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Communauté musulmane : encore un congrès de la discorde

Cher Wambi,

Comme tu ne le sais que trop, durant toute la période de l’hivernage, j’entame ma lettre du vendredi par la situation pluviométrique de la semaine en cours.

Avant de te communiquer les cumuls hebdomadaires par station, je dois t’avouer mon grand étonnement au regard de certains contrastes qui ressortent du relevé pluviométrique de la semaine. 

 

 

En effet, alors que Gaoua, située dans la zone la plus arrosée du pays, n’a reçu que 0,3 mm, Dori au Sahel et Bogandé à l’Est, ont, quant à elles,  enregistré respectivement 131,9 et 142,2mm. Simple  coup de caprice de Dame Nature où signe avant-coureur d’un glissement des isohyètes, ces lignes reliant des points d'égales quantités de précipitations tombées en une période déterminée ?

Je ne saurais te répondre, même si je pense qu’il serait trop tôt de conclure à un changement de régime pluviométrique.

Cela dit, voici les quantités d’eau tombées au cours de la période du jeudi 6 au mercredi 12 août 2020 :

Dori : 131,9 mm ; Ouahigouya : 84,5 mm ; Ouagadougou-Aéro : 42,1 mm ; Dédougou : 35,3 mm ; Fada N’Gourma : 61,8 mm ; Bobo-Dioulasso : 86,1 mm ; Boromo : 34,3 mm ; Pô : 65,4 mm ; Gaoua : 0,3 mm ; Bogandé : 142,2 mm.

Pourquoi, cher Wambi, contrairement à une tradition bien établie à l’université de Ouagadougou, le Pr Jean-Baptiste Kiéthega,  notre premier archéologue, l’homme par qui les Ruines de Loropéni ont été classées au Patrimoine mondial de l’UNESCO, grâce à qui la mythique statuette Mamio de Pobè-Mengao a été retrouvée, l’homme également par qui nos anciens hauts fourneaux ont connu une célébrité universelle, oui, pourquoi donc, cher cousin, ce grand universitaire n’a pas eu droit à l’hommage de ses pairs à l’occasion de son décès survenu le mercredi 5 août dernier ?

D’habitude, en effet, quand ses sommités du savoir s’en vont, leurs corps sont exposés au campus avant la cérémonie religieuse s’il y a lieu et l’inhumation proprement dite.

Pourquoi le concernant, cette règle n’a pas été observée ?

Selon des sources bien informées, de son vivant, l’intéressé a déclaré,  sous la formule testamentaire, refuser tout hommage à titre posthume de la part de ses collègues.

Pourquoi un tel refus ? Parce que, semble-t-il, le Pr Kiéthega estime avoir été victime de toutes sortes de brimades et de persécutions. Il s’en était longuement ouvert à notre confrère « Sidwaya ».

Mais, cher Wambi, si le célèbre archéologue burkinabè n’a pas connu à ses obsèques le ballet de toges et de bonnets carrés des maîtres du savoir, par contre à l’église Saint-Pierre de Gounghin, où a eu lieu l’office religieux lundi dernier, les aubes et les étoles n’ont pas manqué. Bien au contraire, car il y avait au bas mot 27 prêtres pour concélébrer la messe de requiem. C’est que le défunt a un frère abbé, du nom d’André  Kiéthega, vicaire de la paroisse de Tougan, et, comme lui-même a été un séminariste, il a  plein de condisciples qui sont dans les Ordres.

Sur le plan des hommages extérieurs, on a noté que des témoignages sont parvenus de ses confrères archéologues d’Afrique et d’ailleurs, à commencer par l’ancien président malien le Pr Alpha Omar Konaré.

  Cher Wambi, j’espère que tu te souviens de la crise qui secoue la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF) depuis belle lurette. Une discorde née du fait qu’une partie de l’instance dirigeante reproche, entre autres, à l’actuel président, el hadj Abdoul Rasmané Sana, une gestion solitaire et le refus de la contradiction. Une situation qui  avait conduit ses détracteurs à tenir une assemblée générale extraordinaire à Bobo-Dioulasso en fin octobre 2019 en vue d’installer un autre bureau provisoire à six mois de la fin du mandat du président contesté.

