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Edmond Tapsoba, défenseur Bayer Leverkusen : «Je ne m’attendais pas à ce que les choses aillent rapidement »

Après une saison sportive qui a commencé à Guimarães au Portugal et qui s’est poursuivie au Bayer Leverkusen où il a été transféré en janvier 2020, le défenseur des Etalons Edmond Tapsoba est dans une nouvelle dimension : parti de Salitas FC en 2017, ce joueur de 21 ans est passé de la 2e division portugaise à la Bundesliga en seulement 4 ans. Malgré cette ascension fulgurante, ce solide garçon de 1,90 m garde la tête sur les épaules et veut continuer à gravir les paliers de sa carrière. Echange avec un Etalon qui continue de faire la fierté du Faso.

 

 

On a l’impression que dès que le championnat allemand (Bundesliga) ainsi que l’Europa league ont pris fin pour toi et le Bayer Leverkusen, tu es automatiquement rentré au pays ?

C’est vrai ! J’avais la nostalgie du pays, ça fait bientôt un an que je n’ai pas vu ma famille, mes proches ainsi que mes amis. Donc après  l’Europa  league, j’ai demandé une permission, même si on a droit à un petit congé. C’est ainsi que j’ai pris le premier vol pour Ouagadougou.

 

Les choses sont allées très vite pour toi, de Salitas FC à Leixoes,   en passant par Vitoria Guimaraes  sans oublier votre club actuel, Bayer Leverkusen. Comment s’est passée l’adaptation dans le football européen ?

J’ai pu m’adapter grâce aux soutiens de mes proches, à l’accueil que mes coéquipiers mon réservé et aux conseils que Boureima  Maïga (NDRL son manager) me prodiguait chaque jour. Tout cela m’a permis de travailler à l’aise pour arriver rapidement au plus haut niveau.

 

En quittant Salitas FC pour rejoindre le Portugal, pensais-tu avoir un tel  succès fulgurant ?

En réalité je ne m’attendais pas à ce que les choses aillent très vite pour moi.  Mais en même temps, je me dis que la chance était de mon côté, et que Dieu m’a aidé. Malgré cela, je garde la tête sur les épaules tout en travaillant d’arrache-pied à progresser.

 

On t’a vu jouer l’Europa league sous les couleurs de Guimarães  contre de grands clubs comme Arsenal avec ses attaquants tels qu’Alexandre Lacazette. Etais-tu à l’aise en jouant ces genres de matches ?

Je n’étais pas complexé. En fait avant de quitter le Burkina, je m’étais mentalement et psychologiquement préparé; je me suis dit intérieurement qu’aussitôt arrivé au Portugal, j’allais m’entraîner dur, donner le meilleur de moi lors des matchs. Et c’est ce que je fais à chaque rencontre. C’est vrai qu’on est Burkinabè, mais on a de grands talents. Le problème est qu’il n’y a pas assez d’opportunités pour faire ses preuves à l’extérieur, notamment en Europe. Par conséquent, dès qu’une petite occasion se présente, on se met au sérieux.

 

A Guimarães, on sentait une grande confiance en toi, au point que  tu tirais les penalties. Comment tu expliques cela ?

C’est pour moi une habitude que de tirer les penalties. Déjà tout  petit, je le faisais à Salitas. Arrivé dans mon club, on avait des séances de tirs au but. Et mon entraîneur a vu que j’excellais dans cet exercice, il m’a ainsi confié cette responsabilité. C’est pourquoi je m’applique pour  bien le faire.

 

Malgré ton intégration à Leixoes et à Guimarães au Portugal, on sentait que tu aspirais à mieux que ça…

Chaque joueur à son objectif. Le mien actuellement est de jouer dans l’un des plus grands clubs d’Europe et, pourquoi pas, définir dans le top des plus grands défenseurs au monde.

 

Comment as-tu ressenti l’intérêt de Leverkusen  pour toi ?

C’était une très bonne chose. Je connaissais ce club depuis longtemps, il pratique à peu près le jeu que j’aime, c’est-à-dire construire le jeu à partir de la défense ; c’est une chose que je réussis. C’est ainsi que je n’ai pas hésité à rejoindre les rangs du club évidemment avec les conseils de Boureima Maïga.

 

Est-ce que ce n’était pas un pari risqué d’aller au mercato d’hiver plutôt que  d’attendre le début du championnat pour préparer la présaison ?  

C’est  un risque  que nous avons  pris mon agent et moi. Cela a marché, car le coach du Bayer m’a donné une chance que j’ai saisie.

 

Quelle est la différence entre le championnat portugais et celui allemand ?

Dans le championnat portugais, il y a un temps d’observation. Les équipes défendent bas et attendent qu’il y ait la moindre  erreur pour contre-attaquer. Par contre, en Allemagne, il n’y a pas de petits matchs. C’est très rare de voir un match s’achever par un score nul. Là-bas, les équipes défendent plutôt et attaquent ensemble.

 

En Allemagne, c’est la rigueur, et tu n’avais forcément pas droit à l’erreur. Est-ce qu’il t’est arrivé de douter ?

Oui je peux dire qu’en Allemagne, tous les matchs sont des grands matchs, surtout quand on croise le Bayern de Munich, un club que je suis depuis Salitas. J’ai évolué contre le Bayern de Munich dans les play-off, et à la veille de notre match contre eux, j’ai mal dormis rien qu’en pensant que j’allais affronter Thomas Muller, Robert Lewandowski qui sont des icônes du football. Donc je peux dire que ce sont des matchs qui font un peu peur.

