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Quatre ans de prison contre Lamine Diack : Le vieil athlète ne s’avoue pas vaincu

 

Le verdict est tombé, mais le marathon continue, car il faut bien plus qu’un premier tour de piste judiciaire pour obliger l’ancien athlète de haut niveau à signer forfait. Lamine Diack a en effet été condamné hier par la justice française à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et à 500 000 euros d’amende pour corruption active et passive et abus de confiance. Un verdict aussitôt contesté par les avocats de l’accusé qui ont décidé de faire appel, reprochant aux juges d’avoir fait plus dans la morale et la stratégie du bouc émissaire que dans le droit. Son fils, Papa Massata Diack, resté à Dakar, écope quant à lui de 5 ans ferme et d’un million d’euros d’amende. Il reste sous le coup d’un mandat d’arrêt international.

 

L’ancien chef de l'antidopage à l'IAAF Gabriel Dollé écope de 2 ans avec sursis et de 140 000 euros d'amende tandis que Me Habib Cissé, qui conseillait Lamine Diack, est condamné à 3 ans de prison dont 2 avec sursis et 100 000 euros d'amende. Jugés par contumace, deux ex-responsables russes, le président de la Fédération nationale d'athlétisme, Valentin Balakhnitchev, et l'entraîneur Alexeï Melnikov, ont été respectivement condamnés à 3 et 2 ans de prison ferme avec maintien du mandat d'arrêt à leur encontre.

 

Jugé en juin dernier après une longue procédure qui avait duré cinq ans, l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme était poursuivi pour son implication dans un vaste réseau de corruption sur fond de dopage. Concrètement, il s’agissait de différer, contre espèces sonantes et trébuchantes, des sanctions qui devaient frapper des athlètes russes soupçonnés de dopage. A 87 ans, l’ancien dieu des stades quitte ainsi la piste couvert d’opprobre, même si ses compatriotes sénégalais se refusent à croire qu’il est vraiment coupable de ce dont on l’accuse.

 

Il faut dire qu’au pays de la Téranga, Lamine Diack est considéré comme un héros, car en plus d’avoir été un grand sportif, il a occupé d’importantes fonctions politiques comme celle de maire de Dakar. Des groupies qui créditent leur champion d’une intégrité à toute épreuve balayent d’un revers de main toutes les accusations portées contre lui. On lui en voudrait juste parce qu’il est Noir. Et là non plus ce n’est pas du droit, mais plutôt du sentiment. Le Sénégal peut-il être neutre et objectif dans cette affaire, dans la mesure où une partie des fonds de la corruption aurait servi en 2012 à financer la campagne de l’actuel président, Macky Sall, contre Abdoulaye Wade ?

 

En tout cas il faudra que l’octogénaire ait du souffle à revendre comme il en avait jadis sur le tartan, car quand bien même il pourrait se tirer d’affaire à l’issue de l’appel, voire de la cassation, il n’en aurait pas pour autant fini avec la justice française puisqu’un autre dossier les attend, lui et son fils Papa Massata, mis en cause dans une seconde enquête. Cette fois ce sont des soupçons de corruption liés à l’attribution des jeux Olympiques de 2016 à Rio et de 2020 à Tokyo. Autant dire que celui dont le procès est aussi celui du sport business, où les dollars coulent à flots, n’est pas sorti de l’ornière, même si hier il a quitté le tribunal libre.

 

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification ledimanche, 20 septembre 2020 19:13

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