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Dégâts stade régional de Tenkodogo: «Heureusement que nous n’avons pas encore réceptionné l’infrastructure»

Le 4 mai 2020, un vent violent a arraché la toiture du stade régional de Tenkodogo et entraîné également la destruction d’autres maillons du chantier. Cette infrastructure, qui a été construite dans le cadre des festivités du 11-Décembre célébrées en 2019, n’est pas encore réceptionnée officiellement. C’est ce qui rassure d’ailleurs le président du Comité national olympique et des sports burkinabè, Jean Yaméogo, pour qui le ministère des Sports et des Loisirs y a mis les moyens qu’il fallait. Selon lui, il faut chercher les causes des dégâts.

 

 

Pouvez-vous nous rappeler un peu le processus de réalisation des infrastructures sportives, notamment les stades, dans le cadre des festivités du 11-Décembre ?

 

Ce que je peux dire est que c’est bien connu que le Burkina souffre du manque d’infrastructures sportives. On a profité des célébrations du 11-Décembre pour en réaliser dans les régions concernées. C’est ainsi que l’Etat octroie un budget au ministère des Sports pour la réalisation d’enceintes sportives. Mais il faut reconnaître que ce budget, qui tourne autour de 1 milliard de francs, ne suffit pas pour tout ce qu’on doit faire. Le complément est apporté par le Fonds national pour la promotion des sports et des loisirs. Avec une telle somme, on ne peut pas faire à la fois des tribunes, des terrains gazonnés et des plateaux.  

 

Etes-vous en train de nous dire qu’on force pour réaliser des édifices qu’on veut solides, avec un budget à minima ?

 

Je n’ai pas toujours suivi l’octroi des marchés aux entrepreneurs, mais il faut reconnaître que chaque fois on se plaint du manque d’argent pour réaliser des infrastructures correctes. Ce qui a changé, c’est qu’avant, le suivi des travaux au niveau du ministère des Sports et des Loisirs n’était pas rigoureux. La preuve, vous avez vu ce qui s’est passé avec les stades de Dédougou, Gaoua, Koudougou, le plateau de Yégueré. Avec tout ce qu’il y a eu comme défaut dans les appels d’offres, les attributions des marchés, le ministère est entré dans la logique de tout corriger. C’est la raison pour laquelle vous vous rendrez compte que le terrain de Manga a été très bien fait. Le ministre Daouda Azoupiou a le souci de bien faire les travaux même si on n’a pas le nombre d’infrastructures nécessaire. Même si quelques plateaux ne sont pas réalisés, qu’au moins ce qui est fait, soit bien fait.

Concernant ce qui se passe actuellement à Tenkodogo, je peux témoigner que tous les moyens ont été mis. Heureusement que la réalisation des travaux n’est pas encore finie, car le stade n’est pas encore réceptionné, et c’est aussi une chance que les dégâts aient eu lieu maintenant, plutôt qu’après la réception. Les critiques allaient être encore virulentes. Maintenant il faut regarder les différents contrôles (du ministère, du laboratoire du bâtiment et des travaux publics et aussi le contrôle technique) doivent regarder pour déceler là où il y a eu des défaillances. Peut-être que le vent était excessif, et comme le stade aussi a une certaine envergue, ça pourrait expliquer en partie les dégâts.

Pour ma part, en tant que président du comité olympique et ayant suivi les choses, je puis vous dire que le ministère a mis le paquet pour que tout se passe bien. Donc au nom du mouvement sportif, je voudrais assurer le ministre de la compréhension des sportifs dans leur ensemble et qu’il n’y a pas lieu de se décourager.

 

Lors des différentes phases de contrôle du stade de Tenkodogo, ne pouvait-on pas déceler les erreurs d’exécution des travaux et même lors de la conception ?

 

Je n’en accuse pas les contrôleurs, mais il y a un ingénieur délégué qui suit les travaux depuis la conception jusqu’à la réalisation, depuis l’appel d’offres jusqu’à la finition du chantier. Il faut ajouter à cela le contrôle du laboratoire du bâtiment. L’un dans l’autre, on devrait pouvoir déceler des erreurs. Aujourd’hui, vous pouvez voir un fer, pensant que c’est du fer de 8, alors qu’il est de qualité médiocre. Je pense qu’il faut voir toute la qualité des matériaux qui ont été utilisés et même le dosage du ciment. Cela est du ressort du LNBTP. Donc il ne faut pas qu’on s’acharne sur le ministère, car notre responsabilité n’est pas engagée.

 

Finalement, ça devient récurrent les dégâts sur les infrastructures réalisées dans le cadre des festivités du 11-Décembre ; quel est au juste le problème ?

 

Je puis vous convaincre et convaincre qui que ce soit que ce dernier chantier du 11-Décemdre a été bien suivi. Mais quant à tout ce qui a été fait avant, tout a été bâclé : les gazons synthétiques ont été mal posés, les conduites de drainage n’ont pas été réalisées. Parfois c’est du matériel non adapté qui a été commandé, donc qui ne répond pas aux normes. Regardez le stade de Ziniaré et le stade Issoufou-Conombo. La pelouse est de 3e génération. La qualité ne souffre aucun débat. Peut-être que les débâcles sont dues à l’inexpérience ou encore et sans doute au fait que l’offre la moins chère n’est pas forcément la meilleure. Raisonnablement, il ne faut pas chercher le moins cher pour faire des retenues sur les montants des marchés. Ce sont des infrastructures qui accueillent du public, et il faut du matériel correct.

Quand vous regardez la pelouse de Tenkodogo, il n’y a aucun problème. Mais pour ce qui est des autres travaux, il faut réfléchir à changer la manière de faire des tribunes. Il faudra peut-être changer la façon de les faire, de les concevoir. Nous ne sommes pas en Europe où les pluies sont douces et sans vent ; ici, c’est des vents violents, donc il faut revoir les conceptions.

 

Entretien réalisé par

Kader Traoré

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