 

Après, on t’a vu jouer l’Europa ligue face à des attaquants comme Moussa Marega (FC Porto) et Romelu  Lukaku (Inter de Milan). Cela a dû consolider ta confiance en soi…

Oui je peux dire que cela me permet de monter d’un cran, et jouer contre les plus grands attaquants au monde m’aide à progresser et aussi à avoir de l’expérience. Ce n’est pas facile de jouer contre eux, car ils ont beaucoup d’expérience en football et c’est un atout pour moi, parce que vu que je suis jeune, j’ai le temps de progresser, d’affronter ces géants. C’est formateur.

 

Le championnat est terminé en Allemagne ;  quel bilan en fais-tu ?

J’ai joué au total  entre 47 et 50 matchs cette saison entre Guimarães et Leverkusen. C’est un très bon bilan pour ma première saison en tant que joueur professionnel. Je suis vraiment content. L’année prochaine, je ferai mieux pour jouer le plus de matchs possible.

 

Es-tu conscient qu’au fur et à mesure on placera la barre très haut ?

Oui je peux le dire, car  j’ai une pression en moi et c’est à moi de rester tranquille et les choses vont se faire naturellement si je travaille beaucoup.

 

Autour de toi, il y a Boureima Maïga et aussi Déco, l’ancien joueur de Barcelone ; faites-vous un débriefing après chaque match ?

Je peux dire qu’après chaque match, ils m’appellent pour me féliciter ou me faire des remarques lorsque je fais des erreurs.  Maïga étant au Burkina, Déco m’envoie des extraits de matchs en vidéo, il les analyse pour que je m’améliore.

 

Lorsque le championnat était à l’arrêt à cause de la covid 19, n’était-ce pas difficile d’être confiné dans un pays qu’on vient de découvrir ?

Oui ce n’était pas facile. Je vivais d’abord seul puis avec mon meilleur ami qui est venu me voir. Lui, il réside au Portugal. On vivait à deux mais je vous assure que ce n’était pas facile. Vous arrivez dans un pays et immédiatement vous êtes confiné. Je peux dire que c’est  à cause de ça que quand le championnat est fini, je suis vite venu à Ouagadougou.

Aujourd’hui tu es à Leverkusen, qui est un autre niveau, et cela devra se ressentir sur ta carrière avec les Etalons…

Je suis encore jeune et il y a mes grands frères en équipe nationale. Je vais continuer à les écouter et à être assidu au travail. Il y a Issouf Dayo qui joue en défense avec moi et qui est un joueur que j’aime beaucoup depuis Salitas. Il m’appelle toujours après les matchs pour me souhaiter bonne chance. Donc je reste sous son aile.

 

Désormais, Edmond Tapsoba n’a plus droit à l’erreur parce que  quand il joue on voit forcément le défenseur de Leverkusen …

Oui je peux dire cela et c’est une bonne chose, car cela me permet de me concentrer encore plus pour ne décevoir ni le peuple ni mon manager.

 

Les éliminatoires de la Can 2021 ont été reportées ; est-ce que cela joue sur le mental ?

Ce report joue quand même sur nous, parce que l’on s’était préparé pour cela. Mais en même temps, c’est une bonne chose puisque avec l’avènement de la covid 19, de nombreux joueurs ont pu récupérer. Avec la reprise du championnat, on va retrouver notre forme, surtout qu’on sent que de nombreux joueurs burkinabè montent en puissance. Ça  va nous aider à mieux aborder les matches à venir.

 

Ton jeu avec le Bayer cette année était défensif ; prendras-tu des initiatives offensives l’année prochaine ?

Je peux dire que ce sera le cas. Je ne maîtrisais pas le système de jeu de l’équipe à mon arrivée. Donc je me devais de jouer mon rôle ; celui de défendre. Cela n’exclut pas que je me projette vers l’avant, que je prenne de nouvelles initiatives dans le futur.

 

Comment se passent ces vacances au Burkina ?

Elles se déroulent bien. Cela fait du bien de rentrer au pays, d’être proche de ses parents et amis. J’en avais besoin parce que j’avais quitté les miens depuis octobre 2019.

 

Quel a été l’accueil réservé par tes parents ?

Je leur ai fait une surprise. Ils n’ont été informés de mon arrivée que quand j’étais en transit à Paris. J’ai semé le doute dans leur esprit en leur disant qu’il se pourrait que je vienne à Ouaga le lendemain, sans trop de certitude. Une fois que je suis arrivé  dans la capitale, ils en ont été avisés et c’est Boureima Maïga qui est venu me chercher pour me conduire à domicile. Mes géniteurs étaient heureux ; moi aussi.

 

De nombreux jeunes joueurs te prennent pour modèle ; quels sont tes défis ?

Au début, ce n’était pas facile mais je n’ai pas abandonné. Le directeur sportif de Salitas FC m’a poussé pour que j’arrive à ce stade. Je suis persuadé qu’on ira jusqu’où on aura décidé. Leverkusen, c’est un pont. Quand je passerai cette étape, je pourrai rêver plus grand et continuer dans un autre club plus huppé les saisons à venir. C’est d’ailleurs le lieu de remercier le peuple burkinabè, qui ne cesse de me soutenir à travers des appels et  des messages sur les réseaux sociaux. Je me battrai pour représenter valablement le pays des Hommes intègres en Allemagne et partout ailleurs.

 

Interview réalisée par

Kader Traoré

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