamentale à ce régime de gouvernance.
Ledit panel a été conjointement animé par le contrôleur général d’Etat, le professeur Luc Marius Ibriga, la consultante en genre et développement, Martine Yabré et le syndicaliste, Bassolma Bazié. Ils ont analysé chacun l’état de la participation des populations burkinabè selon des axes bien précis.
A cet effet, le professeur Luc Marius Ibriga s’est intéressé au sous-thème suivant : « la participation des citoyens à la démocratie au Burkina : leurre ou réalité ». De son exposé, on retient qu’il est impossible d’envisager la démocratie sans participation, d’autant plus que le corpus juridique dans notre pays se trouve favorable à sa pratique.
Cependant, dans les faits, on constate la faiblesse de la participation citoyenne, a affirmé le constitutionnaliste. Une situation qui s’explique, selon lui, par la faible conscience citoyenne des populations née du poids de l’analphabétisme, de la persistance de la corruption, de l’abus de pouvoir, entre autres. Des maux qui par ricochet ébranlent les valeurs de l’institution démocratique et compromettent le développement socio-économique. Par ailleurs dans son développement, il ressort que les populations ont été désenchantées vis-à-vis de la classe politique à cause des promesses électorales non tenues.
« L’état des lieux de la participation des femmes et des jeunes ». Cette réflexion a été menée par Martine Yabré. Pour la consultante en genre et développement, la démocratie devrait être participative et inclusive alors que la participation de la femme et des jeunes laisse à désirer.
Dans le déroulé de son argumentation, madame Yabré a souligné le fait que ces franges de la société ne s’impliquent pas assez à la pratique de la démocratie arguant une mise à l’écart. « La contribution se fait soit par implication soit par invitation. Mais si on ne vous invite pas vous devez vous inviter », a-t-elle préconisé avant de les inviter à s’engager de façon sage et qualitative. « Il ne s’agit pas aussi de participer en dérangeant les acteurs du développement ni de suivre les hommes politiques sans vision », a ajouté Martine Yabré.
Le troisième sous-thème a été celui-là qui a le plus fait réagir l’assemblée constituée en majorité de jeunes. Avec une phrase comme « la participation citoyenne, c’est aussi s’organiser et chasser les incapables », la jeunesse a enflammé la salle du CBC avec des applaudissements et des cris. « L’action syndicale au Burkina Faso : une forme de participation ou frein à la gouvernance ». Le secrétaire général de la CGT-B, après avoir listé les différentes luttes menées par les syndicats avant même l’indépendance jusqu’à aujourd’hui, s’est interrogé s’il existe meilleure participation que cela. « L’action syndicale est la meilleure manière de contribuer à la bonne gouvernance », répondra-t-il.
Assiata Savadogo