Mais, cher cousin, alors que cette querelle de minarets n’a pas encore trouvé d’issue, voilà que d’autres soubresauts ont vu le jour mais cette fois-ci à la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) :

en effet, cette faîtière, qui réunit toutes les associations de la oummah, a convoqué son congrès ordinaire prévu du 14 au 16 août 2020 à Ouagadougou, donc ce week-end. Cependant une quinzaine d’associations membres, basées dans la région des Hauts-bassins, à l’issue d’une réunion tenue le 6 août dernier, ont souhaité le report sine die dudit congrès : entre autres raisons avancées, le signataire de la convocation du congrès, el hadj Aboubacar Yugo, ne serait pas un membre titulaire du présidium, et la preuve en est qu’il l’a signé par délégation ; chose qui violerait l’article 15 des statuts de la Fédération. De plus, ces associations estiment que les responsables de la FAIB devaient au préalable trouver une solution définitive à la crise que vit l’un des membres fondateurs, à la savoir la CMBF.

Subsidiairement, cher Wambi, le président el hadj Abdoul Rasmané Sana, dans  une correspondance adressée aux membres du présidium de la FAIB, s’insurge contre sa mise à l’écart des rencontres de la faîtière au motif que le mandat du bureau sortant a expiré depuis le 5 juin 2020. Une pilule que l’intéressé a du mal à avaler, rétorquant qu’il est de coutume que les présidents des structures membres du présidium continuent d’assurer la représentation de leurs associations et de participer  à la prise des décisions de l’organisation jusqu’à l’élection d’une nouvelle équipe.

Toujours en rapport avec cette affaire, cher cousin, d’autres voix s’élèvent  du côté de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB) et du Cercle d’études, de recherches et de formation islamique (CERFI), tous deux membres de la FAIB. Elles estiment que les conditions minimales à l’organisation d’un congrès ordinaire ne sont pas réunies et ont, par conséquent, exprimé leur refus de participer aux travaux si cette instance devait se tenir vaille que vaille.

Pour l’AEEMB et le CERFI, qui conditionnent leur retour au processus à un certain nombre d’éléments dont la participation de toutes les associations membres fondateurs, un congrès ne devrait aucunement consacrer le recul de la Fédération mais sa maturité. 

Cher Wambi, on est toujours sans nouvelle du grand imam de Djibo, Souaïbou Cissé, qui a été enlevé le mardi 11 août 2020 entre Namsiguia et Gaskindé alors qu’il revenait de Ouagadougou à bord d’un car de transport en commun. Le véhicule a été arrêté par des individus armés non identifiés qui l’ont passé au peigne fin avant de disparaître dans la nature avec cet homme de 73 ans qui est également le président de la communauté musulmane de la capitale du Soum.

On se rappelle que lorsque l’hydre terroriste s’incrustait dans cette partie du Burkina Faso, Souaïbou Cissé avait fait l’objet de nombreuses menaces d’atteinte à son intégrité physique. Le risque était tel que les autorités avaient affecté des gardes-du-corps au religieux : en effet, des gendarmes étaient postés devant la cour du septuagénaire mais il y a quelque temps de cela, cette sécurité avait plié bagage sans qu’on sache trop si la menace avait baissé de plusieurs crans ou si c’est l’homme même qui n’en voulait plus. Les autorités sont peu bavardes sur cette question comme sur l’enlèvement du « Ghadi ». Pour l’heure, on ne sait si ce rapt a été revendiqué ou pas.

Toujours est-il qu’il y a vraiment péril en la demeure et que le gouvernement devrait prendre les mesures idoines pour sécuriser ce tronçon de la mort qu’est en train de devenir l’axe Namsiguia-Djibo. En effet, plusieurs fois dans cette même missive que je t’envoie chaque vendredi, alerté par les populations de la zone, j’ai eu à attirer l’attention des gouvernants sur la grande insécurité qui règne le long de cette voie qui n’est longue que de 36 km. Cette portion de route est devenue un terrain favori des terroristes qui ont souvent décidé du blocus de Djibo à partir de là. C’est sur cet axe que de sinistres personnes avaient tué en nombre dernier le maire de Djibo Oumarou Dicko.

D’ailleurs le 18 juin dernier, alors qu’il effectuait une visite surprise au Soum, le président Roch Marc Christian Kaboré avait été directement interpellé sur l’urgente nécessité de sécuriser le tronçon Namsiguia-Djibo. Mais hélas, cela semble impossible à réaliser puisque, rien que le mercredi 05 août 2020, les terroristes ont encore frappé en arraisonnant et en pillant entièrement un porte-char rempli de vivres qui se rendait dans la capitale du Soum.

Certes, je ne suis pas militaire, mais  cette guerre a beau être asymétrique, je n’arrive pas à comprendre pourquoi il est si difficile de sécuriser cet axe de la mort.

 

A présent, cher Wambi, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

n Alors que l’audience sur le contentieux qui oppose le camp Mahamadi Lamine Kouanda à celui du président du CDP, Eddie Komboïgo, au sujet de la désignation de ce dernier comme candidat du parti à la présidentielle du 22 novembre a été renvoyée au 26 août prochain, un précédent différend entre les deux tendances rivale vient de connaître un dénouement judiciaire partiel.

En effet, la justice, dans une ordonnance de référé  tombée hier jeudi 13 août 2020, a condamné la direction du CDP à verser à M. Kouanda 25 des 75 millions de francs CFA qu’il lui réclame.

Selon le tribunal, si au regard de la lettre du 14 novembre 2015 il est attesté que ce dernier a effectivement préfinancé la campagne des législatives de 2015, la correspondance relative au préfinancement à hauteur de 50 autres millions de  la même campagne recèle des confusions.  

Le 16 juillet dernier, Mahamadi Kouanda a déposé, auprès du juge des référés du tribunal de grande instance de Ouaga, une plainte contre la direction du CDP pour refus de rembourser un prêt de 75 briques injectées dans les députations de 2015.

 

- Après le Dr Paco Sérémé en 2016, le Dr Jean-Bosco Ouédraogo en 2018, c’est le brillant parcours scientifique du Dr Halidou Tinto qui vient d’être récompensé à travers sa nomination à l’Académie Africaine des Sciences où il siègera parmi les Immortels de l’Afrique. Le Dr Tinto est Directeur de recherche à l’Institut du CNRST spécialisé dans la recherche en santé (IRSS). Il est également directeur régional de l'IRSS à Nanoro.

Il a obtenu un PhD en 2006 à l'Université d'Anvers (Belgique) où il a travaillé sur l'épidémiologie et les mécanismes de la résistance aux médicaments contre le paludisme au Burkina Faso et au Rwanda à l'Institut de médecine tropicale (ITM) d’Anvers. Après son doctorat, il a créé l'unité de recherche clinique de Nanoro en 2008, où plusieurs études ont été menées dont un essai de vaccin antipaludique de phase 3 (RTS, S).

Ses activités de recherche passées incluent la surveillance épidémiologique de la résistance aux médicaments contre le paludisme en tant que chercheur associé au Centre Muraz à Bobo-Dioulasso (1995-1999), le développement de la médecine alternative contre le paludisme à la Royal Danish School of Pharmacy au Danemark (1999-2000). Attaché de recherche à l'Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) au Burkina Faso (2001) et directeur scientifique du Centre Muraz (2013-2014), le Dr Tinto est enseignant associé à l'Université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso. Il est également auteur et coauteur de plus de 175 publications dans des revues scientifiques internationales.

Le Dr Tinto a successivement eu les différents grades du CAMES : Chargé de recherche en 2006, Maître de Recherche en 2010, Directeur de recherche en 2016.

Rappelons que le Dr Tinto a été désigné ‘’Homme de l’année’’ en 2013 par radio Salankoloto et en 2016  par le journal Le pays.

C’est aussi le Dr Tinto qui avait conduit les essais cliniques de la chloroquine dans le traitement de la lutte contre la covid 19.

 

- Le grand imam de Ouagadougou, el hadj Aboubacar Kassoum Sana,  a regagné son pays natal le vendredi 7 août 2020. Il aura passé au moins une année du côté de l’hexagone pour des soins médicaux appropriés.

La démarche pénible, il a été accueilli à sa descente d’avion par de nombreux responsables de la oummah burkinabé et le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, qui le tenait par le bras, ainsi qu’on l’a constaté à travers les images qui ont inondé les réseaux sociaux.

De l’aéroport, c’est une foule de fidèles qui a tenu à accompagner celui qui a été à la tête de la CMBF de  1997 à 2004, jusqu’à  son domicile près du rond-point de la Patte-D’oie.

Le jeudi 13 août, c’est le ministre en charge des Cultes, Siméon Sawadogo, qui est allé transmettre les vœux de prompt rétablissement du gouvernement au mufti qui a fait sa formation au Ghana, au Caire, à Damas, à Bagdad et surtout à Médine où il a obtenu une licence en enseignement.

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

Ainsi va  la vie.

Au revoir.

 

Ton cousin

 Passek Taalé

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